L'Histoire (la grande !)

De William Wallace à Robert Bruce, les Guerres d’indépendance écossaises

Introduction

Cet article traitant du Moyen Âge tardif écossais, et plus particulièrement de la période 1296-1357 et de ses deux guerres d’indépendance contre l’Angleterre, fait suite à une série de topos et synthèses concernant jusque-là :

Nous avons notamment vu, au cours de ce dernier article, que du IXe au XIIe s., le jeune royaume d’Ecosse impose son hégémonie sur lapartie nord de l’île de Bretagne ; mais qu’au sud, l’Angleterre s’est aussi formée et que l’Ecosse n’a su l’empêcher de se mêler de ses affaires dès l’arrivée de Guillaume le Conquérant sur le sol anglais – et que, d’ailleurs, à bien des reprises, l’Ecosse s’est elle-même mêlée des affaires internes de l’Angleterre, par exemple lors de la période de l’Anarchie (XIIe siècle) ou dès qu’une révolte des barons anglais contre leur roi était à soutenir.

Dès le Xe siècle, l’Angleterre, fort puissante, et déjà en avance économiquement, ne cesse de profiter des guerres civiles et des rivalités séculaires entre clans écossais pour tenter d’étendre son influence et de la tenir sous son emprise. Elle parvient très vite à lui imposer une forme de vassalité, dont l’Ecosse (qui en raison de ces incessantes querelles et dissensions entre tribus et clans celtiques, ne réussit jamais à constituer un grand royaume unifié) ne parvient jamais totalement à se libérer. Régulièrement, les monarques écossais sont contraints, à une occasion ou l’autre, de prêter hommage au roi d’Angleterre, tantôt pour leurs seules possessions en Angleterre (comtés, terres…), tantôt au nom… de l’intégralité de l’Ecosse. En tout état de cause, le Moyen Âge central (Xe-XIIIe siècle est une période durant laquelle la question de la vassalité de l’Ecosse vis-à-vis de l’Angleterre n’a cessé de renaître, à intervalles réguliers.

La mort d’Alexandre III et la crise de succession

C’est donc avec des siècles de « semi-vassalité » derrière elle que l’Ecosse doit affronter la crise de succession qui s’ouvre avec la mort d’Alexandre III en 1286 : en effet, lorsqu’Alexandre meurt, ses trois enfants (deux fils et une fille mariée au roi de Norvège Eric II) viennent de mourir, en l’espace de trois ans à peine. Le trône revient donc à la petite-fille d’Alexandre, Marguerite, « La Vierge de Norvège » (fille du roi de Norvège et de la fille d’Alexandre).

Problème : Marguerite est une fille (aucune femme n’a jamais régné sur l’Ecosse jusque-là), n’a que trois ans… et meurt dans les Orcades en 1290, lors du voyage devant l’amener à prendre possession de son nouveau royaume (Alexandre, en hâte, avait pris toutes les dispositions nécessaires pour la faire reconnaître comme héritière par l’aristocratie écossaise avant de mourir).

Alexandre était fils unique. Son père Alexandre II l’était aussi. C’est la crise. Pas moins de treize prétendants au trône se bousculent. En quelques années à peine, la situation de la couronne écossaise a viré du tout au tout : après deux siècles et demi aux mains d’une seule et unique dynastie (la maison de Dunkeld) ; après plusieurs règnes particulièrement longs, notamment ceux des trois derniers rois, Guillaume II Le Lion, Alexandre II et Alexandre III (respectivement 49 ans, 35 ans et 37 ans de règne) et une relative stabilité dans le royaume ; après enfin plusieurs décennies où l’on croyait la succession d’Alexandre assurée (deux fils, une fille, une petite-fille), c’est le drame : les trois enfants d’Alexandre meurent juste avant leur père, entre 1281 et 1284 ; le roi meurt lui-même en 1286 et sa seule et dernière héritière, la petite Marguerite, en 1290, le suit dans la tombe à l’âge de seulement 7 ans, en se rendant pour la première fois en Ecosse pour assurer son rôle de suzeraine sous la surveillance des Gardiens (membres d’un conseil créé pour gouverner le pays pendant l’absence et la minorité de Marguerite). En quelques années à peine, l’Ecosse, convoitée et traitée en province depuis longtemps par l’Angleterre, est passée d’une monarchie encore solide, capable de faire face aux velléités anglaises, à une royauté en péril.

Treize prétendants au trône se mettent donc à fragiliser le pays de leurs ambitions respectives (ils avaient d’ailleurs déjà commencé à se manifester pendant le court « règne à distance » de la petite Marguerite). Pire ! Pour éviter une guerre civile, les Gardiens de l’Ecosse commettent l’erreur de prendre Edouard Ier d’Angleterre comme arbitre (Edouard d’Angleterre qui, au passage, avait déjà commencé à s’immiscer dans la crise en reconnaissant sa petite-nièce Marguerite de Norvège comme reine et en admettant l’indépendance – toute relative – de l’Ecosse, à condition que les aristocrates écossais signent le traité de Birgham promettant la très jeune souveraine à son fils – et unissant par là même, le jour du mariage, Ecosse et Angleterre sous un seul couple royal –) ; Marguerite mourra dès 1290, comme on l’a vu, et le mariage n’aura donc pas lieu, mais cette affaire montre la position de supériorité dont jouissait alors le roi d’Angleterre, qui s’octroyait – ou à qui on octroyait – déjà le droit de « reconnaître » (ou non) la nouvelle souveraine et d’imposer ses conditions (notamment, ce projet de mariage)… (peut-être parce qu’il était le grand-oncle de Marguerite, donc reconnu comme un tuteur « naturel » ?)

