L'Histoire (la grande !)

Les Scots, ces envahisseurs gaëls qui donnèrent leur nom à l’Ecosse

Cet article fait suite à ceux que j’ai préalablement consacrés aux Celtes et aux Pictes & Calédoniens. Je ne saurais trop vous recommander, si ce n’est déjà fait, de lire ces deux articles avant de découvrir celui-ci ! Votre compréhension n’en sera que plus claire et plus profitable encore !

Aux origines

L’origine irlandaise et celtique des Scots est aujourd’hui largement admise mais on ignore toujours d’où ils seraient exactement venus avant leur installation en Irlande (la mythologie à ce sujet abonde). La théorie la plus probable est qu’il s’agirait de Celtes venus du continent (de Gaule ? de la péninsule ibérique ?) durant la période de La Tène (Ve au Ier s. avant JC), période à laquelle la civilisation celtique s’étend considérablement. A cette époque, nombre de tribus celtiques traversent la mer et s’installent en Grande-Bretagne et en Irlande (voir mon article sur les Celtes et sur les Pictes & Calédoniens).

Néanmoins, rien de très sûr concernant l’implantation des Scots en Irlande, d’autant qu’on ignore l’origine étymologique de ce vocable et que, sous le terme latin de « Scotii », les Romains n’englobent tout d’abord pas grand-chose de précis (et que ce terme ne correspondait pas à un nom tribal existant en Irlande…). En effet, c’est avec les Pictes que les Scots (ou Scotii) sont mentionnés pour la première fois par les textes romains en tant que peuple causant moult ravages sur les côtes de Bretagne. A la fin de l’empire, les Pictes et les Scots sont même considérés comme les plus menaçants et les plus barbares de tous les ennemis de l’Empire dans la liste de Vérone ! Ammien Marcellin écrit en 367 : « ils erraient en de multiples directions et causaient de grands ravages ».

A noter : dans nombre de textes alors, les Scots sont assimilés aux Caledonii (peut-être l’équivalent des Pictes) occupant les terres de l’actuelle Ecosse… Peut-être sont-ils alors confondus du fait des ressemblances entre leurs cultures et assimilés en raison de leur commune perception par les Romains : des peuples barbares qui attaquent régulièrement la province romaine de Britannia par la terre ou la mer. Les Scots ne seront distingués des Caledonii-Pictes qu’au Ve siècle ap. JC par certains auteurs, mais restent confondus par d’autres jusqu’au VIIe siècle !

Néanmoins, on s’accorde aujourd’hui à dire que les Scots auraient constitué un peuple celte (plus précisément gaël = irlandais) originaire du nord-est de l’Irlande et attaquant régulièrement la côte ouest de la Bretagne (au sud comme au nord du mur d’Hadrien, donc la province romaine de Britannia autant que les terres calédoniennes-pictes et brittoniques du nord, au sein de l’Ecosse actuelle) aux IIIe, IVe et Ve siècles après JC. Après le départ des Romains en 410, ce peuple, conquérant et expansionniste, s’établit en divers points de la côte ouest de l’île de Bretagne : le Galloway (juste au nord du mur d’Hadrien), le Devon et le Pays de Galles actuels (en province de Britannia), puis, surtout, en Argyll et dans les Hébrides, donc dans le sud-ouest des Highlands écossaises actuelles.

