Introduction : succès d’un genre
Il y a peu, j’effectuais sur Facebook une petite enquête auprès des lecteurs et surtout (il faut le dire) des lectrices de romance. La question était large, ouverte : « Pourquoi lisez-vous des romances » ?
Force est de constater en effet que de très, très nombreuses personnes lisent de la romance, et ce depuis l’apparition du genre au cours de la première moitié du XXe siècle (voir mon petit article sur l’Histoire du genre).
Force est également de constater :
- qu’il s’agit, à 99,9%, d’un public féminin;
- que ce succès ne s’est pas démenti depuis les premières grandes auteures du genre (Georgette Heyer, Barbara Cartland…)
- que les plus grands succès en la matière, qu’ils soient historiques ou non, continuent de parader parmi les adaptations cinématographiques de romans les plus célèbres (je pense notamment à toute la saga des Angélique d’Anne et de Serge Golon)
- et qu’il s’agit, encore aujourd’hui, d’un des genres les plus lus (pour ne pas dire LE genre le plus lu) et les plus distribués (en gare, dans les boutiques d’aéroport, sur table en librairie, en tête de rayon, près des caisses de supermarchés…), aux côtés du polar et du roman feel good, autres genres extrêmement populaires. C’est d’ailleurs également le type de livres que l’on retrouve le plus régulièrement dans les boîtes à livres (croyez-en ma longue expérience des BAL^^).
Ainsi, si la romance continue d’être (gentiment ?) méprisée par l’opinion publique (menée, entre autres, par la presse, les critiques et les grands éditeurs…), son succès auprès du lectorat en général ne se dément pas depuis plusieurs décennies (et n’est sûrement pas près de s’éteindre). De la simple lectrice « d’occasion » qui en lit une ou deux quand l’envie ou le besoin s’en font ressentir à la véritable lectrice compulsive (jusqu’à un roman par jour, pour certaines… ! − Oui, je vais me permettre de poursuivre au féminin !), la consommation est grande, jusqu’à la boulimie parfois, voire l’addiction.
Enquête : pourquoi un tel engouement ?
L’envie m’a alors prise de creuser la question du « pourquoi ». Pourquoi un tel engouement. Pourquoi un tel succès du genre, envers et malgré la critique, les quolibets, les railleries des amis, les couvertures parfois kitsch, et la (plus ou moins) tendre condescendance des adeptes de la « littérature blanche » (= la littérature « sans genre » : ça fait plus sérieux).
J’avais bien quelques (nombreux) éléments de réponse en ma possession, étant moi-même une lectrice de romances (plutôt historiques, mais il m’arrive de me balader en « new »^^) assidue, mais j’ai souhaité aller collecter directement des éléments de réponse auprès de mes lectrices (et quelques lecteurs)… et des lectrices d’autres auteurs.
Voici les réponses les plus fréquentes (pour ne pas dire systématiques) qui sont ressorties de ce petit sondage mené sur les réseaux sociaux. Aucune surprise à première vue, la romance nourrit et satisfait en priorité :
- Le besoin d’évasion et de fuite/rupture du quotidien (« se couper de la réalité », « déconnecter », « rêver », « s’évader » sont des termes plus que récurrents parmi les réponses collectées…)
- Le désir de voyager, d’apprendre, de s’instruire, de découvrir de nouveaux paysages, de nouveaux horizons, de nouvelles façons de vivre, voire de nouvelles époques (dans le cadre de la romance historique, par exemple)
- L’envie de vivre des émotions fortes, des sensations intenses, de vibrer (la chimie de la passion, entre autres)
- L’envie de contacter son côté « fleur bleue » (envie formulée ainsi plusieurs fois)
- Le plaisir de s’abreuver de « happy ends », quand la réalité semble parfois si dure (en matière de tragédies, avouons qu’elle est bien suffisante comme ça)
- La dimension érotique, le plaisir de l’excitation sensuelle, du fantasme (eh oui !)
