L'Histoire (la grande !)

Les Celtes, entre mythe et réalité

Introduction

Au moment de m’attaquer à l’écriture de ma 3e romance historique écossaise (Un Highlander pour un autre, le 2e de mes ouvrages s’inscrivant, après Pour l’amour d’une Sasunnach, dans la série « Sasunnachs & Highlanders »), j’ai eu envie de m’intéresser de plus près à l’Histoire de ce peuple dont Irlandais, Ecossais, Bretons et Gallois se revendiquent tous plus fièrement les uns que les autres, et qui a légué un héritage précieux à nombre de nos cultures européennes de l’Ouest : les Celtes.

Un peuple qui évoque autant d’images-types et de clichés (exemple : les barbares employés par le duc de Nottingham lors de l’attaque de la forêt, dans le Robin des Bois mettant en scène Kevin Costner ; les Pictes de Keira Knightley dans Le Roi Arthur, avec Clive Owen ; et les guerriers aux peintures bleues de Braveheart) qu’il demeure, en réalité, méconnu. Qui fait rêver, qu’on croit connaître, mais dont on ne sait, finalement, pas grand-chose de précis.

Il est des cultures, comme ça, en Europe, qui fascinent, qui occupent des vies entières, qui génèrent des vocations, qui déchaînent les passions… et même, parfois, qui nourrissent les nationalismes ! Des noms « cultes », des noms symboliques, des noms évocateurs, qui connotent pour chacun d’entre nous tout un imaginaire spécifique, à la fois unique et vague, fait de quelques éléments épars, d’idées reçues, des restes de notre éducation scolaire et de l’imaginaire collectif : les Vikings ; les Celtes ; les Slaves ; les Huns ; les Goths ; les Vandales ; les Tatars ; etc.

En général, ces peuples sont célèbres et leurs noms chargés de passion parce que le XIXe siècle romantique les a brusquement redécouverts et s’en est abondamment servi pour glorifier les nationalismes naissants dans des pays où, jusqu’à présent, on ne s’y intéressait pas plus que ça (voire, où on les considérait comme de violents barbares de la protohistoire). Les Vikings pour les pays Scandinaves, les Germains pour l’Allemagne, les Slaves pour la Russie, les Gaulois pour la France, les Angles et les Saxons pour l’Angleterre, les Celtes pour l’Irlande… D’ailleurs, c’est tout le Moyen Âge qui, au XIXe siècle, revient sur le devant de la scène, après avoir été longtemps négligé (et même fortement déprécié) : la chevalerie, les châteaux forts, les princesses, l’amour courtois, c’est l’engouement général ! (Concernant la brusque passion pour les Celtes plus particulièrement, voir cet article sur la véritable « Celtomanie » qui émerge à la fin de l’époque moderne)

Quant au flou artistique entourant la supposée civilisation celtique, tout est dit ici aussi (les 40 premières secondes suffisent !) :

De fait, les Celtes font partie de ces peuples qui, encore aujourd’hui, échauffent l’imagination. Les Bretons, les Ecossais, les Irlandais, les Gallois revendiquent leurs origines celtiques haut et fort, mais c’est également le cas d’autres peuples, moins évidents, ici et là, comme dans le nord de l’Espagne. Et on entend aussi, à droite, à gauche, diverses assertions : les Gaulois auraient fait partie du grand monde des Celtes ; les Celtes seraient venus d’Europe centrale ; ils auraient été jusqu’au Portugal, jusqu’en Turquie et jusqu’en Italie du Nord ; ce sont les Celtes continentaux qui auraient migré sur la grande île de Bretagne ; ils seraient venus du sud de la Russie ; ils auraient servi comme mercenaires auprès de nombreux rois du pourtour méditerranéen ; c’étaient des guerriers et des cavaliers émérites ; ils… Bref. Quel fouillis !

Alors, ces Celtes, finalement : qui étaient-ils ? Où vécurent-ils ?

Les Celtes n’ayant laissé que très peu de traces écrites sur leur civilisation (de tradition essentiellement orale), celle-ci nous est avant tout connue grâce à leurs artefacts, à l’archéologie, à la linguistique et aux témoignages (souvent tardifs, et forcément subjectifs) d’autres peuples (Grecs, Romains, premier chrétiens…). Comme pour les Vikings, donc (voir mes divers articles sur ce peuple), retracer leur Histoire revient à un savant mélange puzzle-devinettes-hypothèses. C’est donc une Histoire mal connue, ce peuple n’ayant rien écrit sur lui-même, sur sa religion, sur ses hauts faits, sur sa culture, et les traces écrites externes les concernant étant aussi rares que subjectives… et lacunaires (surtout au regard de l’étendue de cette civilisation dans le temps et dans l’espace). Cet article n’a donc d’autre prétention que de présenter une petite synthèse de ce qu’on peut lire ici et là de façon claire et simplifiée, sachant qu’en matière de protohistoire, rien ou presque n’est sûr, et que les historiens restent partagés sur de nombreux points que je m’efforcerai de souligner.

L’idée est donc simplement ici de proposer un petit résumé de l’Histoire présumée de ce peuple, ou plutôt de cet ensemble de peuples et tribus, et de ce que l’on suppose de leur évolution, de leurs déplacements et de leur diffusion sur le continent européen et outre-Manche, des origines à leurs héritages culturels d’aujourd’hui. Néanmoins, encore une fois, nombre de points concernant les Celtes, leurs interactions avec les autres, leur diffusion territoriale et même leur « unité » font encore polémique aujourd’hui …

Quelques éléments de culture

Les Celtes auraient constitué lors de la protohistoire européenne un groupe de populations indo-européennes présentant une certaine unité culturelle et linguistique. Leur réalité socio-culturelle aurait reposé sur :

