Littérature, amour & érotisme

3 genres proches du roman d’amour…

voisins de la romance

Il y a 3 ans, alors que ce blog en était encore à ses balbutiements, je publiais (entre autres) un article intitulé « les 3 petits-cousins de la romance ». Comprendre : 3 genres proches du « roman d’amour » à proprement parler ; j’y présentais 3 types modernes de littérature proches du roman sentimental, le « young adult », le « new adult » et la « chick lit ».

Je poursuis aujourd’hui cette exploration de l’univers du roman d’amour et des genres littéraires gravitant autour de lui avec 3 genres complémentaires :

  • les « sagas d’été »
  • les romances déguisées sous les traits de romans de « littérature générale », aussi dite « littérature blanche »
  • et la « bit-lit »

Sans plus attendre, quelques précisions sur ces 3 genres éminemment à la mode.

Les « sagas d’été »

Souvent « de terroir », ces romans bien ancrés dans un contexte régional spécifique (les vignobles girondins ou bourguignons, les domaines floricoles autour de Grasse, les oliviers de Provence, les côtes bretonnes, les rives des lacs savoyards…) retracent aussi bien les histoires entrecroisées des membres d’une ou de plusieurs familles traditionnellement très implantées dans la région qu’une ou plusieurs histoires d’amour.

Ces romans/sagas ne font pas à proprement parler partie de la catégorie des romans sentimentaux, car ils/elles abordent davantage de dimensions que la romance « classique » : liens familiaux, conflits passés, rapports transgénérationnels, maladies, problèmes économiques, deuils, secrets, rivalités entre clans, enquêtes… Néanmoins, ils font tout de même la part belle, en général, à une (ou plusieurs) relations amoureuses-clés.

Nombre de ces sagas ont été adaptées à la télévision sous forme de mini-séries estivales (ou ont, d’ailleurs, été créées pour la télé directement).

Exemples célèbres : Le Château des OliviersLes Secrets du volcan, Dans un grand vent de fleurs, Les oiseaux se cachent pour mourir, Trois femmes… un soir d’été

Bien sûr, de nombreuses sagas ne font pas la part belle à l’amour-passion en tant que tel, et privilégient d’autres thèmes, comme une enquête policière ou un secret familial, par exemple. Néanmoins, il suffit de songer à des sagas comme Les oiseaux se cachent pour mourir ou Dans un grand vent de fleurs  pour comprendre qu’il m’ait paru impensable de passer ce genre sous silence en parlant de genres « voisins » du roman sentimental…

Les romans de « littérature générale »…

… mais un peu à l’eau de rose quand même. Ceux d’auteurs comme Guillaume Musso, Marc Lévy, Nicholas Sparks et bien d’autres, qui ont pris le parti (peut-être judicieux) de ne pas revendiquer le label « romance » et de se démarquer ainsi par l’étiquette du genre-phare de prédilection des éditions Harlequin & assimilées.

Il est intéressant de remarquer que, dans bien des cas, c’est bien cette question d’étiquetage qui, seule, démarque ces romans emprunts de romantisme fleur bleue de la « romance » pure et dure, souvent cataloguée comme « bas de gamme ». ET le fait qu’il s’agisse, dans les 3 exemples susmentionnés… d’ouvrages issus de plumes masculines. Loin de moi l’envie de me lancer dans une croisade revendicatrice stérile à forte tendance féministe, mais force est de constater que l’on taxe rarement (voire jamais) de « vulgaire romance » une histoire d’amour (même sacrément gentillette, toute douce, toute sucrée, et dotée d’un joli happy end) écrite par un homme… Les mêmes romans écrits par une femme l’auraient sans doute automatiquement été, à moins d’une stratégie marketing judicieuse et d’un lourd martèlement de la part de l’éditeur… (ce qui arrive aussi pour des romancières, bien sûr, qui échappent ainsi au vulgaire catalogage reléguant leurs romans au rang de « romances cucul pour midinettes »). Lucky them, comme diraient les Anglais !^^