- Le plaisir de « vivre plusieurs vies » (principe même de la lecture en général), de « se métamorphoser, se surpasser » (Céline), de « vivre par procuration de belles histoires » (Karine)
Bien sûr, les réponses se sont ensuite parfois précisées selon le type de romance. Il va sans dire qu’on ne va pas exactement chercher le même style de sensations et d’émotions en lisant de la dark romance que de la soft. Dans le premier cas, ce sont les frissons, le danger, le sentiment d’interdit, le suspense, l’adrénaline, l’ambiance sombre et lugubre, le côté thriller et l’idée d’un amour impossible (avec un héros foncièrement dangereux finalement subjugué et transformé par l’amour) que la lectrice recherche ; dans le second, une ambiance bien plus douce, du cozy, du sucré, du tendre, de l’humour et du délicat. Entre romance fantastique, historique, homosexuelle, contemporaine, érotique… les nuances sont grandes et les attraits variés, on s’en doute ! (voir mes articles sur les divers sous-genres de la romance en général et de la romance historique en particulier).
Quelques constantes demeurent néanmoins, à partir du moment où l’on parle de « romances » :
- Les thèmes de l’amour, du désir, de la passion, de la rencontre et de la fusion de deux âmes
- Le happy end, auquel les lectrices tiennent par-dessus tout
L’importance du happy end
Certains voient là l’un des manques fondamentaux de suspense et d’originalité de la romance : on sait qu’il s’agira immanquablement d’une histoire d’amour… et qu’elle finira bien. Or, si cela prive sans doute le genre d’un réel suspense (puisque, fondamentalement, tout le monde sait d’avance comment ça va finir), il convient de rappeler ici qu’il s’agit là précisément d’un des ingrédients indispensables d’une romance… et que les lectrices viennent chercher. Au point que Barbara Cartland (auteure plus que prolixe de plus de 700 romances, qui s’auto-décréta « reine » du genre) aurait été contrainte de réécrire la seule et unique « unhappy end » de sa carrière tant elle avait reçu de lettres de déception de la part de ses lectrices !
Dès lors, il m’apparaît absurde de continuer à blâmer la romance parce qu’on sait d’avance qu’elle va traiter d’une histoire d’amour, et que tout finira bien, en mode « happy ever after », « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants »… car il s’agit précisément d’une des principales raisons pour lesquelles les lectrices se tournent vers le genre !
Oui, tout finira bien. Oui, l’amour triomphera, envers et contre tout : et c’est précisément ce que la lectrice de romances recherche ! Une garantie, en somme. Une habitude. Une certitude. Un horizon. Un cadre sécurisé. L’idée que l’on peut se lancer à corps perdu dans l’histoire d’amour entre les deux personnages, s’identifier totalement à eux, traverser avec eux les épreuves, les obstacles, les tourments de la vie… tout en ayant la garantie, quelque part, et la satisfaction sécurisante de savoir que tout finira bien (pas comme dans la « vraie vie »…)
La romance peut alors parfaitement remplir ses fonctions : faire « du bien au moral » (Florence, Aude), « vider [l’] esprit du quotidien et des soucis » (Marie-Ange) sans ajouter de tracas supplémentaires, « détendre » (Aude). « Y a assez de guerres, de choses négatives dans le monde » souligne d’ailleurs cette dernière sur Instagram. Et, ma foi, n’a-t-elle pas raison ?
Le commentaire de Valérie va d’ailleurs dans le même sens : « plonger dans une histoire ou un monde où souvent tout est possible et se réalise malgré les coups du sort ». Véronique surenchérit : « on s’évade de notre monde qui n’est pas joyeux joyeux. » Quant à Capucine, elle aime « tomber dans un monde où tout est plus beau ». Enfin, tout est dit de façon claire et transparente à travers le commentaire de Mireille : « J’aime les histoires qui finissent bien, chose qui se passe pas toujours dans la vraie vie, ça donne espoir …. » et de façon plus poétique par Renée : « [Les romances] sont le baume de nos cœurs. Elles allègent l’atmosphère. Ce sont les étoiles qui illuminent nos ciels obscurs. »
Plus prosaïque, Annick résume les choses ainsi : « Avant tout pour rêver et continuer à croire aux beaux sentiments dans ce monde de brutes. ». Ma foi, c’est une formule qui me plaît !^^ Quant à Sophie, elle reprend elle aussi cette idée d’une lecture positive et apaisante : « Il y’a tellement de mauvaises choses dans notre monde actuellement que j’aime m’évader grâce à l’amour », tout comme Carole, qui lit de la romance pour « partir dans un monde où tout finit toujours bien », et comme Claire, qui « savoure une romance historique comme (elle) savoure une séance de relaxation » et lit de la romance pour oublier « le quotidien parfois très lourd à vivre ».