La création du royaume de Dalriada

C’est là, dans le sud-ouest de l’Ecosse, qu’ils s’installeront durablement : au cours du Ve siècle, ils colonisent donc des terres picto-calédoniennes : les îles situées entre l’Irlande et l’Ecosse (Islay, Jura, Mull…), puis le sud-ouest de l’Ecosse (péninsule de Kintyre, Argyll, Bute, Lochaber…), puis d’autres Hébrides intérieures et y fondent, au tournant du VIe siècle, un royaume, Dalriada, du même nom que le royaume irlandais qu’ils quittent (également le nom de leur clan) : ce royaume s’étale donc de part et d’autre de la mer et gardera une unité culturelle relativement longtemps. Les Scots amènent avec eux leur langue (celtique), le gaélique (aussi nommé « erse »), bientôt parlé dans toutes les Hautes Terres (Highlands). Cette langue demeure, aujourd’hui encore, très proche du gaélique irlandais. (NB : je mentionne ce royaume scots dans mon roman Pour l’amour d’une Sasunnach, le héros trouvant ses origines dans ces envahisseurs gaëls). Il s’agit donc alors d’un royaume comprenant des terres à la fois dans le nord-est de l’Irlande et dans le sud-ouest écossais.

Cela mis à part, on connaît plutôt mal l’histoire interne de ce royaume aux VIe, VIIe et VIIIe siècles. Deux choses sont sûres :

  • une dynastie domine, celle de Fergus
  • et les Scots se tapent régulièrement dessus avec les Pictes, les Angles et les Bretons voisins.

Durant cette période (Ve-Xe siècle) que l’on a appelée « the Dark Ages » (en raison du peu de sources écrites la concernant et du désert documentaire qu’elle constitue), les Picto-calédoniens d’origine et les Scots se partagent donc les terres de la future Ecosse au nord et à l’ouest du Clyde et du Forth, tandis que les futures Lowlands du sud (Galloway, Dumfries, Lothian…), juste au nord du mur d’Hadrien, appartiennent respectivement :

  • Au Strathclyde, royaume brittonique, pour la partie ouest (en gros, le Galloway & Dumfries, l’Ayrshire…)
  • Au royaume brittonique de Gododdin, puis à la Northumbrie angle, pour la partie est (moitié sud-est des Lowlands, Lothian, Berwickshire etc)

L’arrivée du christianisme

Malgré quelques tentatives d’évangélisation romaines du temps de la province de Britannia, c’est avec les moines scots que la christianisation des Pictes (et donc de la future Ecosse) a vraiment lieu.

De fait, au Ve siècle, les Gaëls (en Irlande) sont peu à peu christianisés (par l’intermédiaire de missionnaires Britto-romains venus de l’ancienne Britannia après avoir traversé la mer d’Irlande). La christianisation de l’Ecosse, elle, commence au Ve siècle avec l’arrivée de saint Colomba, venu d’Irlande, sous la protection du royaume de Dalriada, alors encore très lié à l’Irlande (il fonde la très célèbre abbaye d’Iona, près de l’île de Mull, Hébrides intérieures). Les Pictes sont peu à peu christianisés par les moines issus de l’église colombaine, de même que les Angles de Northumbrie.

Mais les particularités de l’Eglise chrétienne irlandaise inquiètent Rome, qui envoie à son tour des missionnaires dans le Nord : Eglise colombaine et Eglise romaine rivalisent donc d’ardeur pour convertir les Pictes. Comme en Irlande, la religion chrétienne coexistera longtemps avec les anciennes pratiques païennes, ce qui aboutira à une forme de syncrétisme celtico-chrétien, puis à une chrétienté tout à fait spécifique.

Quand les Vikings débarquent…

Là-dessus, de nouveaux joueurs décident de s’inviter sur ce fragile échiquier. Et pas n’importe quels amateurs, s’il vous plaît ! Des guerriers venus du Nord, qui terrorisent la chrétienté, ravagent toutes les côtes d’Europe

J’ai nommé : les Vikings.

Ce sont eux qui – bien involontairement, nous sommes d’accord – auront aidé l’Ecosse – comme bien d’autres : l’Angleterre, la France… – à se transformer en un royaume uni. En effet, la vague viking reste un phénomène qui contribua, peut-être plus que tout autre, à forger la naissance de l’Europe telle que nous la connaissons, ses grands royaumes, ses grands ensembles… Car, paradoxalement, en la bouleversant, en la ravageant, en la déséquilibrant et en la harcelant, les Vikings contribueront à faire émerger (voire créer) certains royaumes/états (comme la future Ukraine, la future Russie, l’Islande…) et à en faire s’unifier d’autres (comme l’Angleterre) – lire aussi mes nombreux articles sur les Vikings)

Mais vous me direz : en quoi les attaques vikings (surtout danoises, en l’occurrence, mais aussi norvégiennes) ont-elles contribué à faire émerger le royaume d’Ecosse à partir des précédents royaumes pictes et scots ?