Toujours est-il qu’après la mort de Marguerite, Edouard conserve ce rôle de conseiller-tuteur que les Gardiens lui ont accordé.

Parmi les prétendants au trône :

  • des membres des diverses branches cadettes de la maison de Dunkeld
  • des descendants de bâtards de divers rois écossais (Guillaume Ier, David Ier, Alexandre II…)
  • et même le roi Eric de Norvège (gendre d’Alexandre III et père de la petite Marguerite).

Si l’identité de tous ces prétendants vous intéresse, vous pouvez les trouver ici et .

Edouard, bien sûr, voit là quant à lui l’occasion d’annexer l’Ecosse une bonne fois pour toutes, tout comme le Pays de Galles l’a été avant elle (c’est le rêve de presque tous les rois d’Angleterre depuis Edgar au Xe siècle que de régner sur toute la Grande-Bretagne). Il accepte donc ce rôle d’arbitre et c’est en tant que « Lord Paramount » (« seigneur prépondérant »… le terme en dit long…) qu’il entre en Ecosse en 1291… avec son armée !

Et là, ça se tend :

  • Edouard reste sur place, avec son armée (« au cas où »), le temps des délibérations ;
  • Il fait recueillir, « dans toutes les archives et dans toutes les bibliothèques, des « preuves » de l’ancienne sujétion des rois d’Ecosse et de leurs sujets à la couronne d’Angleterre, remontant jusqu’en 961 » (Michel Duchein) et fait largement diffuser le résultat de ces recherches afin que nul de puisse les ignorer ;
  • Il ordonne, en tant que « Lord Paramount » d’Écosse, que tous les châteaux d’Écosse soient « temporairement » placés sous son contrôle ;
  • Il ordonne que les fonctionnaires écossais soient démis et leurs fonctions (qu’il redéfinit lui-même) ;
  • Il impose ses termes et conditions ;
  • Il se fait jurer allégeance par les Gardiens et tous les principaux nobles écossais rassemblés ;
  • Dans la foulée, il se fait rendre hommage par tous les Ecossais, qui doivent s’y conformer soit en personne, soit dans un centre spécifié avant une date précise (27 juillet 1291) ;
  • A l’issue des rencontres et délibérations durant lesquelles les treize prétendants plaident leur cause respective (dans ce qui fut connu ultérieurement sous le nom de « Great Cause »), les 104 arbitres devant trancher (dont 24 choisis par Edouard lui-même et 40 par chacun des deux derniers prétendants en lice, jugés les plus sérieux) ne parviennent pas à se mettre d’accord quant au nom du successeur : Edouard les convainc qu’en tant que Lord Paramount d’Écosse, c’est à lui que revient le droit ultime d’attribuer la couronne d’Écosse comme bon lui semble, comme il octroierait une simple baronnie.

On explique la soumission des Ecossais à tous ces termes et conditions par le fait qu’au moment où Edouard pénètre en Ecosse avec ses forces armées :

  • L’Ecosse n’est pas prête pour un affrontement armé (pas de chef, d’armée rassemblée)
  • La plupart des grands nobles écossais possèdent des terres en Angleterre et/ou tirent leurs revenus du commerce avec l’Angleterre (et la France) : ils n’osent défier Edouard, de peur de perdre ces revenus et privilèges.

Ainsi donc, les grands du royaume se soumettent, acceptent le titre de « Lord Paramount » d’Edouard et son verdict final.

Des deux prétendants les plus sérieux à la couronne écossaise, Robert Bruce (seigneur d’Annandale) et Jean Baliol (seigneur de Galloway) – Jean de Hastings, également prétendant sérieux, voulait diviser le royaume en trois et avait, à ce titre, été écarté –, Edouard tranche finalement en faveur du second, à condition que celui-ci se pose en vassal (et le reconnaisse donc comme suzerain) – un refrain qu’on a déjà vu plusieurs fois de par le passé (cf. mon article sur l’Ecosse médiévale), mais qui commence à se durcir…

Jean Baliol accepte et est sacré en novembre 1292 ; un mois plus tard, il rend hommage à Édouard Ier pour le royaume d’Écosse. L’Ecosse est (à nouveau…) officiellement vassale de l’Angleterre.

La tension monte

Les problèmes, cependant, ne font que commencer.