L’aspect « bien-être relaxant » (expression de Claire) et le côté « antidépresseur » de la romance (terme employé dans plusieurs commentaires) semblent faire l’unanimité des lectrices, aux côtés des émotions « simples, légères, sucrées » procurées par le genre (Claire).
Ainsi, contrairement à ce que certains pourraient dire, les lectrices de romances sont parfaitement conscientes :
- de ce qu’elles vont chercher dans le genre
- et, surtout, des différences entre fiction et réalité (il serait donc peut-être temps de cesser de les/nous prendre pour des… n’est-ce pas ? Bon, nous nous comprenons.) : « On le sait, dans la vrai vie, l’amour ne ressemble pas aux livres », conclut tout simplement C.
On est bien loin des « midinettes » et autres « Bovary » si souvent fustigées par la critique ! (bientôt, sur ce blog, un article sur le bovarysme, précisément).
Qu’on leur redonne un peu de crédit : les lectrices de romance savent ce qu’elles font. Elles savent pourquoi elles se tournent vers ce genre de romans, comme d’autres consomment de l’alcool, carburent au café, au Gatorade, au redbull, à la course à pied ou aux pauses gâteaux. La romance est leur petit plaisir, leur sucrerie, leur carburant, leur bouffée d’oxygène, leur moteur (« l’amour est le moteur de tout », écrit Amélie). Elle les rebooste, leur remonte le moral, les dope d’une belle énergie, leur redonne espoir. Ce qui ne veut certes pas dire qu’elles confondent allègrement fiction et réalité, bien au contraire !
« Dans mon cas, ce fut également une bouée de sauvetage qui m’a empêchée de sombrer en créant une bulle protectrice » m’écrit Myriam. Marie, quant à elle, parle de « refuge »; Céline, de « point d’ancrage et d’équilibre »… Quant à Dominique, quand je lui demande pourquoi elle lit de la romance, elle me répond tout simplement, le plus simplement du monde : « Pour le repos de mon cœur ».
Et le convenu, l’attendu, le prévisible, participent précisément de ce « repos du cœur », de cette « bulle protectrice », de cet « espoir » ; mieux, ils les permettent en offrant le cadre sécurisant au sein desquels ces sentiments de douceur, de confort et de bien-être peuvent s’épanouir.
En fait, la romance marche exactement comme le conte pour enfant. Vous savez, ces contes que vos petits vous demandent jour après jour, nuit après nuit, de leur raconter, de leur lire, de leur répéter, quand bien même ils en connaissent chaque mot, chaque page, chaque dessin par cœur, au point de vous reprendre quand vous vous laissez tenter par l’idée de sauter ne serait-ce qu’une phrase ou un paragraphe.
De même que les enfants trouvent un plaisir incontestable (car hautement grisant et sécurisant) à entendre raconter chaque soir la même histoire (sans souffrir la moindre modification), la romance, dans ce qu’elle a de conventionnel, de prévisible, de répétitif et d’hyper-codifié, nourrit la lectrice du même sentiment de complétude, d’épanouissement, de satisfaction et de plénitude… Alors l’acte de lire correspond moins à un besoin de découvrir du nouveau ou d’être tenu en haleine qu’à celui d’être rassuré, conforté dans ses croyances, consolidé dans ses repères – mission que remplissent également, rappelons-le, et à tout aussi grande échelle, les blockbusters au cinéma ! Car après tout, dans un autre registre, quoi de plus prévisible qu’un énième Marvel ? Pourtant, là encore, les fans y retourneront sans jamais faiblir dans leur enthousiasme : les grands films d’action, les grandes sagas type Star Wars, les films de super-héros… participent tous de la même logique : in fine, et quoi qu’il arrive, le bien triomphera du mal.
En somme, à l’instar des contes merveilleux et des films de super-héros, la romance nourrit (entre autres choses) un plaisir régressif certain, un besoin de réassurance directement surgi de l’enfance. Le feel-good, les feuilletons du soir… que l’on consomme avec compulsion, participent également souvent de ce besoin très ancien.
Une lecture bonbon
En résumé, de ce point de vue-là, la romance fonctionne comme un doudou. Un bonbon. Une sucrerie. Une gourmandise. Presque un petit plaisir coupable, que l’on s’octroie comme un biscuit à quatre heures.