  • Une économie principalement agro-pastorale (outils et techniques agricoles avancés)
  • La production et « l’exportation » de certaines spécialités :
    • matières premières (fer, étain, sel, bois, lin, laine)
    • artefacts (armes, outils, textiles, chaussures)
    • ainsi que quelques particularités (esclaves, chiens et mercenaires… nous y reviendrons)
  • L’importation de vin, d’huile, de céramique, de produits méditerranéens…
  • Donc une grande tradition commerciale, le long de grandes routes d’échange, surtout nord-sud (comme l’axe du Rhône) acheminant des produits du nord (y compris scandinaves : résine, poix, ambre, peaux, fourrures, esclaves…) vers le sud et vice-versa
  • L’invention du tonneau (cerclé de fer), de l’éperon et de la cotte de mailles (invention qui sera reprise dans tout le monde antique avant de connaître le succès que l’on sait au Moyen Âge)
  • L’invention de la serrurerie et du cerclage des roues de chariots
  • L’invention de la charrue à roueset de divers véhicules à deux ou à quatre roues (pour le transport, la guerre et le voyage), dont des types furent adoptés dans l’Empire romain
  • Une utilisation importante du fer et la maîtrise de la métallurgie en général
  • Une maîtrise réputée de la céramique, de l’émaillerie, de l’étamage, de la dorure, de l’argenture, de l’orfèvrerie, de la gravure à l’eau-forte, de la vannerie, de la verrerie, de la coloration du verre, du travail du bois, de l’or, du bronze et des divers minerais… Excellence aussi en matière de sellerie, de cordonnerie, de matelassage, d’artisanat en général (poteries très prisées, bijoux de qualité), de confection d’outils…
  • L’usage de clous en fer révolutionnant la construction navale
  • Le ferrage des sabots des chevaux (les Celtes auraient été les premiers à s’y adonner)
  • Un armement à base de lances, de frondes, d’épées, de boucliers (en amande), de cottes de mailles et de casques avec couvre-joues
  • L’utilisation de carnyx, longues trompes terminées par une tête de sanglier, pour sonner l’attaque
  • La fourniture d’excellents mercenaires (y compris aux Romains), notamment les célèbres cavaliers gaulois ; ils auraient combattu jusqu’en Egypte
  • L’utilisation de chars attelés à deux roues, peut-être armés de faux pour la guerre (pour les chefs)
  • L’enterrement des chefs avec leur char
  • La passion des chiens, que l’on élève pour la chasse, la guerre (armés d’une cuirasse de pointes), l’exportation…
  • La pratique de la décapitation à la fin des combats (trophées ?)
  • Peut-être la pratique de sacrifices humains (à moins qu’il ne se soit agi que de l’exécution d’ennemis et de prisonniers de guerre, potentiellement à titre d’offrande – cf. point ci-dessus – ; l’incertitude demeure)
  • La construction d’oppida (villes fortifiées, souvent élevées sur des tertres), de véritables villes, de routes et de nombreux moyens de communication (au moins au niveau de la Gaule définie par Jules César), bien avant la conquête romaine
  • Des tombes princières avec tumuli funéraires
  • La pratique de la crémation (d’où d’innombrables champs d’urnes funéraires retrouvés)
  • Une société constituée de 3 classes : nobles (guerriers), clercs (druides : classe sacerdotale), hommes du peuple (classe productive : paysans, artisans)
  • La (célèbre et symbolique) fabrication-consommation de cervoise (bière) et d’hydromel
  • Le druidisme (#Panoramix), les druides exerçant principalement leur culte en pleine nature (apparition de temples plutôt tardive) ; ils étaient médecins, instructeurs, juges, sages, savants, ambassadeurs, devins, conseillers politiques, philosophes et prêtres tout à la fois. Ils connaissaient la médecine, le droit et la justice, la mythologie et la religion, l’astrologie, les mathématiques, les lois de la nature, la divination, la poésie… Très bonne synthèse du Larousse : « Auprès de chaque chef se trouvait un druide-conseil, et la jeune noblesse s’éduquait au contact de ce clergé instruit ; le monde celte lui doit sans doute l’attachement à ses vertus morales guerrières. Les druides se transmettaient oralement leur savoir, qu’ils entouraient de mystère, le confiant seulement à une minorité, une élite. L’influence acquise tant par cette autorité culturelle que par les pratiques de la religion (divination) sur l’aristocratie des chefs celtes valut au druidisme l’hostilité de Rome, qui voyait en lui le gardien du nationalisme celte. Très organisés, les druides avaient des réunions annuelles à un échelon plus que régional, et ils y élisaient les plus éminents d’entre eux. La forêt des Carnutes (Orléanais) et l’île de Mona (Anglesey) furent de célèbres lieux d’assemblée. Les druides ont utilisé à leur profit les monuments mégalithiques, à tel point qu’on les avait d’abord attribués à leur époque. Sépultures impressionnantes de l’âge préhistorique, dolmens et allées couvertes devinrent ainsi des lieux sacrés des Celtes. En général, les sanctuaires étaient de simples lieux de réunion dans les clairières des forêts ou sous un grand arbre, sans être représentés par des édifices. » Source : ici
  • Un polythéisme (paganisme) très complexe, avec près de quatre cents divinités (un panthéon et une mythologie au moins aussi développés que ceux des Grecs et des Romains)
  • Une culture surtout orale : les Celtes (leurs druides) connaissent l’écriture mais ne la pratiquent (presque) pas ; ils ne se soucient pas de pérenniser leur passage sur terre et favorisent la transmission orale de leurs coutumes, traditions et connaissances
  • L’absence de grands monuments de pierre (temples, colonnades etc) tels que les Romains, les Grecs ou les Egyptiens en laissèrent
  • Des festins pantagruéliques (si, si ! #Obélix : après le combat, le partage du butin était l’occasion de banquets monstrueux qui valurent aux Celtes leur réputation d’ivrognes invétérés – leur goût pour le vin méditerranéen y fut aussi pour quelque chose : les Celtes en étaient friands et le buvaient « pur », dit-on, c’est-à-dire non coupé ! Ce qui, pour les Grecs et Romains, était un signe évident de barbarie et la marque d’un manque de goût criant). A noter : ces mêmes Grecs et Romains les voyaient bien sûr également querelleurs, violents et barbares…
  • La tribu pour cellule de base, soumise à un chef (division politique, donc)
  • La frappe de monnaies sur le modèle des monnaies méditerranéennes (grecques, macédoniennes), après une longue tradition de troc.

En résumé : la civilisation celte en quelques mots Quelque reportage que vous regardiez ou article que vous lisiez sur cette culture, voici les mots-clés qui reviendront pour définir la culture celte : le druidisme, la tradition guerrière, l’agro-pastoralité, les tribus/clans, les oppida, le commerce, les échanges, les banquets, une mythologie païenne complexe, l’importation de vin, l’artisanat, les armes, les bijoux, la poterie, la charronnerie, la métallurgie, la technicité, l’outillage, les chars, la charrue, la cotte de mailles, le travail du bois, les inventions, le sel (extraction-exportation), le fer (extraction-sidérurgie)

Origines et diffusion

La culture celtique en tant que telle serait apparue, selon la majorité des historiens, durant l’Âge du bronze tardif européen (« culture des champs d’urnes »), vers 1350 avant JC. En effet, la tradition depuis le XIXe siècle fait de la civilisation de Hallstatt, en Europe centrale (1200 à 450 av. JC), le berceau de la culture celtique, sur un territoire couvrant (pour plus de simplicité, utilisons les noms modernes de ces territoires) :

  • l’Autriche
  • la Suisse
  • la Bohême
  • la Moravie
  • la Hongrie occidentale
  • l’Allemagne méridionale
  • la Slovaquie occidentale
  • l’Italie septentrionale
  • et l’est de la France

Puis, au cours de la période de La Tène (de 450 av. JC jusqu’aux grandes conquêtes romaines), la culture celtique se serait diffusée vers :

  • les îles britanniques (ce qui donnera les « Celtes insulaires »)
  • la moitié sud-ouest de la France actuelle (ce qui donnera les Gaulois Transalpins)
  • le grand sud-est de la France (les Celto-Ligures)
  • le Benelux et le nord de la France (les Belges de la Gallia Belgica)
  • la Frise (du côté des Pays-Bas actuels)
  • le sud de la Plaine du Pô (Italie des Gaulois-Cisalpins)
  • la péninsule ibérique
  • la Pannonie (est de la Hongrie)
  • et même le centre de l’Anatolie, en Turquie ! (petit foyer isolé : la Galatie – même racine étymologique, notons-le au passage, que les termes « Gaulois », « Galli » (latin), « Galice », « (pays de) Galles », « Gaël »…)

Les Celtes, bien armés (c’est le deuxième Âge du fer), circulent beaucoup. Tour à tour envahisseurs, mercenaires, pillards, migrants (raisons climatiques ? économiques ? mauvaises récoltes ? pression mise par d’autres peuples ?), ils envahissent la Bulgarie, la Thessalie, la Thrace et Athènes, sont à Rome en -390, se déplacent dans toutes les directions, fondent Belgrade, rencontrent Alexandre le Grand, mettent à sac Delphes, sont enrôlés comme mercenaires, s’installent près de la mer Noire et se déplacent même jusqu’en Asie mineure et en Syrie. Parfois les tribus se dédoublent (Bituriges du Berry et Bituriges Vivisques du Vivarais), se mêlent à des populations locales, les asservissent, fusionnent, s’associent (sous forme de fédérations)…

Aucune coordination dans ces mouvements cependant : il semblerait que des motivations similaires aient mû des tribus résolument indépendantes dans des directions analogues, sans cohésion ou concertation globale.