  • Tout d’abord, Jean Baliol est jugé trop faible par ses compatriotes face aux revendications d’Edouard (notamment sur divers points juridiques) ; ils lui imposent l’aide d’un conseil (assez fortement antianglais) pour raffermir sa position.
  • Ensuite, les exigences d’Edouard sont jugées excessives (on a pu voir que le roi d’Angleterre se montrait particulièrement gourmand… De fait, dans les années qui suivent le couronnement de Jean, Edouard ne cesse de l’humilier et de chercher à réaffirmer sa suzeraineté par toutes sortes de déclarations et de coups d’éclat)
  • Enfin, lorsqu’Edouard réclame une armée écossaise pour envahir la France en 1294, Jean Baliol refuse, rompt son serment d’allégeance et préfère s’allier avec les Français en 1295 : il rassemble le parlement, se constitue un conseil de guerre et décide avec eux d’envoyer des émissaires en France prévenir Philippe IV le Bel des intentions des Anglais. Une alliance est scellée entre les deux pays, qui durera officiellement jusqu’en 1560 mais ne quittera jamais totalement les esprits par la suite et vaudra à l’Ecosse et à la France d’entretenir toujours des rapports particulièrement étroits, notamment culturels et affectifs, jusqu’à aujourd’hui : c’est l’Auld Alliance (que De Gaulle qualifiera plus tard, un peu pompeusement peut-être, de « plus vieille alliance du monde »…Voir mon article sur le grand amour franco-écossais). Il est convenu que les Écossais envahiraient l’Angleterre si celle-ci envahissait la France et vice-versa, et que le fils de Jean, Edouard de son prénom (comment voulez-vous qu’on s’y retrouve !!), épouserait la nièce de Philippe IV, Jeanne de Valois.

A ce titre, Jean Baliol rompt deux serments (au moins) :

  • sa promesse de loyauté envers son suzerain, Edouard (donc le droit féodal)
  • le traité signé en 1244 à Newcastle par Alexandre II, par lequel l’Ecosse s’engageait à ne conclure aucune alliance avec les ennemis de l’Angleterre à moins d’être attaquée (par cette dernière) la première…

Edouard d’Angleterre masse ses forces dans le nord et renforce la frontière. En retour, Jean Baliol demande à tous les Ecossais valides de prendre les armes de se diriger vers le sud. C’est le moment que choisissent nombre de nobles (dont Robert Bruce, le fils du prétendant au trône du même nom quelques années plus tôt !!) pour ne pas se rallier à lui… En réalité, les « guerres d’indépendance écossaises » tiendront autant de la guerre contre l’extérieur (l’armée anglaise) que de la guerre civile…

La guerre éclate

En 1296, Edouard envahit l’Ecosse. C’est le début officiel de ce qu’on nommera les « guerres d’indépendance écossaises ».

L’Ecosse, jusqu’alors, n’avait guère été épargnée par la brutalité de l’Histoire médiévale. Mais avec la mort d’Alexandre – et de Marguerite – et les débuts de Jean Baliol, elle plonge résolument dans une des pires périodes qu’elle aura jamais à traverser : ses premières véritables guerres contre un ennemi redoutablement puissant : l’Angleterre.

Au début, tout va très vite. La victoire anglaise est aussi écrasante que fulgurante :

  • sac de Berwick (la ville la plus riche et la plus prospère d’Ecosse !)
  • victoire anglaise à la bataille de Dunbar
  • soumission de nombre de nobles écossais à Edouard, même parmi les rangs rebelles et antianglais
  • entrée d’Edouard à Edimbourg, Scone, Perth, Brechin
  • soumission, abdication, humiliation, dégradation publique et emprisonnement de Jean Baliol avec son fils et ses alliés, les Comyn
  • transport de la pierre du destin de l’abbaye de Scone à celle de Westminster (aussi dite « pierre de Scone », cette pierre était utilisée lors de la cérémonie de couronnement des rois écossais, qui étaient sacrés debout sur la pierre probablement depuis Kenneth MacAlpin au  IXe siècle ; « Selon la tradition, aucun roi ne pouvait régner sur l’Écosse sans s’être assis sur la pierre de Scone, et selon une autre tradition, le royaume appartiendrait aux Écossais tant que la pierre resterait dans leur pays » – Wikipedia, article sur la pierre de Scone ; cette pierre aurait même été apportée d’Irlande par les Scots au tournant du VIe siècle après JC, dans le cadre de leur royaume de Dalriada…) : en bref, un déplacement hautement symbolique et lourd de conséquences ! La pierre fut placée sous la King Edward’s Chair sur laquelle les souverains anglais s’asseyaient pour être couronnés, afin de symboliser la domination d’Edouard tant sur l’Angleterre que sur l’Ecosse, et la sujétion de l’Ecosse à l’Angleterre
  • transport en Angleterre des joyaux de la Couronne écossaise, des archives royales et des reliques de la Vraie Croix
  • soumission de la plus large partie du pays
  • serment d’allégeance renouvelé par les nobles écossais à Berwick
  • annulation et destruction du traité d’alliance avec la France (tous ses signataires durent officiellement le désavouer et prêter à nouveau hommage à Edouard)
  • refus à Robert Bruce de la couronne qu’il est venu réclamer…
  • nomination de capitaines anglais à la tête des châteaux pris
  • nomination d’un Gardien, d’un trésorier et d’un juge anglais pour gouverner l’Ecosse
  • partage des terres des Baliol et des Comyn (leurs alliés) entre des seigneurs anglais et écossais (y compris, encore une fois, le jeune Robert Bruce, fils du prétendant du même nom de 1290, qui reste dans les starting-blocks)