Bluemoon, sur son blog (dont je vous invite à découvrir les analyses passionnantes) abonde d’ailleurs en ce sens : « On sait parfaitement comment le roman va finir. Il n’y a pas le moindre doute là-dessus. Le héros et l’héroïne finiront ensemble et heureux malgré tous les aléas placés devant eux. C’est extrêmement sécurisant. (…) on sait parfaitement où l’on va. Certains livres à succès frappent par leur conformisme : scènes déjà lues mille fois, rebondissements classiques, aucune innovation. A contrario, une auteure qui sort des sentiers battus est regardée avec un peu de suspicion : qui es-tu toi, qui veux me changer mon plaisir personnel régressif ? »
« On se cale aussi avec son livre pour un moment de plaisir, avec son thé, une sucrerie, même quand on sait qu’on ne devrait pas, au coin du feu… On voit fleurir sur les comptes Insta des jolies photos mettant en évidence des couleurs pastel, douces et paisibles, des images de bibliothèque où un beau feu brûle dans la cheminée et où tout est en bois blond et luisant… De la même façon qu’un petit se colle le pouce dans la bouche avec son doudou préféré, avec sa maman… on se met dans les meilleures conditions pour plonger dans son roman. »
Et Bluemoon de conclure : « Peu de genres permettent ça parce qu’ils ne font pas appel aux mêmes parties de notre cerveau. Quand vous lisez Proust, vous pouvez vous installer dans les mêmes conditions, peut-être, mais la comparaison s’arrête là »
Pour retrouver son article complet (que j’ai trouvé très intéressant), c’est ici.
Ainsi, de même qu’un enfant ou un adolescent peut regarder en boucle un dessin animé ou un film et relire encore et encore un livre ou simplement son passage préféré d’une histoire (qu’il connaît pourtant déjà par cœur – je l’ai fait : je peux encore vous citer des passages entiers de mes anciens films et dessins animés fétiches, tout comme nombre d’entre vous, sans doute ! Je les ai regardés parfois des dizaines de fois ! Mon record ? « Pocahontas », regardé trois fois dans la même journée… à l’insu de mes parents, bien sûr ! J’avais 10 ans…), les lectrices de romances peuvent recommencer le même type de lectures à l’infini.
La romance a, de fait, cet avantage (en termes de sécurité et de plaisir régressif) qu’elle fonctionne sur la base de tropes, de clichés, de situations-types. Dans les cas les plus extrêmes, il suffit à une lectrice d’identifier le ou les tropes qu’elle adore (les romances à l’écossaise… les histoires de bikers… de milliardaires… de Vikings… de lords anglais… de colocataires, de boss, de businessmen…) et de foncer sur les titres correspondants. La lecture « doudou » est poussée à son paroxysme et pleinement satisfaisante si toutes les cases du trope son cochées. Evidemment, cela ne dispense ni d’avoir une belle plume ni, dans l’idéal, de faire preuve d’une certaine originalité malgré tout, afin de contribuer à renouveler (en douceur) le genre (sans trop bousculer la lectrice dans son confort et ses repères néanmoins, sous peine de se faire taper sur les doigts). D’où le fait que la romance (et ses lectrices) aiment si peu sortir de leurs normes, de leurs codes et de leurs tropes.
« Je lis des thrillers aussi mais la romance, c’est mon gâteau au chocolat sans culpabilité », conclut Agnès, non sans gourmandise^^.
50 nuances de plaisir
Bien entendu, cet enjeu majeur de la lecture de romances ne doit pas faire oublier les autres plaisirs que les lectrices y trouvent :
- « voir des femmes trouver l’amour malgré leurs difficultés » (Bluemoon)
- « découvrir des histoires d’amour ancrées dans notre vie de tous les jours », donc au fort potentiel d’identification (Bluemoon)
- « être loin d’une réalité quotidienne, s’évader, croire à de précieux et nobles sentiments, rêver… et partir loin ! » (Antoinette)
- Et même y trouver « la galanterie et la classe masculine » : « je n’en ai plus vu depuis longtemps » ! (Aurélie)
Car, au-delà des plaisirs communs (l’évasion, les émotions fortes, le happy end…), il est certain que, dans la mesure où un livre se construit pour moitié dans la tête de l’auteur, et pour moitié dans celle de ses lecteurs, il y a en soi autant de plaisirs possibles et de raisons de lire de la romance que de lecteurs mêmes (et d’auteurs). Quelques autres commentaires intéressants glanés sur les réseaux sociaux pour conclure ce point-ci :
- « J’aime que les femmes assument leurs passions à des époques ou ce n’était pas forcément bien vu » (Annick)
- « J’aime le paradoxe que l’amour peut rendre vulnérable comme il donne des ailes. » (Stéphanie)
- « J’aime les romances qui livrent des réflexions sur l’amour » (Stéphanie)
- « J’ai la chance de connaître le grand amour, d’avoir trouvé mon âme sœur et j’aime retrouver cette sensation quand je lis un roman. » (Sophie – voilà qui devrait tordre le cou aux détracteurs de la romance qui aiment ne voir en ses lectrices que de vieilles filles frustrées et recluses, entourées de chats !)