C’est pendant cette période de La Tène que l’existence des Celtes est réellement attestée par des sources historiques, et c’est à la fin du IIe et au début du IIe siècle avant JC qu’ils connaissent leur plus grande expansion géographique.

En plus clair ? En plus visuel ? Rien de tel qu’une carte :

Ça, c’est pour la version la plus répandue.

Néanmoins, d’autres historiens font remonter les origines de la culture et de la langue celtiques :

  • au IIIe millénaire avant JC (-3200 au maximum), avec la culture de la céramique cordée puis la culture campaniforme, ou bien avec la culture de Baden : il est vrai que, comme pour d’autres civilisations protohistoriques proches des Celtes (les Slaves, les Germains, les Vikings…), l’émergence et la création d’une culture dite « celte » (celtisation) est un processus engagé bien avant l’entrée « officielle » et « reconnue » des Celtes dans l’histoire (par des témoignages écrits) : on se doute bien que les choses ne se sont pas faites du jour au lendemain et que le « phénomène celtique » ne s’est forgé que de façon progressive. De ce fait, nombre d’historiens placent plutôt le début de l’aventure celtique en Asie Mineure et/ou dans le sud de la Russie (steppes pontiques, au nord de la mer Noire), au IIIe millénaire avant JC : puis migration vers l’ouest, le Danube, séparation d’avec les Germains (et Slaves ?), migration vers le centre de l’Europe… et là on retrouve la culture de Hallstatt, puis de la Tène etc.
  • ou dans un autre foyer géographique : l’Europe atlantique (et non l’Europe centrale) : la France atlantique, le Massif Central, la péninsule ibérique (peu probable néanmoins), la Grande-Bretagne et l’Irlande, à partir du IIe millénaire av JC (Âge du bronze atlantique…)
  • certains font même du Doggerland (actuelle mer du Nord, alors vaste étendue de terre reliant l’Angleterre au continent) le berceau (aujourd’hui immergé et disparu) de la culture pré-celtico-germanique bien avant le IIIe millénaire av. JC… Après tout, pourquoi pas ? quand on regarde la répartition des mégalithes et la concentration des vestiges celtiques… Néanmoins, tout est question de datation et d’ancienneté respective de ces vestiges… et là… bref.

Les partisans de ces théories réfutent donc l’idée des cultures de Hallstatt et de La Tène (premier millénaire avant JC) comme berceau des langues/cultures celtiques. Il s’agit néanmoins de l’hypothèse la plus fréquemment admise… même si de nombreux doutes subsistent quant à ce qui aurait constitué la ou les première(s) vague(s) de peuplement préceltique(s) et celtique(s), le ou les premier(s) foyer(s) de peuplement, leur emplacement et leur date, les peuplements antérieurs… et même si certains, hypercritiques, ne voient même dans la notion de « Celtes » qu’une vaste construction moderne… doutent de la réalité historique d’une « civilisation celte » et même d’une langue celtique commune… et iraient jusqu’à avancer que les Celtes n’auraient existé qu’à partir de leur « invention » et de leur « conceptualisation »… au XVIIe siècle !

Une citation de Tolkien, à ce sujet, est plutôt éloquente : « Les Celtes […] sont un sac magique dans lequel on peut mettre ce que l’on veut et d’où on peut sortir à peu près n’importe quoi » Et ce d’autant plus, encore une fois, qu’ils n’ont presque pas laissé de traces écrites eux-mêmes. Ainsi, certains pensent que les similarités entre des langues dites « celtiques » comme le gaélique, le breton ou le gallois « s’expliqueraient davantage par les contacts et les influences entre des peuples voisins que par l’existence d’une langue mère » (Wikipedia). On peut ainsi aller très loin…

Tout cela pour dire, évidemment : rien de sûr en la matière.

Néanmoins, la plupart des spécialistes du monde celtique considèrent qu’il y eut bien une civilisation celtique large mais spécifique, immédiatement identifiable par sa langue, son système religieux (croyances, mythes, pratiques, druidisme), ses vestiges matériels, son expression artistique, ses traditions guerrières, son artisanat, son organisation politique et sociale… et probablement née au centre de l’Europe. Ces études, bien sûr, sont toujours en cours, y compris du point de vue génétique désormais… (L’article du Larousse sur les Celtes est tout à fait révélateur des flottements entourant la notion de « Celtes » : il suffit de lire l’introduction pour s’en rendre compte…)

Néanmoins, pour faire simple, nous resterons ici sur l’idée d’une mosaïque de tribus européennes protohistoriques ayant partagé une culture et des racines linguistiques communes et ayant peu à peu investi un vaste territoire courant du Portugal à la Hongrie et de la Galice à l’Ecosse !

Allez, à présent, précisons tout cela : petit zoom région par région…

Les Celtes continentaux

Les Celtes de Gaule :

La Gaule, ou Gallia (latin), était le nom romain de la région située entre le Rhin et les Pyrénées. Vers 400 av. J.-C. environ, tous les Gaulois appartenaient à la culture de La Tène. Ceux que les Romains nommèrent « Galli » (Gaulois) auraient donc fait partie du vaste monde celtique : les Bituriges, les Arverni, les Parisii, les Lingones, les Senones, les Santones, les Carnutes, les Eduens, les Cardurci, les Pictons… Ce sont des centaines de tribus différentes qui se partageaient alors le vaste territoire de la Gaule ! Plus précisément, il se serait agi de 10 à 15 millions d’habitants répartis en 80 peuples et 500 tribus.

Dans l’extrême sud-ouest de la France actuelle (en gros, tout ce qui est au sud-ouest du cours de la Garonne, du Bassin d’Arcachon aux Pyrénées), point de Celtes néanmoins, mais les proto-Basques (aussi dits « Aquitains » : distincts des Celtes et tout à fait à part à la fois d’un point de vue génétique et linguistique).

A l’est du Rhin et le long de sa rive gauche : des peuples germaniques (même si la frontière entre peuples celtiques et germaniques reste floue aux yeux de beaucoup d’historiens – nous y reviendrons, mais il est fort probable que ceux que Jules César distinguera en « Celtes-Gaulois » et en « Germains » seraient issus d’une seule et même souche, voire même qu’ils aient partagé une culture commune et que cette distinction ait été purement politique et arbitraire de la part de César).

Pour un listing plus complet des peuples celtes de Gaule, c’est ici.

Une belle carte pour illustrer cela !

NB : les Gaulois n’auraient (n’en déplaise à Obélix) jamais mangé de sanglier, qui était un animal sacré ; ils n’auraient pas privilégié la chasse (au sanglier) comme les personnages de Goscinny et Uderzo, mais l’agriculture et l’élevage… Et leurs chefs ne se seraient pas (n’en déplaise à Abraracourcix) déplacés sur des boucliers (ça, c’était chez les Francs)…

En revanche, le dieu de la guerre s’appelait bien Toutatis (ou Teutatès) et les druides coupaient bien le gui à l’aide de faucilles en or ! 😉

NB 2 : la culture celte se serait superposée à celle des peuples mégalithes qui auraient jusque-là peuplé certains territoires de la Gaule (tout comme de la grande île de Bretagne) : ce ne sont pas les Celtes qui auraient érigé les nombreux dolmens, menhirs et autres mégalithes que l’on sait célèbres aujourd’hui, mais ils n’en auraient pas moins utilisé nombre de ces sites pour leurs pratiques druidiques.