Comme ailleurs, les Vikings, à partir de 793 et du sac de Lindisfarne (en réalité, à partir même de 789, à Portland, mais le sac du monastère de Lindisfarne a tellement frappé les esprits qu’il est traditionnellement retenu comme la date marquant le début de l’ère viking) pillent et razzient les côtes du Royaume-Uni actuel (Angleterre, Ecosse, Pays de Galles, Irlande), écument ses fleuves, incendient ses villes et détruisent ses monastères et abbayes. Date cruciale pour l’Ecosse : en 795, l’abbaye d’Iona est pillée.

Tandis que les Norvégiens s’en prennent au nord et à l’ouest du Royaume-Uni actuel (Shetland, Orcades, Hébrides intérieures, Hébrides extérieures, nord et ouest de l’Ecosse – Caithness, Galloway, Sutherland –, Irlande), les Danois harcèlent les côtes est et sud de l’île principale (Est-Anglie, Kent, Mercie, Northumbrie, Sussex…). 

En Ecosse, les Pictes (peuple celte d’origine, rappelons-le), résistent vaillamment aux Vikings mais ne peuvent s’opposer à leur établissement sur les îles et les rivages septentrionaux et occidentaux de leur chère Calédonie. Très vite, les Vikings s’emparent des Hébrides, des Orcades, des Shetland et de toute la côte occidentale de la Calédonie.

Au sud, au niveau des Lowlands actuels, Les Vikings s’emparent aussi de la Northumbrie, qui est intégrée à leur tout nouveau royaume d’York, ainsi que d’une partie du Galloway…

… l’Ecosse s’unit

En 839, le roi Eoganan (fils d’Oengus II), à la tête d’une coalition scoto-picte, meurt face aux Vikings. Cette bataille est un tel désastre sur le plan humain que certains historiens la compareront à la défaite historique de Jacque IV contre les Anglais à Flodden en 1513, une défaite qui faillit bien avoir pour conséquence de voir le royaume d’Ecosse disparaître.

En 843, Kenneth Mac Alpin, roi des Scots de Dalriada, accède au trône picte et unit Scots et Pictes de l’est (mais pas les Pictes du royaume de Moray, dans l’extrême-nord) en fondant le royaume d’Alba (que je mentionne à de nombreuses reprises dans Pour l’amour d’une Sasunnach), nom gaélique médiéval de l’ancien royaume d’Ecosse (à l’origine, donc avant la fondation de ce royaume, ce terme gaélique servait à désigner toute la Grande-Bretagne).

Pour de nombreux historiens, cette « union » constitue l’acte de naissance de l’Ecosse. Certains auteurs appellent ce royaume Scotia. Ce sont donc évidemment les Scots qui donneront son nom définitif à l’Ecosse (Scotland, littéralement « la terre des Scots »).

A noter : cette union, selon la légende, se serait faite au prix d’une cruelle trahison de la part de Mac Alpin, qui aurait profité de l’affaiblissement des forces pictes face aux Vikings pour lancer un raid contre le Pictland (ou « Pictavia »), puis de sa victoire pour convier les nobles pictes à un banquet diplomatique de négociation à Scone, puis de ce banquet pour les faire assassiner et pour réclamer le royaume picte de Fortriu (qui aurait à cette époque occupé la partie est de l’Ecosse, le royaume de Moray occupant le nord…)