- « Parfois, la romance te rappelle à l’ordre et te fait prendre conscience qu’il y a toujours des moyens pour améliorer ta vie sentimentale » (C.)
- « Je pense que c’est l’amour qui fait tourner le monde (ou presque) » (Nad)
- « Je lis des romances historiques pour côtoyer des héroïnes qui revendiquent leur féminité et réalisent leurs objectifs en restant femme, ce qui n’empêche pas qu’elles soient combatives, fortes, sportives, intelligentes, créatives, drôles, entreprenantes, ouvertes, avant-garde. Elles changent les mentalités (nouveaux codes amoureux chez Jane Austen par exemple), transforment la société. Les romances historiques donnent une vraie place aux femmes. Elles revendiquent toutes leurs qualités au nom de leur féminité et ne veulent pas faire « comme les hommes », mais comme leurs possibles humains et féminins leur en donnent la possibilité. La « jauge » masculine n’est pas le standard, mais plutôt se surpasser au nom de ce que l’on est, voilà ce qui me plaît dans les romances. » (Anaïs)
Si bien qu’il arrive (bien souvent) des miracles : « Autant dire qu’avant de lire de la romance j’avais de gros a priori et le mot est faible… et au final j’ai eu un véritable coup foudre sur un livre d’une lecture commune! » (Alexandra).
Je ne compte d’ailleurs plus le nombre de commentaires que j’ai lus dans ce genre depuis la parution de mon tout premier roman il y a trois ans : vive les « conversions » de nouveaux lecteurs (hommes et femmes) vers la romance !
Un aphrodisiaque puissant
Enfin, une dimension à ne pas négliger… pour finir sur une petite note amusante. Le haut potentiel érotique de la romance (qui lui a valu d’être parfois taxée de « mommy porn » ou équivalent – mais c’est une autre histoire) fait également partie des attraits du genre. Quelques réponses à la fameuse question « pourquoi lisez-vous des romances ? » :
- « Pour l’évasion et les beaux spécimens » (Lydie)
- « Pour voir le regard brillant de mon mari quand il me voit lire… Il sait qu’il va passer à la casserole !^^ » (Elodie)
- « La romance, ce n’est pas du tout platonique^^ » Nadège
- parce que « dans notre monde, ça n’existe pas tous ces beaux mâles » (Virginie – j’avoue, j’ai bien ri^^)
Il n’empêche que, si ces commentaires (très assumés) font rire, ils permettent de souligner ici un autre aspect important de la romance d’aujourd’hui : dopage de libido garanti !^^ Exit la sexothérapie laborieuse !^^ « Les romances devraient être remboursées par la sécu », souligne d’ailleurs Alexandra^^
Bon, on rigole, on rigole, mais depuis trois ans que je publie des romances, je suis frappée par la liberté avec laquelle nombre de lectrices de romances s’expriment au sujet de la beauté masculine et de la sensualité présente dans ces romans. La plupart s’expriment (y compris en public, par écrit et sur les réseaux sociaux) sur le sujet sans la moindre gêne, sans le moindre tabou, et je dois avouer que, si j’ai été surprise les premières fois, et si je continue d’en être fort amusée, je n’en trouve pas moins cette liberté d’expression féminine (fort moderne, il faut le dire !)… tout à fait rafraîchissante !
Oui, les lectrices de romances sont émoustillées par les scènes érotiques; oui, elles fantasment sur les héros du genre (après tout, ne sont-ils pas là pour ça ?) ; et tout cela se fait en toute simplicité, avec beaucoup de naturel, et de façon parfaitement assumée (la plupart du temps !^^). Car, in fine, et même si j’en plaisante (à moitié) bien sûr ici, je pense qu’il ne viendrait à l’idée d’aucune lectrice de le nier : la romance est aussi une littérature du fantasme… et un puissant aphrodisiaque.