Les peuples celtes de la Gaule Belgique : (#AstérixChezLesBelges)

La Gaule belgique (Gallia belgica en latin) était une des quatre provinces de Gaule crées par les Romains à partir des conquêtes de Jules César (avec la Gaule aquitaine, la Gaule lyonnaise et la Gaule narbonnaise). Elle couvrait alors un grand territoire s’étendant du Rhin à la Marne et de la Manche à la mer du Nord (Artois, Somme, Ardennes, Vermandois, Oise, Meuse, Marne, Escaut, Brabant, Moselle, Luxembourg, nord de la Lorraine, Soissonnais etc. actuels) et comptait de nombreux peuples à la fois celtes et germaniques : les Trévires, les Eburons, les Belgae, les Bellovaques, les Rèmes, les Morins, les Ambiens… répartis au nord de la Seine, entre la Manche et la rive gauche du Rhin.

Listing complet ici pour les curieux.

Pour plus de précisions sur les Celtes belges, voir aussi :

Le terme de « Gaulois » se référait donc à tous les peuples protohistoriques (= c’est-à-dire, des peuples ayant vécu avant l’arrivée d’une histoire écrite) habitant la Gaule au sens large, qui sera découpée en 4 provinces romaines. A part les Aquitains (proto-Basques), ils étaient tous considérés comme Celtes.

« Les Gaulois, à proprement parler, se composaient de nombreuses tribus parlant un ensemble de dialectes celtes, et ils pensaient descendre d’une même souche dont ils connaissaient la généalogie. À ces liens de filiation, réels ou mythiques, qui leur créaient des obligations de solidarité, s’ajoutaient des alliances, qui mettaient certains d’entre eux dans la clientèle d’un autre pour former des fédérations » (Wikipédia)

Les Celtes de Suisse

On retrouve quelques noms célèbres comme les Allobroges, les Séquanes, les Ubers… et surtout les Helvètes ! (#AstérixChezLesHelvètes)

Liste complète ici.

En péninsule ibérique

Bien qu’il soit établi et généralement admis que des populations celtiques se sont fixées dans le nord, l’ouest et même une partie du centre de l’Espagne et du Portugal actuels, les doutes demeurent quant à cette hypothèse.

Certains pensent que les Celtes ont formé dans cette région tout au plus des groupes épars ou élitistes (aristocratiques), mais jamais majoritaires (éléments toponymiques celtiques rares, impact culturel faible, doutes quant au lien réel entre certaines découvertes archéologiques espagnoles avec le monde celtique, disparition précoce des langues celtiques dans la péninsule, forts substrats non celtiques…)

Ainsi, même si des régions comme la Galice se réclament toujours d’un héritage celtique, des spécialistes ont exclu ou continuent à exclure radicalement la péninsule ibérique du monde celtique et vont, pour certains, jusqu’à parler de « mythologisation » concernant la problématique celtique dans le nord de l’Espagne !

Les Astures, les Vaccaei, les Carpetani, les Artabres… n’en sont pas moins toujours considérés aujourd’hui par la tradition historique comme des peuples issus du monde celte…

Listing complet des peuples celtes de la péninsule ibérique ici.

Les Celtes d’Italie

Les peuples celtes de la péninsule italique étaient, selon les sources latines, d’origine gauloise : Cénomans, Lingons, Insubres, Lépontiens… Ils occupaient, en toute logique, plutôt le nord de l’Italie actuelle (« Gaule cisalpine »).

Néanmoins, comme pour les Celtes de la péninsule ibérique, les historiens se montrent particulièrement réservés quant au concept de « Celtes italiques » (appartenance linguistique et correspondances archéologiques incertaines, notamment). Sans compter que la quasi-totalité des grandes villes italiennes, même du nord, furent construites par les Romains ou les Etrusques, et non par des Celtes.

Hop : la petite liste.

La dissolution de la culture celte continentale

Au milieu du 1er millénaire après JC, avec l’expansion de l’Empire romain et les grandes migrations germaniques (migrations ou « invasions » barbares), les Celtes subissent de forts processus d’acculturation.

Une précision, à ce stade : les plus assidus d’entre vous n’auront pas manqué de remarquer que n’ont pas été présentés, dans cette partie sur les Celtes continentaux, les peuples celtes d’Europe centrale (Bohême, Hongrie, Slovaquie, sud de l’Allemagne…) En fait, la distinction entre monde celtique et monde germanique reste incertaine. On ignore si certains peuples comme les Cimbres ou les Teutons étaient celtes ou germaniques, et même s’il y avait une différence entre les deux. Comme mentionné précédemment, c’est Jules César qui définira précisément par le Rhin, lors de sa conquête de la Gaule, la limite entre Celtes et Germains (d’où le fait que ne sont cités ci-dessus, parmi les Celtes continentaux, que les Celtes de Gaule, de Belgique, de Suisse, d’Italie et d’Espagne, et non d’Europe du centre et de l’est : tout ce qui aurait été à l’est du Rhin aurait été catalogué comme « germanique » par César, et non « celtique »). Mais, évidemment, on se doute que ce découpage reste un tantinet arbitraire, politique et pratique (il est évident que Celtes et Germains ont pu coexister au-delà ou en deçà de cette limite). Et comme il n’intervint qu’au Ier siècle avant JC, quid des liens (germaniques…) entre peuples celtes et germaniques avant les conquêtes de César ?

 « Serge Lewuillon qualifie cette limite d’aberration, dans un contexte où Celtes et Germains ont pu se côtoyer et échanger culture et coutumes. Selon Lucien Bély, les Celtes étaient présents au-delà du Rhin. Le cas des Belges illustre bien le problème dans la mesure où personne ne peut aujourd’hui affirmer à quel groupe culturel se rattachaient les peuples de la région. César entretient lui-même l’incertitude en ne classant la région ni dans la « Celtique », ni dans la « Germanie ». Les études toponymiques, linguistiques ou anthroponymiques n’ont jamais pu éclaircir la question. » (Wikipedia.) Nombre de migrations ont aussi probablement donné lieu à des confédérations de tribus mêlant Celtes et Germains… d’où l’incertitude qui demeure.

Sans compter un berceau commun, de toute évidence, au centre de l’Europe, surtout si l’on prend en compte les innombrables points communs à la fois culturels et religieux entre « Celtes de l’ouest » et « Germains du centre et du nord européens » (correspondances, équivalences et similitudes mythologiques, linguistiques, cultuelles, quasi-absence d’écriture, tradition orale, similitudes artistiques et symboliques, bijoux communs comme les torques et les fibules, carnyx celtes rappelant étrangement les proues des futurs navires vikings, tumuli funéraires, pratiques comme la crémation, les sacrifices humains etc. : le nombre de points communs entre culture celtique et culture nordique (viking) est tout bonnement incroyable, au point que certains rattachent les Germains – et donc les Scandinaves – de l’époque aux Celtes…)

Une chose est certaine : à l’origine, il y avait un foyer commun… ou bien, il y eut de sacrées influences culturelles respectives et un sacré paquet d’échanges !

Toujours est-il qu’avec les conquêtes romaines à l’ouest (César, Vercingétorix, la Guerre des Gaules, Alésia, tout ça…) et les mouvements germaniques à l’est (invasions et migrations de bandes armées germaniques : Marcomans, Goths…) entre le IIe siècle avant JC et le VIe siècle après JC (grandes « migrations barbares »), l’identité celte de l’Europe de l’ouest et du centre s’estompe :

  • côté Gaule, Belgique, péninsule ibérique, nord de l’Italie : les contacts avec la Méditerranée (commerce, échanges…) romanisent en partie les Gaulois et tous les Celtes de l’ouest avant même les conquêtes de César, puis peu à peu la marque de l’Empire en fait des Gallo-romains.
  • Côté est (Helvétie comprise = la Suisse, en gros), ce sont les Germains qui apposent leur marque.