En réalité, la réelle genèse du royaume d’Alba, qui émerge à cette époque, reste inconnue, et la figure de Kenneth Mac Alpin largement indéterminée, voire en partie légendaire… Certains pensent que Kenneth aurait tout simplement eu accès au trône picte par le biais de la transmission matrilinéaire de celui-ci, comme d’autres étrangers avant lui. Mac Alpin n’en aurait pas moins transféré les reliques de saint Colomba à Dunkeld (près d’Edimbourg), faisant de cette ville de l’est la capitale de ce nouveau royaume (le centre du pouvoir restera autour de Dunkeld, Scone et Stirling, puis d’Edimbourg). Mais ce sera Donald II qui, à la fin du IXe siècle, sera le premier à porter véritablement le titre de roi d’Alba.

Hélas (pour nous autres passionnés d’Histoire et d’ethnologie), cette union rime très vite avec dissolution de la culture picte (au profit de la culture scots) : officialisation du gaélique (langue des Scots) comme langue de cour, scotisation du Pictland, annihilation de la culture picte… Entre la fin du IXe siècle et la fin du Xe siècle, le terme de « Pictes » disparaît peu à peu, de même que leurs coutumes, héritages, caractéristiques principales… et jusqu’à leur langue, au XIIe s. Des historiens parlent néanmoins davantage d’une acculturation que d’une éradication en règle de la culture picte (même si celle-ci aura été considérablement mise à mal par les invasions vikings, les velléités chrétiennes et la domination scots).

Entre la fin du Xe et le XIIe siècle, Alba annexe petit à petit :

  • au sud-est de sa frontière, le nord de la Northumbrie (=région du Lothian)
  • au sud-ouest, le Strathclyde des Bretons (dont la moitié sud sera finalement reprise par l’Angleterre un peu plus tard, donc l’Ecosse ne s’empare in fine que de la partie nord du Strathclyde)
  • au nord, le royaume picte de l’extrême nord (Moray)
  • au sud, à nouveau, le Galloway

Au XIe siècle, Scots de l’ouest, Pictes du nord et de l’est, Bretons et Angles des Lowlands (anciens Strathclyde et Northumbrie) ont fusionné dans une monarchie stable. Orcades, Hébrides, Shetland, comtés de Caithness et Sutherland (extrême-nord) restent néanmoins aux Vikings (qui les ont ravis respectivement aux Pictes et aux Scots). Ce n’est qu’au XIIIe siècle que les Ecossais parviennent à récupérer les Hébrides, et au XVe seulement qu’ils récupèreront enfin les Orcades et les Shetland (voir encore une fois, mon roman Shaena).

Conclusion

Tard venus dans l’Histoire de l’Ecosse, comme les Francs en Gaule, « les Scots devaient finir, après quelques siècles de luttes et de succès et revers alternés, par en dominer la totalité du territoire et par lui donner leur nom (Scotland). Ils furent en cela grandement aidés par la force conquérante du christianisme qu’ils avaient apporté d’Irlande et qui, grâce à eux, s’étendit aux Pictes (…). L’évangélisation de saint Colomba et de ses disciples joue un rôle essentiel dans la naissance de la nation écossaise » (http://terrescontees.free.fr/evenements/pictes_scots.htm)

NB : en anglais, « Scots » signifie aujourd’hui « Ecossais », « Scottish people » ; pour parler des Scots d’origine venus d’Irlande et ne pas les confondre avec les Ecossais moderne, on emploie donc plutôt le terme de « Gaels » : « The Scottish people (ScotsScots FowkScottish GaelicAlbannaich) or Scots, are a nation and ethnice group native to Scotland. Historically, they emerged from an amalgamation of two Celtic-speaking peoples, the Picts and Gaels, who founded the Kingdom of Scotland (or Alba) in the 9th century. Later, the neighbouring Celtic-speaking Cumbrians, as well as Germanic-speaking Anglo-Saxons and Norse, were incorporated into the Scottish nation. In modern usage, « Scottish people » or « Scots » is used to refer to anyone whose linguistic, cultural, family ancestral or genetic origins are from Scotland. The Latin word Scoti originally referred to the Gaels, but came to describe all inhabitants of Scotland» https://en.wikipedia.org/wiki/Scottish_people

Pour l’anecdote : les Scots n’ont rien à voir avec le scots…

Hein ? Qu’est-ce qu’elle dit ?