Conclusion
En résumé, la romance permet d’ « oublier les soucis et les problèmes du quotidien »(Radia, Corinne… et beaucoup d’autres^^) , de « s’évader » (d’innombrables réponses), de « lâcher prise » (Fatiha), de voyager, de rêver, de fantasmer, de s’immerger totalement dans un univers autre, de stimuler son imaginaire et de déconnecter de la réalité et de ses lourdeurs. Elle permet de « saupoudrer la vie de romantisme » (Philippe), de « vivre une parenthèse enchantée dans un contexte (historique) qui nous enchante avec un happy end garanti » (Karine) et de « vivre un rêve éveillé » (Karine)…
Tout est dit, je crois.
J’aimerais donc simplement clôturer cet article sur deux courtes remarques.
1 – Contrairement aux idées reçues, rien de tout ce qui a été évoqué précédemment n’empêche les lectrices de romances d’être exigeantes. Dans nombre de commentaires, j’ai pu lire l’importance de la plume de l’auteur et de la crédibilité de l’histoire pour que le roman soit apprécié et que le lecteur puisse s’identifier. « Il faut que ce soit bien écrit, pas trop nunuche, pas trop d’invraisemblances, pas de raccourcis hasardeux… » résume Liliane.
2 – La grande majorité des « lectrices de romances » sont en fait de grandes lectrices en général… et touchent également à d’autres genres. Cela ressort de nombreux commentaires. Ainsi, les lectrices de romances sont également souvent lectrices de polars, de romans fantastiques, de romans historiques, de romans feel good, de littérature générale, de biographies, de livres de développement personnel…
Enfin, j’aimerais finir sur un immense MERCI aux quelque cent trente lectrices (et quelques lecteurs) qui ont joué le jeu et accepté de répondre à ma petite enquête sur Facebook et sur Instagram, en privé ou (dans la grande majorité des cas) en public !
Quelques citations de circonstance…
« Un livre est une fenêtre par laquelle on s’évade », Julien Green
« Le roman est l’histoire éternelle du cœur humain. L’histoire vous parle des autres, le roman vous parle de vous », Alphonse Karr
« Un roman est comme un archet, la caisse du violon qui rend les sons, c’est l’âme du lecteur » Stendhal
« La littérature, comme toute forme d’art, est l’aveu que la réalité ne suffit pas » Fernando pessoa
« En lisant, je me livre, je m’oublie ; je me compare, je m’absorbe, je m’absous. (…) je deviens autre. Grâce à la fiction, chacun porte une tête multiple sur ses épaules ; il se fait une âme ouvert ; un cœur régénéré » Danièle Sallenave
« Lire un livre, c’est achever de l’écrire. » Danièle Sallenave
« Il n’y a rien de mieux qu’un roman pour faire comprendre que la réalité est mal faite, qu’elle n’est pas suffisante pour satisfaire les désirs, les appétits, les rêves humains ». Mario Vargas LLosa
« Le roman donne la possibilité de voir à l’intérieur d’une autre tête que la vôtre », Christine Angot
« La lecture d’un roman jette sur la vie une lumière » Louis Aragon
“Un lecteur vit un milliers de vies avant de mourir. Celui qui ne lit pas n’en vit qu’une.” George R.R. Martin
« Celui qui ne lit pas aura vécu une seule vie. Celui qui lit, aura vécu 5000 ans. » Umberto Eco
Mes autres articles sur la romance:
- une petite définition générale du genre
- les codes de la romance
- une courte Histoire du genre
- la romance en procès
- les sous-genres de la romance 1/2
- les sous-genres de la romance 2/2
- les 3 petits-cousins de la romance
- la différence entre romance érotique et roman érotique
- happy end vs. tragédie
- le goût des femmes pour la romance : penchant naturel ou construction sociale ?
- roman d’amour vs. romance : quelle différence ?
- la romance historique : définition du genre
- les sous-genres de la romance historique 1/3
- les sous-genres de la romance historique 2/3
- les sous-genres de la romance historique 3/3
- la romance à l’écossaise
- la romance viking
- la romance Régence
- Jane Austen, mère (malgré elle?) de la romance historique
- Barbara Cartland, la « reine » de la romance
- 3 genres proches du roman d’amour
Mes romans (ben oui quand même !^^)
Romances historiques (neuf jusqu’à présent), romance contemporaine (une pour l’instant), tout est là : romances, liens et résumés