Mais, si l’on y regarde de plus près, il s’agit bien souvent d’ouvrages que l’on aurait tout simplement pu qualifier de :

  • new romances
  • soft romances
  • et même romances paranormales dans certains cas (quand une dimension fantastique s’en mêle)

La bit-lit

Il est vrai que je n’en ai pas parlé dans mon premier article consacré aux genres gravitant autour de la romance, et dans lequel je ne mentionnais que la chick lit, le young adult et le new adult (que je nommais les « trois petits-cousins de la romance »). Tout simplement parce que la bit-lit (ou « littérature mordante », ou encore « littérature à crocs » – l’expression, pourtant française, vient de « to bite », mordre en anglais, et de lit pour « literature », en abrégé) est, à mon sens, une sous-section de la romance paranormale : il s’agit de toutes les romances ayant pour protagonistes principaux des vampires, des loups-garous, des démons…

En fait, on est à la charnière entre fantastique (=paranormal) et fantasy (=merveilleux) – voir cet article pour bien distinguer les deux.

De fait, la romance paranormale met en scène des éléments fantastiques : voyages dans le temps, télépathie… Dès lors que l’on introduit des éléments métamorphes (vampires, hommes-loups, démons, autres créatures archétypales etc.), on bascule dans la bit-lit. Il s’agit d’une littérature très souvent dite pour adolescent(e)s… quoique nombre de jeunes adultes y trouvent également leur bonheur, semble-t-il.

On fait aussi souvent de la bit-lit un sous-genre de la fantasy urbaine, un genre à la confluence du fantastique et du merveilleux où créatures légendaires, fantastiques, féeriques et mythologiques évoluent dans un environnement urbain technologique contemporain, donc fortement « civilisé », à la fois moderne et humanisé. C’est le propre de ce genre : introduire dans un milieu humain, urbain, créé par l’homme, des créatures surnaturelles d’ordinaire plutôt assimilées à des milieux naturels ou magiques (forêts, souterrains, cieux, jungle…)… et faisant ainsi brusquement irruption dans le monde civilisé.

La bit-lit en tant que telle met en scène une héroïne confrontée à la fois aux tracas de la vie quotidienne et urbaine, au surnaturel… et, souvent, à une intrigue de type « policier » ou « suspense » un peu dark. D’ailleurs, il n’est pas rare que l’héroïne soit elle-même issue du monde surnaturel (sorcière, nécromancienne, fée, vampire, télépathe, métamorphe, lycanthrope…)

En somme, on affaire à une sorte de conte de fées moderne sur fond de thriller, dans un cadre urbain fantastique et manichéen teinté de gothisme (vaste programme, je sais). On retrouve du registre merveilleux traditionnel le thème de l’opposition du bien et du mal, et du registre fantastique une ambiance sombre et tourmentée. L’érotisme du genre se trouve amplifié par l’aura de mystère, de danger et de fascination (pour les créatures fantastiques) qui imprègne le récit.

Saga bit-lit par excellence : Twilight

Quelques titres pour l’exemple : https://booknode.com/theme/bit-lit_42277

Je dois dire que, sans en avoir jamais lu, il s’agit là d’un genre qui m’a toujours intriguée… d’un point de vue psychologique… J’imagine d’ailleurs que notre ami Freud se serait lui aussi régalé à analyser l’engouement certain de toute une partie de la population pour ces histoires d’amour entre êtres humains, vampires et autres loups-garous !… Je ne vous dirai pas que j’ai même vu passer des couvertures promettant des amours avec un homme-lézard mais… mais, si, en fait, je viens de le dire (et j’en ai vraiment vu…)^^

Pour aller plus loin:

En attendant mes prochaines analyses sur le genre, vous pouvez retrouver tous mes premiers articles consacrés à la romance:

Je vous recommande également fortement les billets d’humeur et d’analyse de Bluemoon, chroniqueuse de romances fort prolixe. J’apprécie beaucoup son travail, son recul, son regard critique.

A très bientôt pour de nouvelles analyses !

Aurélie

Texte : (c) Aurélie Depraz
image : Pixabay

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