La civilisation celtique succombe donc en grande partie à la pression conjuguée des Germains au nord-est et des Romains au sud (auxquels il faut ajouter la poussée de l’Empire dace à l’est, autour du Bas-Danube). Au vie siècle après JC, les langues celtiques continentales sont déjà en voie de disparition. Cette branche finira par totalement disparaître (quelques mots et toponymes restent bien sûr ici et là, mais le latin l’emporte). Les Romains imposent leur langue, leurs lois, leur architecture etc. Ce qui fait aujourd’hui de la France (et malgré l’invasion des Francs qui lui donnèrent son nom) un pays latin, de langue romane.

Les Celtes insulaires (du Royaume-Uni actuel)

Des premiers peuplements à l’arrivée des Celtes

Lors de la dernière glaciation, l’Angleterre était entièrement rattachée au continent européen par ce qu’on appelle le Doggerland, au niveau du sud de la Mer du Nord. La Grande-Bretagne ne devint île que vers -9000 (fin de la dernière ère glaciaire, fonte des glaciers). Plusieurs vagues de migrations successives, principalement proto-germaniques ou proto-celtiques (?), tant pendant la glaciation qu’après, formèrent donc la première population de l’archipel (celles qui élevèrent de célèbres mégalithes comme Stonehenge).

Puis arrivèrent les Celtes (ou une « nouvelle vague » de Celtes, du coup, si les premiers occupants étaient déjà considérés comme celtes ?), probablement pendant la période de La Tène, comme on l’a vu (à partir de 450 av. JC), qui superposèrent leur culture à celle de ce ou ces premier(s) peuplements.

Cependant, quand et comment exactement ces îles (Bretagne et Irlande – on parlait alors de « Bretagne » pour désigner la Grande-Bretagne d’aujourd’hui, Angleterre, Ecosse et Pays de Galles) devinrent celtiques demeure incertain. On pense néanmoins que cette « invasion » par les Celtes aurait été relativement tardive par rapport à nombre de régions d’Europe continentale – probablement pas avant le milieu de la période de La Tène (aucune trace archéologique de la culture laténienne ancienne sur ces îles, même si des relations existaient avec le continent à cette époque, et même du temps de la période de Hallstatt). Les restes archéologiques demeurent résolument autochtones jusqu’au IVe s. av. JC en Bretagne, et jusqu’au IIe s. av. JC en Irlande. Mais on ignore quand exactement les Celtes (nouvelle génération) seraient arrivés du continent.

La seule « certitude » que l’on ait, c’est que des Belges (Celtes situés entre la Seine, le Rhin et la Manche, pour rappel) auraient franchi la mer vers -75 (en raison d’une pression exercée par les Germains ?) et envahi la Bretagne pour occuper notamment les rives de la Tamise. Les écrits de Jules César et l’étymologie du nom de certaines tribus locales (Catuvellauni, Atrebates…) en attestent.

Quant aux Celtes qui donneront les autres Bretons (=habitants de la grande île de Bretagne ; on dit aussi souvent « Britons » et « Brittons », pour éviter de confondre avec nos Bretons de Bretagne actuels), mais aussi les Gaëls (Irlande) et peut-être les Pictes (Ecosse), ils auraient débarqué bien avant les Belges… Par ailleurs, nombre d’autres peuples celtes brittoniques présentent des similitudes avec des Celtes continentaux (Parisii – oui, oui, on les retrouve outre-Manche ! –, Brigantes etc)…

Toujours est-il qu’on désignait alors :

  1. du terme de « Bretons » (ou Brittons/Britons) les habitants de l’ancienne île de Bretagne (Grande-Bretagne protohistorique), c’est-à-dire de nombreux peuples et tribus au caractère celtique  avéré (en particulier dans le sud de l’île et à l’embouchure de la Tamise, comme on vient de le voir). Pour être plus précise, les « Britons » désignaient les habitants de la Bretagne jusqu’aux fleuves Clyde et Forth au nord (=équivalent de l’Angleterre et du Pays de Galles actuels + la partie sud de l’Ecosse, ce qu’on appelle les « Lowlands »)
  2. du terme de « Gaëls » les habitants de l’ancienne Irlande (Irlande protohistorique), également d’origine celtique… mais présentant des langues différentes des langues celtiques brittoniques.

En effet, le groupe des langues celtiques insulaires rassemble deux branches linguistiques celtiques

On oppose par ailleurs ces langues celtiques insulaires au groupe des langues celtiques continentales : le gaulois, le lépontique, le celtibère, le lusitain (peut-être), le galate, le norique… Un groupe de langues aujourd’hui éteint, le breton de la Bretagne française étant rattaché aux langues insulaires brittoniques du fait de la vague brittonique qui revint vers la Bretagne continentale après l’arrivée des Anglo-Saxons – j’y reviendrai plus tard.

  • Enfin, tout au nord de l’île de Bretagne (grosso modo, l’Ecosse actuelle au nord des fleuves Forth et Clyde), il existait des populations plus anciennes dont les origines sont incertaines (proto-celtiques ou proto-germaniques, en tout cas, plus anciennes que la période de La Tène 😉 : leur caractère celtique est donc aujourd’hui encore soit incertain, soit controversé (même si la plupart des articles et vidéos les présentent comme celtes malgré tout) : les Calédoniens, les Maètes, les Attacottes… bientôt réunis en une confédération générale, celle des Pictes (terme d’origine latine évoquant la peinture bleue dont ils s’enduisaient le corps – cf. le film Le Roi Arthur avec Clive Owen et Keira Knightley). Il s’agirait donc des premiers habitants indigènes de l’île de Bretagne (proto-celtes ou proto-germains, mais on penche souvent pour une origine plutôt proto-celtique) qui auraient été repoussés dans le nord à une époque incertaine (par l’arrivée des nouveaux Celtes dans le sud ?). A l’inverse des Bretons de la partie sud de l’île de Bretagne, ils ne seront jamais conquis par les Romains (nous y reviendrons – vous pouvez aussi lire mon article sur les Pictes et Calédoniens ici).

Une petite carte pour résumer tout ça ?

Source carte : ici.

La Grande-Bretagne avant les invasions romaines :

C’est d’ailleurs ici, outre-Manche, que les langues et cultures celtiques ont le mieux survécu :

  • Les trois langues celtiques brittoniques représentent les trois branches héritières des anciens Bretons insulaires :
  • la langue galloise, langue officielle du Pays de Galles 
  • la langue cornique, en Cornouailles, disparue au xviiie siècle mais pour laquelle on dispose de textes relativement nombreux, et qui se trouve en pleine renaissance ;
  • la langue bretonne, non officielle et en recul constant, des Bretons de Bretagne armoricaine (France), les seuls à avoir conservé le nom originel du peuple et de sa langue… et les seuls dont la langue n’est pas officiellement reconnue !

Le qualificatif gaélique désigne communément l’ensemble de ces langues. Leur forme la plus anciennement documentée est le vieil irlandais, qui était la langue des Gaels ou Gaëls, qu’on appelait parfois aussi « Scotii » ou « Scots » (notamment pour ceux qui iront envahir le sud de l’Ecosse aux Ve et VIe s. après JC et y importeront donc ce qui deviendra le gaélique écossais – lire mon article sur les Scots).

Listing complet des peuples celtes de Grande-Bretagne : ici.

La dissolution d’une partie de la culture celtique insulaire

Comme sur le continent, l’arrivée des Romains puis des Germains va mettre à mal la culture celtique insulaire :

La conquête romaine d’une partie de la Bretagne :

C’est César qui baptise l’île Britannia en latin. Il y conduit 2-3 campagnes durant le Ier siècle avant JC, mais plus pour le principe (et la gloire, avant son retour à Rome) qu’autre chose ; ce n’est en réalité qu’en 43 après JC (donc assez tardivement) et avec l’empereur Claude que la « Bretagne » est sérieusement colonisée.