S’ouvre pour l’Ecosse une période de tourments et de combats acharnés. Pendant dix ans, elle restera dépourvue de roi…

Mais la victoire anglaise est de courte durée. Dès 1297, une révolte menée par le très célèbre William Wallace (immortalisé par Mel Gibson dans son superbe Braveheart), par Andrew de Moray et d’autres nobles écossais, contraint les Anglais à reprendre la guerre. Cette première guerre d’indépendance sera marquée par plusieurs phases et faits marquants :

  • la victoire écrasante des Anglais dans un premier temps (on vient de la voir), en 1296 ;
  • l’épopée de Wallace (simple homme du peuple venu de l’Ayrshire !) et ses grandes victoires en 1297 et 1298 (bataille de Stirling, notamment) – on retrouve là le contexte du film Braveheart : révolte de Lanark, guérillas, massacres de garnisons anglaises, actes de résistance, abris dans la lande et la forêt, attaques-surprises, harcèlement, célébrité et popularité de Wallace, raids sur le nord de l’Angleterre… Ses troupes grossissent, nombre de résistants se rallient à lui, et jusqu’à Robert Bruce le Jeune, (attention, le petit-fils, cette fois, de l’ancien prétendant au trône ! Pour la première fois, un membre de la famille des Bruce s’oppose à l’Angleterre ! Mais pas pour longtemps…). En mars 1298, William Wallace est nommé « Gardien de l’Ecosse » ;
  • la défaite de Wallace à Falkirk en 1298 (peut-être suite à une trahison, et en tout cas grâce aux flèches anglaises…) : Wallace doit se résigner à vivre caché, il renonce à son statut de Gardien et part en France chercher l’alliance du roi, et peut-être même à Rome, pour obtenir celle du pape ;
  • la relève de Wallace prise par d’autres « Gardiens » après 1298, notamment Robert Bruce, John Comyn, John de Soules et William de Lamberton, évêque de St Andrews ;
  • la réaffirmation de la suprématie d’Edouard avec plusieurs victoires anglaises de 1299 à 1304 (un temps occupé par les Français sur le continent, il se précipite en Ecosse sitôt la paix signée avec la France… ; son retour au pays rime avec une reprise des choses en main très ferme – de mémoire, ceci est très bien retranscrit dans le film Braveheart) ;
  • la soumission de nobles écossais en 1304 (y compris les Bruce et les Comyn) ;
  • la capture, la torture et l’exécution de William Wallace par Edouard en 1305 (avec le supplice très spécifique réservé aux cas de trahison…) ;
  • la mise en place d’un conseil de 24 membres placés sous la férule d’un gouverneur anglais et, au-dessus de lui, du roi d’Angleterre (qui reste le maître)

Puis, après un très bref moment de répit, les hostilités reprennent :

  • le meurtre de John Comyn (qui l’aurait trahi/trompé/piégé, selon les versions) par Robert Bruce (toujours le petit-fils du prétendant au trône de 1290) en 1306, meurtre faisant de lui un hors-la-loi et condamnant Robert, de façon presque involontaire, à se battre pour échapper à la justice royale (anglaise) ;
  • l’association de Bruce et de Lamberton (et même de l’Eglise écossaise au sens large, très antianglaise) pour poursuivre la lutte : derrière Bruce, le drapeau de la rébellion se relève (avec bien moins de panache, de combativité, d’héroïsme et de patriotisme qu’avec le fervent Wallace, nous sommes d’accord, d’autant que les Bruce auront souvent très servilement suivi et servi le roi d’Angleterre depuis 1290, on l’a vu… ; mais avec, en revanche, du sang royal et de nombreux féaux dans le panier, ce qui aide un peu…) ;
  • le couronnement (illégal, aux yeux de l’Angleterre) de Bruce (toujours en 1306) ;
  • les débuts très difficiles de Bruce (défaites militaires, Ecosse du Sud occupée par les troupes anglaises, partisans pendus, décapités, emprisonnés, fuite dans les montagnes, hiver 1307 passé caché dans une grotte, désespoir, quasi-renonciation, patrimoine des Bruce pillé, épouse de Bruce emprisonnée en Angleterre, trois jeunes frères de Bruce pendus, excommunication de Bruce par le pape pour le meurtre de Comyn… bref, l’horreur !) ;
  • la mort (salvatrice) de l’implacable et cruel Edouard Ier, à laquelle finalement l’Ecosse aura peut-être valu sa victoire. A sa mort, Edouard se donne lui-même le surnom de « Marteau de l’Ecosse »… C’est la fin d’un règne terrible ; son fils, Edouard II, faible, cupide, obstiné et sournois (bref, beaucoup moins « prometteur » que son père), monte sur le trône…
  • les campagnes de Bruce de 1308 à 1314 (grandes prises et batailles : Methven, Dalrigh, Loch Ryan, Turnberry, Glen Trool, Loudoun Hill, Slioch, Inverurie, la Dee, passe de Brander, château de Roxburgh, château d’Edimbourg…) jusqu’à la célèbre victoire écossaise de Bannockburn en 1314 ; une véritable épopée que les conteurs et chroniqueurs ne tarderont pas à teinter de chevaleresque, à qui Bruce devra pour beaucoup l’image dorée dont il se parera dès lors (en flagrant contraste avec ses débuts pour le moins… « hésitants »… et plus égocentriques que patriotiques…) : « De part et d’autre, des atrocités marquent les avancées et reculs des uns et des autres : incendies, villages ravagés, troupeaux décimés, arbres coupés, récoltes détruites. Ce sont des années d’aventures, d’embuscades, de poursuites dans les forêts, les marais et les montagnes, d’actions d’éclat, de combats singuliers, de prouesses individuelles, d’actes de dévouement, de trahisons aussi. Tout cela alimentait les récits des chroniqueurs, comme un beau livre d’images aux vives couleurs. On y voyait le roi Bruce tantôt presque capturé, tantôt accueilli par une vieille paysanne dans sa chaumière, perçant trois oiseaux d’une seule flèche, épargnant chevaleresquement la vie d’une troupe d’Anglais surprise dans son sommeil – tous les éléments d’une légende héroïque, à mi-chemin de Robin des Bois et de Lancelot du Lac, que le poète John Barbour mettra bientôt en vers sous forme d’une épopée, The Brus, vite populaire et destinée à le rester. » (Duchein Michel, Histoire de l’Ecosse, Fayard.) La bataille de Bannockburn, pour sa part, aurait été la plus dure défaite subie par les Anglais depuis l’invasion de Guillaume le Conquérant (1066).