Une remarque s’impose : il existe aujourd’hui encore une langue régionale, en Ecosse, qui s’appelle le scots. Et qui, ô surprise :

  • d’une, ne concerne absolument pas les Highlands de l’ouest ou les îles, mais les Lowlands du sud et de l’est (!!!)
  • de deux, n’a rien à voir avec le gaélique écossais introduit par les Scots
  • de trois, n’a rien à voir non plus avec les Scots en général
  • et de quatre, qui, n’est pas non plus l’anglais dans sa variante écossaise !

Ben, OK, mais alors, le scots, qu’est-ce que c’est ?

En réalité, il s’agit d’un idiome régional propre aux Lowlands (où on l’appelle aussi lallans) dont une variante se trouve être également pratiquée en Irlande du nord, dans l’Ulster, non pas, encore une fois, parce qu’il y aurait un lien quelconque avec les Scots du Ve siècle (j’avoue que c’est piégeux), mais tout simplement parce que la langue scots des Lowlands écossaises y fut introduite à l’époque moderne aux XVe et surtout XVIIe siècles, à l’époque des « plantations de l’Ulster », quand nombre de Lowlanders allèrent s’installer en Irlande du nord-est (au cours de diverses politiques de colonisation de l’Irlande par la royauté anglaise – plus de détails ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Plantations_en_Irlande#Les_plantations_de_l’Ulster). Mais, à l’origine, il s’agit bien d’une langue parlée dans les Lowlands du sud et de l’est écossais, où il existe sous la forme de nombreux dialectes selon que l’on se trouve sur la côte est du côté d’Aberdeen, au niveau de la ceinture méridionale de l’Ecosse, etc. Des dialectes scots seraient même parlés jusque sur les côtes nord du pays, dans les Orcades et dans les Shetland (mais pas dans les Highlands, où le gaélique est toujours resté roi).

Cette langue n’a rien à voir avec le gaélique (ni irlandais, ni écossais) au sens où il s’agit d’une langue d’origine germanique, dérivée du vieux northumbrien. Rappelons en effet que, durant le Haut Moyen Âge, toute la partie sud-est de l’actuelle Ecosse (Lothian, Selkirkshire, Peeblesshire, Berwickshire, Roxburghshire actuels) appartient à un royaume germanique, la Northumbrie des Angles. Pour rappel, voyez la place qu’occupe, du VIe au Xe siècle, la Northumbrie.

C’est donc au VIIe siècle, dans le vieil anglais, et plus précisément dans le vieux northumbrien, une de ses variantes parlées dans le nord, au nord de la rivière Humber (d’où le nom de « Nort-humbrie »), que le scots trouve ses racines (bien avant l’invasion des Normands de Guillaume le Conquérant en 1066). En effet, au cours du Moyen Âge, le parler northumbrien se répand en Ecosse au détriment de la langue picte, tout d’abord dans les Lowlands du sud-est bien sûr, en toute logique (puisqu’il s’agit, pendant des siècles, d’une partie de la Northumbrie), puis plus au nord, sur la côte est-écossaise : ce succès vient peut-être du fait qu’à Edimbourg, future capitale, située à la frontière entre Northumbrie et terres pictes, on adopte le northumbrien assez tôt.

La langue subit bien sûr l’influence du gaélique écossais, qu’elle côtoie, et plusieurs échanges de vocables sont attestés entre les deux langues ; mais le scots reste une langue fondamentalement germanique et très proche de l’anglais.