L’actuel Pays de Galles est également soumis, mais les territoires du nord de l’île, malgré plusieurs incursions romaines jusqu’aux côtes nord-est de l’Ecosse (dite « Calédonie », à l’époque), restent aussi rebelles qu’indomptables (voir ma “Petite Histoire de l’Ecosse” et mon article sur les Pictes). Aussi les troupes romaines finissent-elles par se stabiliser au niveau (approximatif) de l’actuelle frontière anglo-écossaise, et l’empereur Hadrien fait-il construire, en 122, le fameux mur de protection contre les peuples sauvages du nord, mur qui porte son nom et qui court sur 110 km de long. Entre 139 et 142, l’empereur Antonin fera même construire un 2nd mur (le mur d’Antonin), plus au nord, destiné à faire des tribus a priori brittoniques situées entre les deux murs des peuplades-tampons, plus ou moins domestiquées… Ce mur, sans cesse harcelé par les tribus pictes du nord, ne fera cependant pas long feu ; il sera abandonné 40 ans plus tard. On retrouve sensiblement avec ces murs les limites des fleuves Clyde et Forth susmentionnés, au-delà desquels vivent les peuples calédoniens « anciens », Pictes et autres, bien distincts des Bretons.

En résumé, les Romains conquièrent toute la Bretagne du sud jusqu’au mur d’Hadrien (donc les territoires « Bretons »), et à « moitié », dirons-nous, les peuples situés entre les deux murs. Au sud, ils parviennent à faire régner sur cette nouvelle province de Britannia la pax romana ; ces contrées sont romanisées. On parle dès lors de Britto-romains pour désigner les habitants de cette région (à l’instar des Gallo-romains). Les cultures et langues celtes locales reculent. Au IVe s., à l’instar du reste de l’Empire Romain, la Britannia est christianisée.

En revanche, toute la partie nord de l’île, la Caledonia, reste aux mains des Pictes et autres peuples anciens et autochtones, ainsi que la zone-tampon (très faible influence culturelle romaine dans cette zone). Et les Romains ne franchissent pas non plus la mer d’Irlande : les Gaëls restent autonomes.

Finalement, les Romains, submergés par les grandes invasions partout en Europe (et gênés par l’agitation des Pictes au nord et des Scots-Gaëls à l’ouest et au nord-ouest), abandonnent l’île (loin de figurer parmi leurs priorités) en 410 pour rapatrier leurs troupes sur le continent et mieux défendre des provinces plus importantes (la grande et riche Gaule, par exemple).

Les invasions germaniques

Autre coup porté à la culture celtique brittonique : l’arrivée de trois peuples germaniques dans le sud : les Jutes, les Angles et les Saxons. En effet, les habitants de la « Bretagne », les Bretons (devenus « Britto-romains »), sont alors plus ou moins livrés à eux-mêmes, d’une part pour se gouverner, et d’autre part pour se défendre contre les peuples du nord et de l’ouest susmentionnés (Pictes et Gaëls-Scots), assez véhéments. Selon certaines traditions historiques, ce seraient donc eux (les Bretons) qui auraient fait appel aux Angles, aux Jutes et aux Saxons venus de la péninsule du Jutland (actuel Danemark) et du nord de l’Allemagne (Saxe) pour se défendre. Ces peuples germaniques venus du continent seraient néanmoins très vite passés du statut de « sauveurs » à celui d’envahisseurs…

Une autre tradition veut que ces peuples proto-germaniques fassent tout simplement partie (et sans « appel » de la part des Britto-romains) des peuples « barbares » ayant migré à cette époque (Ve-VIe s.) et contribué à l’effondrement de l’Empire Romain (avec les Goths, les Alamans, les Francs, les Vandales etc).

En tous les cas, une certitude : c’est au Ve s., au moment du (ou juste après le) départ des Romains, que les Anglo-Juto-Saxons débarquent et fondent en Angleterre les 7 royaumes ayant constitué ce qu’on a appelé l’Heptarchie :

  • Les Saxons fondent, au sud, les royaumes du Sussex (« Sud-Saxe »), du Wessex (« Ouest-Saxe »), de l’Essex (« Est-Saxe ») ;
  • Les Jutes fondent le Kent ;
  • Les Angles, au nord et à l’est, créent les royaumes de Northumbrie (à cheval sur le sud-est de l’Ecosse et le nord-est de l’Angleterre actuelles), d’Est-Anglie (pour rappel, contexte de mon roman L’amour, la mer, le fer et le sang !^^), et de Mercie.

Un système qui perdurera – tant bien que mal, on s’en doute – pendant des siècles.

Les Bretons, ainsi pris entre trois feux (les Pictes au nord, les Scots et autres Celtes irlandais à l’ouest et les tribus germaniques qui déferlent sur les côtes est) se replient :

  • pour les uns au nord de l’Angleterre actuelle pour fonder les royaumes du Strathclyde et de Gododdin (ce dernier sera très vite absorbé par la Northumbrie angle, voir ci-après)
  • pour d’autres, à l’ouest et au sud (Cornouailles et Pays de Galles)
  • les derniers fuient leur « Grande »-Bretagne natale, prennent la mer… et se réfugient sur les côtes armoricaines du continent : la « Petite Bretagne »… notre Bretagne (française) actuelle… (qui est donc à nouveau celtisée – d’où le fait que la langue bretonne d’aujourd’hui soit rattachée à la branche des langues insulaires brittoniques comme le cornique et le gallois, CQFD).

Bientôt, la Grande-Bretagne n’est donc qu’un ensemble morcelé composé de nombreux royaumes :

  • Le Strathclyde, les Cornouailles, le Pays de Galles et le royaume de Gododdin, tous brittoniques (Bretons d’origine)
  • La Northumbrie, l’Est-Anglie et la Mercie angles
  • Le Sussex, le Wessex, l’Essex saxons
  • Le Kent jute
  • Les royaumes pictes au nord (en Calédonie = Ecosse du Nord – voir mon article sur les Pictes)
  • Le Dalriada des Scots-Gaëls qui, venus de l’Ulster (Irlande du nord), conquièrent le sud-ouest de l’Ecosse au tournant du VIe siècle (voir mon article sur les Scots)

Côté Angleterre, c’est donc dans l’actuel Pays de Galles, dans le nord-ouest de l’Angleterre (ancien Strathclyde, à la frontière écossaise) et en Cornouailles que les communautés brittoniques autochtones d’origine n’ayant pas fui en Armorique ont le mieux réussi à survivre (coutumes, traditions, légendes etc. incluses). Le nord de l’Angleterre finira par être attaqué, pris et influencé successivement par les Anglo-Saxons de Northumbrie, les Vikings, les Scots puis, plus tardivement, le royaume médiéval d’Alba ; c’est donc en Cornouailles et en terre galloise que les racines celtes britanniques d’origine sont les plus vivaces (et les plus proches de la culture bretonne française) et que les habitants sont le plus fortement apparentés à « nos » Bretons (de France). Et c’est dans l’ouest de l’Angleterre (Cumberland au nord-ouest, Westmorland à l’ouest, Cornouailles au sud-ouest etc) qu’il y a le plus de toponymes d’origine brittonique en Angleterre.