L’entre-deux-guerres

Après 1314, Robert règne enfin officiellement sur l’Ecosse. Il s’attèle à la reconstruction du pays, à la redynamisation de l’économie, à la remise en ordre des affaires du royaume et à l’assurance de sa succession (fragilisée par la mort de son dernier frère en Irlande) : il est convenu qu’en l’absence d’autres enfants (et notamment de fils), ce serait son petit-fils, Robert Stewart (le fils de la fille de Robert et de son mari, Walter Stewart – qui, oui, donnera son nom à la dynastie suivante…), qui lui succèderait.

Les années 1314-1328 sont aussi celles de diverses campagnes militaires écossaises en Irlande (contre les velléités anglaises) et dans le nord de l’Angleterre (raids réguliers sur le Northumberland, le Cumberland etc.), mais aussi d’un événement majeur : la célèbre déclaration d’Abroath, lettre adressée en 1320 au pape et par laquelle les nobles et grands prélats écossais, excédés par le pontife (qui refuse de reconnaître Robert comme roi d’Ecosse), se lancent dans le récit de la longue épopée de leur peuple et plaident leur cause avec toute la pompe médiévale, afin d’attendrir le Saint Père. Il s’agit d’un texte classique de l’Histoire d’Ecosse, toujours très étudié.

D’autres démarches diplomatiques suivent et les relations avec Edouard II s’adoucissent peu à peu. L’épouse de Robert, à quarante ans, lui donne finalement un fils, David, désigné désormais comme héritier (à la place du neveu de David et petit-fils de Robert Bruce, Robert Stewart).

Mais Robert fatigue et perd la santé. La longue guerre scotto-anglaise prend fin avec l’assassinat d’Edouard II par sa femme (Isabelle, fille de Philippe le Bel – Sophie Marceau dans Braveheart, où on la voit qui ne porte guère son mari dans son cœur, dès les premières années de leur union, même si cette partie-ci du film est anachronique…) et l’amant de celle-ci, Roger Mortimer : Mortimer devient régent au nom du fils d’Isabelle, le futur Edouard III, et signe finalement la paix avec l’Ecosse après une nouvelle invasion du nord de l’Angleterre par Robert, épuisé et plus que jamais désireux de faire reconnaître ses droits et ceux de sa descendance : c’est le traité d’Edimbourg-Northampton. L’Ecosse est reconnue comme totalement indépendante. « Conformément aux coutumes du temps, la paix ainsi conclue devait être scellée par un mariage dynastique : le 12 juillet 1328, l’enfant David d’Écosse, âgé de quatre ans, épousa Jeanne d’Angleterre, sœur d’Edouard III, son aînée de deux ans. La même année, le pape releva enfin Robert de son excommunication. Robert Bruce avait accompli l’œuvre pour laquelle il était entré en lutte vingt-deux ans plus tôt. Il mourut le 7 juin 1329. » (Michel Duchein, Histoire de l’Ecosse)

Robert Bruce n’aura pas fait montre que de qualités, surtout à ses débuts, mais il est désormais reconnu comme une des grandes figures de l’Histoire écossaise, à qui il rendit finalement, en digne successeur de William Wallace, et au terme de vingt-deux années de combats, son existence en tant que nation.