Le scots est distinct de l’anglais écossais d’aujourd’hui, qui n’est ni plus ni moins que l’anglais parlé en Ecosse, donc à la sauce locale (un peu comme l’« américain ») : cet anglais est bien sûr teinté de spécificités venues du scots, mais il n’en s’agit pas moins de deux langues bien distinctes : l’anglais est la langue officielle du pays, le scots une langue régionale reconnue en tant que telle, au même titre que le gaélique écossais.

En outre :

  • le scots n’est absolument pas réglementé : il n’existe aucune orthographe standard !
  • le scots n’a pas subi la même influence française que l’anglais (à partir, justement, de l’invasion normande des troupes de Guillaume) : rappelons que, pendant des siècles, du XIe au XVe siècle, l’Angleterre sera gouvernée par des dynasties françaises (la maison de Normandie, puis les Plantagenêt…) et que le français est alors langue de cour : il influencera considérablement la langue anglaise… mais le scots, beaucoup moins.
  • le scots reste donc plus proche du vieil anglais (langue germanique à l’origine) que l’anglais moderne et a subi moins d’altérations (notamment normandes) au fil du temps
  • le scots fut en revanche influencé par les langues scandinaves du fait des invasions vikings tant en Ecosse que sur les côtes northumbriennes
  • en somme, le scots est aussi proche et distinct de l’anglais que le norvégien ou le suédois le sont du danois, par exemple.

Le scots émerge donc dans le sud-est des Lowlands (= le nord de l’ancienne Northumbrie) puis se répand le long des côtes. Il finira par être parlé jusque dans les Orcades et les Shetland en suivant la côte nord-est de l’Ecosse, et dans l’Ulster, comme dit précédemment, mais très tardivement. On voit très bien la diffusion de cette langue sur la carte suivante :

L’anglais ne viendra peu à peu concurrencer le scots en Ecosse qu’à partir des guerres d’indépendance écossaises (début du XIVe siècle), mais plus encore au XVIIe siècle, quand les deux couronnes anglaise et écossaise se rapprochent officiellement pour la première fois, avec un seul et même roi (Jacques VI d’Ecosse et Ier d’Angleterre) à la tête des deux royaumes, puis avec l’Acte d’Union fondant la Grande-Bretagne en 1707.

En 2011, 1.5 millions de personnes affirmaient pouvoir parler le scots en Ecosse. En fait, d’après wikipedia, il semblerait que la langue parlée quotidiennement par les Ecossais aujourd’hui se trouve quelque part entre l’anglais et le scots, se rapprochant tantôt davantage de l’un, tantôt davantage de l’autre selon les circonstances et interlocuteurs :  « today, in Scotland, most people’s speech is somewhere on a continuum ranging from traditional broad Scots to Scottish Standard English. Many speakers are either diglossic and/or able to code-switch along the continuum depending on the situation in which they find themselves. Where on this continuum English-influenced Scots becomes Scots-influenced English is difficult to determine.”

Quelques sources

https://en.wikipedia.org/wiki/Scots_language

https://fr.wikipedia.org/wiki/Scots

https://fr.wikipedia.org/wiki/Scots_d%27Ulster

https://en.wikipedia.org/wiki/Scots_language

https://fr.wikipedia.org/wiki/Langues_en_%C3%89cosse

https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A1l_Riata

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_peuples_celtes_de_Grande-Bretagne

http://www.branche-rouge.org/les-articles/tous-les-articles/histoire-et-culture/les-iles-britanniques/pictes-gaels-et-scots

http://lheritagederagnarr.e-monsite.com/pages/contexte-historique-des-royaumes-pictes-et-scots.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cosse_au_haut_Moyen_%C3%82ge

http://terrescontees.free.fr/evenements/pictes_scots.htm

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cosse_au_temps_de_l%27Empire_romain

Illustration de l’article : https://www.cineserie.com/news/cinema/braveheart-sur-cherie-25-retour-sur-la-veritable-histoire-de-william-wallace-3851289/

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