Il n’en reste pas moins que si beaucoup de Bretons se concentrèrent dans ces régions et reculèrent ou fuirent devant les déferlantes anglo-juto-saxonnes, la majorité d’entre eux se mélangèrent aux nouveaux venus (mariages etc). Ils ont ainsi contribué à donner sa physionomie originale au peuple anglais, mélange de racines britto-celtico-belges et germaniques. Mais c’est, du même coup, ici que la culture celtique est restée la moins dynamique, la moins flagrante (au sein de l’archipel celto-britanniques).

A contrario, c’est donc dans les « franges » non concernées par les invasions romaines puis germaniques, donc en Irlande, en Ecosse et sur l’île de Man, que les traditions celtiques demeureront les plus vivaces :

  • L’Irlande, car les Romains, les Jutes, les Angles et les Saxons ne la coloniseront jamais (mais les Vikings, pour leur part, y causeront moult ravages et s’y installeront assez durablement)
  • L’île de Man (pour la même raison)
  • Et en Ecosse, du fait de la conquête par les Scots-Gaëls (venus du nord de l’Irlande) des Hébrides et de tout le sud-ouest de la Calédonie : ils y fonderont un royaume, Dalriada, et y introduiront leur langue et leur culture… qui y vivront avec ardeur pendant tout le Moyen-Âge et jusqu’à aujourd’hui. Ce sont les Scots qui donneront leur nom à l’Ecosse (Scotland). La culture picte disparaîtra peu à peu au contact de la culture scots (voir mon article à ce sujet).

En complément de cette partie, je vous recommande vivement de lire ces deux articles, et notamment leurs premières parties consacrées à l’Antiquité et au Haut Moyen Âge anglais et écossais :

Et ces deux-là, très spécifiques :

L’entrée des Celtes insulaires dans le Moyen Âge

Deux faits marquants vont faire entrer ces derniers peuples authentiquement celtes dans le Moyen Âge : leur conversion au christianisme et les raids vikings.

La conversion au christianisme

Au Ve siècle, bien après les Brittons, les Gaëls commencent à être convertis (notamment par le très célèbre saint Patrick, un Britto-romain, qui débarque en Irlande en 452). Les druides sont les premiers convertis et deviennent les prêtres de la nouvelle Église. L’apport des nouveaux enseignements au substrat celtique va donner naissance à ce que l’on appelle le christianisme celtique. Saint Patrick aurait expliqué la sainte trinité par l’exemple de la feuille de trèfle, toujours symbole national irlandais aujourd’hui.

La chrétienté qui naîtra en Irlande sera donc originale, avec des abbés forts, des monastères bâtis en pans de bois, dans la meilleure tradition technique celte, des tonsures de moines en demi-lune, d’oreille à oreille, à la manière druidique, des rites d’ordination et de baptême différents de l’église romaine, des enluminures et miniatures de manuscrits à entrelacs évoquant parfois les stylisations des monnaies gauloises, des figures héroïques celtes converties en saints chrétiens, l’incorporation de légendes celtiques à la mythologie chrétienne (ex : la légende d’Arthur), des dates différentes pour certaines fêtes comme Pâques… Les apôtres irlandais seront ensuite de très actifs voyageurs qui allèrent évangéliser l’Ecosse, les îles du Nord (jusqu’à l’Islande !), le continent… : parmi eux, saint Brendan et saint Colomban, très célèbres.

Ce sera ensuite au tour des Pictes d’être convertis, mais aussi des Anglo-Juto-Saxons, qui ont colonisé la Bretagne.

Peu à peu, ces peuples christianisés évoluent pour donner naissance aux Irlandais, Écossais, Gallois, Anglais et Cornouaillais modernes.

Les Vikings

L’arrivée des Vikings va (comme d’habitude et partout ailleurs en Europe) venir bouleverser ce fragile et tout juste naissant « équilibre ». Les Irlandais, les Ecossais, les Gallois et les Anglo-saxons seront tous confrontés au fléau des raids vikings aux IXe, Xe et XIe siècles (et même plus tard encore pour l’Ecosse et ses nombreux archipels, Orcades, Hébrides, Shetland – lire ma petite histoire des Orcades à ce sujet). Comme partout ailleurs, les Vikings laisseront leur empreinte en terre celte même s’ils auront toujours eu tendance à se laisser acculturer plutôt qu’à imposer leur domination socio-linguistico-culturelle.

Conséquence 

La culture celtique et les langues celtiques insulaires se restreignent peu à peu à l’Irlande, à l’ouest et au nord de la Grande-Bretagne (Ecosse, Pays de Galles et Cornouailles) et à l’île de Man. Avec la Bretagne (française), il s’agit des seules régions où la culture celtique a réellement survécu avec une identité propre et forte et une véritable cohérence culturelle. Ces régions partagent un héritage linguistique, religieux et artistique commun les distinguant de la culture des entités politiques environnantes (Angleterre anglo-normande, France…)

Conclusion

Les Celtes constituèrent probablement un ensemble de peuples partageant autant de similitudes que de différences et qui, un peu à la manière des Amérindiens, peuvent être réunis en un tout cohérent, tout en présentant dans le détail d’innombrables différences et en s’affrontant autant les uns les autres autant qu’ils se réunirent en confédérations, coalitions et alliances. Un ensemble de tribus qui reçurent très tôt de la part des Grecs puis des Romains cette si fréquente étiquette de « barbares », au même titre que les Germains ou les Slaves, mais n’en furent pas moins très en avance par ailleurs sur les peuples méditerranéens en plusieurs matières, notamment techniques et artisanales (métallurgie, inventions, innovations agricoles…) Une culture vaste et complexe, largement hiérarchisée, organisée et urbanisée à l’époque des conquêtes romaines, et qui s’étendit de l’Irlande à la Turquie et du nord de l’Ecosse à l’Espagne…

Une des raisons pour lesquelles le terme de « Celtes » reste controversé est que l’immense majorité de ces peuples ne l’avaient probablement jamais entendu : il ne fut employé par les Grecs (terme « keltoi ») que pour qualifier certains d’entre eux rencontrés en Europe (à l’instar du terme latin de « Galli »). On ne qualifie aujourd’hui l’ensemble de ces peuples de « Celtes » que parce qu’on pense qu’ils partageaient une langue (avec plusieurs variantes) et une culture communes : mais en aucun cas ils ne se qualifiaient eux-mêmes de « Celtes » (tout comme les termes d’« Indiens », d’ « Amérindiens » et de « Native Americans » n’auraient bien évidemment jamais été employés par les Sioux, les Apaches etc. à l’époque de la découverte de l’Amérique et de sa colonisation) : les Celtes, entre eux, se nommaient probablement d’après le nom de leurs peuples/tribus précis (et, évidemment, pas ceux, romains, par lesquels nous les désignons aujourd’hui…) .

Le vide qu’ils ont laissé en ne pratiquant pas l’écriture et en n’érigeant pas de monuments pérennes (temples, palais) a laissé la place à d’innombrables mythes, légendes et supputations à leur sujet (à l’instar, encore une fois, des Vikings, entre autres exemples…)

Aujourd’hui, le terme de « celtique » désigne généralement les langues et les cultures respectives de l’Irlande, de l’Ecosse, de l’île de Man, du Pays de Galles, des Cornouailles et de la Bretagne (française), également connues sous le nom de « nations celtiques ». Repoussés jusqu’aux extrémités occidentales de l’Europe de l’Ouest, les Celtes n’ont pu conserver de leurs langues que 4 d’entre elles encore parlées en France (le breton) et surtout dans les îles Britanniques (le gallois, le gaélique écossais, l’irlandais), plus deux renaissances récentes, le cornique (une des langues brittoniques, en Cornouailles) et le mannois (une des langues gaéliques, sur l’île de Man) et une tentative de reconstruction du cambrien (langue brittonique du nord-ouest de l’Angleterre et du sud-ouest de l’Ecosse). Après la reconnaissance en 2002 du cornique comme langue minoritaire par les autorités du Royaume-Uni (malgré le fait qu’il se soit éteint pendant plusieurs siècles et renaisse à peine !), la langue bretonne, parlée en France par plus de 200 000 personnes, reste la seule langue celtique moderne à ne pas avoir de statut officiel dans sa zone culturelle… ( !)