La deuxième guerre d’indépendance écossaise

Hélas ! L’histoire ne s’arrête pas là. David II hérite du trône en 1329, à la mort de son père, mais il est très jeune (il a cinq ans). Edouard III, lui, est monté sur le sien en 1327 (avec l’amant de sa mère comme régent, on l’a vu), mais il a alors quinze ans, et donc dix-sept en 1329 : il est bien plus âgé que le jeune David et, bientôt, dans la force de l’âge… Finalement, il semble bien que l’Ecosse doive attendre encore plusieurs décennies avant de parvenir à une indépendance définitive… (même si elle ne sera pas si définitive que ça, #Acted’Union #1707, mais bon, je gâche le plaisir !)

La paix est de courte durée : dès 1330, ça se corse. Edouard a 18 ans, David (sous la tutelle du comte de Moray, fidèle partisan de Bruce depuis le début), 6 à peine, et son « gardien » (Moray), héros de l’indépendance (âgé) meurt très vite (1332). Son remplaçant est loin d’avoir sa poigne : « en quelques semaines, l’Ecosse se trouva brusquement replongée aux pires moments du règne de Jean Balliol » (Michel Duchein, Histoire de L’Ecosse). Que se passe-t-il au juste ?

Il se passe que le jeune roi Edouard est de la trempe de son grand-père, le terrible Edouard Ier. Et qu’il est au moins aussi pugnace, dynamique, brutal et combatif que lui, une haute figure de la royauté médiévale (il est particulièrement bien connu des historiographes français, puisque c’est lui qui, en 1337, pour une question de succession, lancera l’Angleterre dans sa longue Guerre de Cent Ans contre la France et la conduira jusqu’à sa mort, en 1377, soit pendant 40 ans).

Dès 1330, donc, le jeune roi montre à l’Europe (et à ses sujets, pour commencer), de quel bois il se chauffe : il fait exécuter Roger Mortimer, ce traître qui a assassiné son père, Edouard II, et chasse sa mère. Puis, ni une, ni deux, il se retourne contre l’Ecosse (après tout, ce traité d’Edimbourg-Northampton lui a été plus ou moins extorqué, par l’intermédiaire de ce traître de Mortimer, et il n’est pas du tout d’accord avec l’idée d’une Ecosse indépendante) : il compte bien rétablir sur elle sa suzeraineté. Et quel meilleur allié, pour ce faire, que le fils de Jean Baliol ?

Car il convient de préciser ici que, en 1299, Jean Baliol et son fils ont été libérés par Edouard Ier sur insistance du pape et de Philippe le Bel ; qu’ils se sont réfugiés en France ; que Jean est mort en 1315, mais que son fils, âgé de 40 ans, estime que les circonstances sont enfin favorables à une revendication du trône d’Ecosse (qu’il « aurait dû » hériter de son père) pour lui-même.

Soutenu par les Anglais, des mercenaires et tous les « déshérités » (ces seigneurs écossais opposés à Bruce pendant la première guerre d’indépendance, exilés par lui après sa victoire de Bannockburn et dépossédés de leurs terres et de leurs titres au profit de ses alliés…), qui comptent bien reprendre possession de leurs fiefs, il envahit l’Ecosse par voie de mer en 1332, avec le discret (et même secret) appui d’Edouard (à qui il a probablement fait serment d’allégeance avant de se lancer).

Et c’est reparti pour, cette fois, trente ans de galère. En bref :

  • Edouard Baliol remporte la première bataille, à Dupplin Moor : le Gardien de l’Ecosse y est tué, de même que de nombreux seigneurs écossais ;
  • Il usurpe le trône et se fait couronner roi d’Ecosse ;
  • Edouard III d’Angleterre en vient même à craindre un retournement de Baliol contre lui (fort de sa victoire éclair, ne serait-il pas capable de se retourner contre l’Angleterre ?) et masse ses troupes près de la frontière ;
  • Mais Baliol renouvelle régulièrement son serment d’allégeance et promet à l’Angleterre de nombreuses terres dans les Lowlands (on revient au temps de Jean Baliol…) ;
  • L’Ecosse se divise entre partisans de David et partisans de Baliol… ;
  • Baliol se frite avec le nouveau Gardien écossais, Archibald Douglas, qui meurt finalement en 1333 (tout de même le 4e régent depuis la mort de Robert Ier 4 ans plus tôt) ;
  • Avec l’aide d’Edouard III (rassuré quant à la loyauté de Baliol, semble-t-il), l’usurpateur prend la ville de Berwick (encore et toujours la même ! Tout comme Stirling, on la retrouve de très nombreuses fois parmi les batailles, sièges et faits majeurs de ces deux guerres d’indépendance) : un désastre pour l’Ecosse sur le plan des pertes humaines ;
  • L’Angleterre occupe une bonne partie de l’Ecosse (notamment du sud) ;
  • En 1334, David II doit donc fuir en France, où Philippe VI lui offre l’asile (première manifestation de cette Auld Alliance, enfin ? Voir mon petit article sur le sujet)
  • Pendant ce temps, l’Angleterre et Baliol continuent d’envahir l’Ecosse à répétition et de ravager les campagnes ; les nouveaux Gardiens continuent la lutte mais évitent les batailles rangées, reprennent la mode de la guérilla et incitent les populations des Lowlands à se réfugier plus au nord ;
  • Plusieurs nobles se soumettent, y compris Robert Stewart, le neveu de David II et petit-fils de Robert Bruce… (mais futur roi malgré tout !!)
  • Baliol cède une bonne partie du sud à Edouard d’Angleterre (à qui il doit largement d’avoir « repris » son trône) ;
  • Les tentatives de trêves et de négociation entre les différentes parties échouent ;
  • Les Ecossais reprennent le contrôle sous Andrew Murray, le nouveau Gardien, et avec le soutien de Philippe VI qui a assuré qu’il soutiendrait David ;
  • Mais, une nouvelle fois, le pays est ravagé, son économie dévastée ;
  • En 1337, les efforts d’Edouard se portent en France : il dispute sa couronne à Philippe ; c’est le début de la Guerre de Cent Ans qui va, il faut le dire, le tenir plutôt occupé…
  • En 1341, David revient en Ecosse : il a alors 17 ans et rêve d’honorer la mémoire de son père, Robert Bruce !
  • Il mène des raids en Angleterre pour épauler la France dans sa Guerre de Cent Ans en forçant l’Angleterre à répartir ses forces sur deux fronts (l’Auld Alliance prend enfin tout son sens) ; il passe ensuite à une véritable invasion de l’Angleterre ;
  • Hélas ! à la bataille de Neville’s Cross en 1346, il est blessé, capturé par les Anglais… et enfermé dans la Tour de Londres pendant onze ans !
  • Son neveu, Robert Stewart, futur Robert II, gouverne l’Ecosse en son absence ; Baliol continue de s’activer pour récupérer le trône mais s’affaiblit peu à peu, n’est plus tout jeune, finit par se retirer de cet échiquier compliqué en 1355 et meurt en 1367 (sans enfant : les velléités des Baliol s’arrêteront là) ;
  • En 1357, avec le traité de Berwick qui scelle la fin de cette nouvelle guerre, David II est finalement relâché contre rançon (Edouard comprend que la sujétion de l’Ecosse est une cause momentanément perdue et préfère concentrer ses efforts sur la France) ; mais David va vite perdre en popularité en détournant l’argent des taxes (initialement destiné au paiement de cette rançon), en cessant même de verser les annuités et en acceptant que le trône revienne à sa mort à Edouard (son beau-frère, rappelons-nous, puisque le mariage entre le tout petit David et la toute petite Jeanne, sœur d’Edouard, avait été arrangé au moment du traité d’Edimbourg-Northampton !) ou à l’un de ses fils (en l’absence d’héritier direct). Les Ecossais désapprouvent et menacent même de le déposer. Il finit de perdre l’estime de ses féaux avec son second mariage.

Il meurt finalement en 1371 et c’est son neveu, Robert Stewart, celui qui avait assuré la gouvernance du royaume pendant sa captivité à Londres, qui lui succède : avec lui, la dynastie des « Stewarts », plus tard francisée en « Stuarts » par Marie Stuart lorsqu’elle devient reine de France au xvie siècle (en épousant François II), monte sur le trône.

Cette deuxième guerre d’indépendance a beaucoup fait souffrir l’Ecosse (et le nord de l’Angleterre, vu le nombre de raids écossais qui y furent lancés en retour). Edouard Baliol a usurpé le trône de 1332 à 1341, contraignant David à la fuite (David qui restera malgré tout seul roi « légitime » et officiel pour toute la période 1332-1371).

En l’absence de bons stratèges militaires et de héros comme pendant la première guerre d’indépendance (Wallace, Bruce…), l’Écosse demeure sous contrôle anglais pendant plus de trente ans. Elle ne regagne son indépendance qu’après la libération contre rançon de David (pas très glorieux !), principalement parce que l’attention d’Édouard III se tourne, depuis la fin des années 1330, vers la France contre laquelle l’Angleterre s’est embourbée dans une interminable guerre…

Quant à la pierre de la Destinée, qui devait être restituée par l’Angleterre de par le traité de Northampton de 1328, elle ne fut jamais rendue à l’Ecosse… enfin, si. En 1996 !!! Et elle continuera à être temporairement envoyée à Westminster pour les cérémonies de couronnement…

Et après, en deux mots ?

Robert II règne de 1371 à 1390. Lui succède son fils, Robert III, qui règne jusqu’en 1406, puis commence la longue série des Jacques (I, II, III, IV, V) qui règneront sur l’Ecosse pendant tout le XVe siècle, jusqu’à Marie Ière, reine au destin tragique intimement mêlé, d’un côté, à celui de la France, et de l’autre, à sa cousine Elisabeth Ière d’Angleterre…

La succession se fait sans heurts, mais l’Histoire de l’Ecosse est alors encore très loin d’être un long fleuve tranquille (le sera-t-elle jamais ? pas avant la fin de la Seconde Guerre Mondiale, en tout cas…) : les seules morts des différents monarques qui se succèdent alors suffisent à donner une idée du climat écossais à l’aube des temps modernes : Jacques Ier meurt assassiné, Jacques II est tué par accident lors d’un siège, Jacques III et IV meurent au combat (respectivement face à des nobles révoltés et face à des Anglais) et Jacques V, de maladie, juste après une défaite militaire. Quant à Marie, on connaît bien son sort pour le moins tragique : après avoir été emprisonnée vingt ans sur ordre d’Elisabeth Ière, qui la soupçonne de trahison, elle est finalement exécutée…