A cela s’ajoutent quelques régions celtiques de l’Europe continentale où un héritage celtique est revendiqué sans qu’une langue celtique ait réussi à y survivre : le Portugal et le centre-nord de l’Espagne (Galice, Asturies, Cantabrie, Castille-et-León, Estrémadure), voire l’Italie du Nord.

Néanmoins, aujourd’hui encore, nombre d’historiens refusent de parler de « civilisation celte » et préfèrent parler d’un monde celtique constitué de nombreuses tribus et fédérations aux contours mouvants présentant des similitudes culturelles et linguistiques. En effet, l’« identité celtique » moderne ou « celticité » n’aurait été qu’une construction élaborée dans le cadre de la renaissance celtique romantique (en Grande-Bretagne, en Irlande, en Bretagne, en Galice…). Rien n’indique que ces multitudes de peuples de l’Antiquité et du Haut Moyen Âge auraient eu conscience ou même l’impression de former un tout cohérent ; les cultures celtes auraient été, somme toute, fort diverses et le point commun central aurait été avant tout une langue. Comme, en outre, politiquement et militairement, les Celtes n’ont pas su s’unir, ni constituer un empire, ni opposer à l’adversaire romain une résistance pérenne et qu’on est toujours bien en peine de pouvoir établir une migration territoriale unique, cohérente et précise… le doute demeure.

Ce qui n’empêche nullement les « Celtomanes » de parer de toutes les vertus les Celtes de l’Antiquité et de parler héritage, nationalisme, indépendance, unicité et panceltisme. La celtomanie est une idéologie qui s’est développée à la fin du xviiie siècle et tout au long du xixe siècle dans certains milieux intellectuels et littéraires (notamment en Bretagne, évidemment). Elle aura une grande influence sur la perception des Gaulois et des Celtes en général et sur les recherches historiques effectuées à la fin du xixe siècle, d’autant plus dans un contexte nationaliste où les qualités des Celtes sont exaltées face aux envahisseurs « germaniques ». La France, comme bien d’autres pays européens, se cherche alors des origines glorieuses distinctes du traditionnel bagage judéo-gréco-latin et s’intéresse aux Celtes (les Gaulois, en l’occurrence).

Les celtomanes les plus modérés sont simplement de grands amoureux de la « civilisation celtique » et ont pour but de mettre en valeur l’héritage celtique d’une bonne partie de l’Europe (entre autres héritages) ; les plus radicaux vont jusqu’à voir dans la langue celtique la langue primitive de l’humanité (à l’origine de toutes les autres), à faire de Jésus un Celte, de la celticité le berceau de l’humanité etc.

Engouement général, exaltation d’un passé celtique parfois bricolé de toutes pièces, émergence de groupuscules parareligieux ou parascientifiques, revendications nationalistes, création d’un véritable mythe des origines etc. caractérisent ce mouvement et contribuent, pour beaucoup, à le discréditer en partie.

Le panceltisme, celtisme ou interceltisme, à l’instar du pangermanisme, du panslavisme et de tant d’autres, est un vaste mouvement politico-culturel toujours en vigueur qui naît au XIXe siècle et se focalise sur les intérêts et caractéristiques communs des peuples ressortant des 6 « nations celtiques » (Ecosse, Irlande, Cornouailles, Pays de Galles, Bretagne, île de Man) et d’autres régions se revendiquant comme celtiques sans qu’une langue celtique y ait survécu (Galice, Asturies, Cantabrique, Italie du Nord… on l’a vu) : échanges, festivals, organisations politiques et culturelles, jumelages entre villes, résurrection de croyances, de cultes, de musiques, d’hymnes, de symboles, de drapeaux, néodruidisme, dérives new age ésotériques s’articulant autour d’une sagesse celtique druidique à redécouvrir, engouement pour toutes les légendes arthuriennes etc. en constituent les grandes lignes… (voir aussi : https://fr.wikipedia.org/wiki/Panceltisme)

Enfin, veillons à ne pas confondre les celtomanes avec les celtologues !

Celtomane : « (Personne, savant) qui prétend par esprit de système que la langue celtique est à l’origine de la plupart des langues européennes et notamment de la langue française (cf. Flaubert, Par les champs et par les grèves, 1848, page 235). Synonyme celtophile (confer Quillet 1965). Par extension : Qui attribue abusivement certaines choses aux anciens Celtes. »
https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition-celtomane/

« Personne, souvent savante, s’intéressant de façon obsessionnelle au peuple et à la langue celte »
https://fr.wiktionary.org/wiki/celtomane

Celtologue : scientifique étudiant l’histoire, la langue et la civilisation des peuples celtes en s’appuyant sur l’histoire, l’archéologie et la philologie. La celtologie est enseignée dans nombre d’universités dans le monde (et pas seulement dans les pays ou régions « directement » concernés). A noter, ces « spécialistes sont appelés celtistes ou celtisants quand leurs travaux (…) concernent en premier lieu les langues celtiques et sont appelés celtologues, s’ils ne travaillent que sur les périodes sans traces écrites comme les archéologues ou ne s’intéressent qu’aux aspects littéraires et culturels des monuments écrits en langues celtiques. En réalité, les celtologues ne peuvent généralement pas ne pas être versés dans les langues celtiques, alors que les celtistes ou celtisants peuvent ne se consacrer qu’aux éléments purement linguistiques. » (Wikipedia, article « Celtologie »)

Enfin, nombre de mouvements trouvent leur inspiration dans le monde celtique et s’en nourrissent abondamment (tout en se nourrissant également, pour les unes, de l’Antiquité et des mythologies gréco-romaines, pour les autres, de la chevalerie médiévale, pour les autres encore, des cultures germanico-nordiques etc) :

  • L’héroic-fantasy (romans, jeux vidéos, jeux de société, jeux de rôle, BD, films)
  • Des courants ésotérico-chamanico-magiques comme la wicca et nombre de mouvements spirituels new age…
  • Etc.

En espérant que ce « long » article de pas loin de 10 000 mots (tout de même !! je suis de plus en plus ingérable !!) vous ait, plus, je vous dis à bientôt !

Aurélie

A lire aussi :

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Texte : (c) Aurélie Depraz
Illustration : Pixabay

Quelques sources :

https://fr.vikidia.org/wiki/Celtes#/media/File:Celtes_en_Europe_et_Asie_mineure.png

https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_des_Celtes

https://fr.wikipedia.org/wiki/Celtes

https://fr.wikipedia.org/wiki/Langues_celtiques

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_peuples_celtes_d%27Irlande

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bretons_insulaires

Bretagne insulaire 

Britto-romains

https://fr.wikipedia.org/wiki/Conqu%C3%AAte_romaine_de_la_Grande-Bretagne

La version enfants : au fond pourquoi pas ? On y lit des choses qu’il n’y a pas dans la version « adultes » !

https://fr.vikidia.org/wiki/Celtes

https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/histoire-histoire-celtes-sont-ils-sont-ils-arrives-gaule-5412/

https://www.histoire-pour-tous.fr/histoire-de-france/5612-les-celtes-et-la-gaule-celtique.html

Videos et reportages :

https://www.youtube.com/watch?v=h5LUfpoL_GE

https://www.youtube.com/watch?v=15Q8b9_-G6Y

https://www.youtube.com/watch?v=VSzqQY9dsB0

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