Après elle, le nom de Stewart devient Stuart ; au total, ce ne sont pas moins de 11 Stewarts/Stuarts qui régneront sur l’Ecosse, puis conjointement sur l’Ecosse et l’Angleterre en union personnelle (!!!)… avant de devoir affronter les foudres de la Révolution anglaise, au XVIIe siècle…

En effet, au début du XVIIe s., la reine Elisabeth Iere d’Angleterre (la « reine vierge », de la dynastie des Tudors, qui ne se sera jamais mariée) meurt sans enfants. C’est alors son cousin Jacques VI d’Ecosse qui hérite de l’Angleterre sous le nom de Jacques Ier ; il est alors roi d’Ecosse ET d’Angleterre : la première « union » des deux pays se sera donc articulée autour d’un roi… écossais ! (qui l’eût cru ??). Et c’est son fils, Charles Ier, juste après lui, qui sera exécuté pour haute trahison à la suite de la Première Révolution anglaise qui abolit la monarchie… Gloups !

A noter cependant (faits marquants de cette période) : à la fin du XVe s. ont lieu les dernières extensions du territoire écossais : le roi Jacques III Stuart épouse Marguerite de Danemark, recevant les Orcades et les Shetland pour dot.

Puis, après lui, Jacques IV réussit à mettre un terme à la quasi-indépendance du Lord of the Isles, « seigneur des îles » jusque-là extrêmement puissant, amenant ainsi l’intégralité des Hébrides sous contrôle royal pour la première fois.

Six siècles après la première union des Scots et des Pictes en un seul et unique royaume, l’Ecosse a ses frontières pour ainsi dire définitives. Elle est unifiée.

Cependant, durant les XVe et XVIe siècles, elle ne cessera d’être menacée par l’Angleterre, notamment en raison de son traité d’alliance avec la France : chaque fois que ces deux puissances européennes se font la guerre, l’Ecosse est prise à parti, et de nombreux soldats écossais se battront sur le sol français durant la Guerre de Cent Ans (y compris aux côtés de Jeanne d’Arc). Sans compter les velléités anglaises concernant le nord de l’île qui ne s’éteindront jamais complètement…

Conclusion

De 1296 à 1357, l’Angleterre reste à deux doigts de dominer l’Ecosse pour de bon. Une fois de plus, l’Histoire de l’Ecosse semble bien être, comme le disait Shakespeare, « un conte plein de bruit et de fureur ». Néanmoins, à l’issue de cette période, le pays a bel et bien conquis sa place parmi les Etats européens et compte même un sérieux allié sur le continent : la France. « Les six décennies qui s’écoulent de la mort d’Alexandre III au traité de Berwick sont essentielles dans l’histoire de l’Ecosse ; elles sont encore présentes de nos jours, au plus profond de la mémoire collective du pays et contribuent, plus que toute autre période de l’Histoire, à alimenter la conscience nationale écossaise » (Michel Duchein). Cette crise nationale se sera en effet avérée décisive pour l’histoire du pays et l’émergence d’une identité nationale.

À la fin des deux guerres, l’Écosse maintient donc son statut de nation libre et indépendante et demeurera état indépendant de 1357 à 1603, quand le hasard des successions mettra le souverain écossais, Jacques VI d’Ecosse (un Stuart), à la tête de l’Angleterre, sous le nom de Jacques Ier. Pour la première fois, les deux royaumes sont unis par un souverain commun, tout en restant fondamentalement distincts : Jacques est « roi d’Ecosse et d’Angleterre ».

Un siècle plus tard, après moult tourments, les deux parlements anglais et écossais signeront les Actes d’Union de 1707 pour ne plus former qu’un seul Parlement basé à Londres : celui de Grande-Bretagne, cette fois… (tout ça pour ça !). Et là, les problèmes recommencent…

Mais c’est une autre histoire !

NB : les intrigues de ma trilogie « Sasunnachs & Highlanders », écossaises, se déroulent en 1374 : précisément au moment où l’indépendance et la souveraineté de l’Ecosse sont donc enfin reconnues et où les risques d’invasion par le sud diminuent. J’explique tout ce contexte (trêve avec les Anglais, report des velléités d’Edouard III sur la France, temps de (re-)construction du pays… dans mes 3 romans de la série « Sasunnachs & Highlanders » (Pour l’amour d’une Sasunnach – paru en 2018 ; Un Highlander pour un autre – parution prévue en 2022 ; L’Ecossaise d’Inverness – idem, 2022)

Texte : (c) Aurélie Depraz
Illustration de l’article : image tirée du film Braveheart de Mel Gibson (source: ici)

A lire aussi:

Quelques sources :

L’Histoire de l’Ecosse, Michel Duchein

https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_de_succession_%C3%A9cossaise#/media/Fichier:Great_Cause_Tree.jpg

https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_de_succession_%C3%A9cossaise

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_du_destin

https://fr.wikipedia.org/wiki/Auld_Alliance

http://www.bbc.co.uk/history/scottishhistory/independence/features_independence_arbroath.shtml

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