L'Histoire (la grande !)

Les Etats-Unis au XIXe siècle : la Conquête de l’Ouest (1800-1860)

Remarque préalable

Cet article, sur la construction des Etats-Unis et la Conquête de l’Ouest de 1800 à 1860, est le premier d’une série de 4 articles consacrés au XIXe siècle américain. Les 3 suivants sont consacrés respectivement à :

  • La ruée vers l’or
  • La guerre de Sécession
  • Le Far West et la fin de la Conquête de l’Ouest (2e moitié du siècle)

4 articles rédigés en introduction/en complément de mon roman L’Américain (qui se déroule en 1851).

Vous pouvez également retrouver sur ce blog une histoire globale et synthétique des Etats-Unis en 5 parties, des origines à nos jours.

Bonne lecture !

Introduction : indépendance et construction

Lorsque la guerre d’indépendance prend fin en 1783, les pères fondateurs des tout jeunes Etats-Unis d’Amérique sont pleins d’espoir concernant les promesses et merveilles que le vaste continent nord-américain leur réserve, et certains croient dur comme fer que l’intégralité du territoire de la côte est au Pacifique est voué à échoir à leur jeune nation pleine d’ambition. Néanmoins, ils n’ont encore qu’une (très) vague idée de sa géographie, de ses défis et de sa population (essentiellement amérindienne). Plein de possibilités, mais aussi de dangers, l’Ouest n’est alors qu’un immense territoire presque totalement inconnu des Blancs, sauvage et mystérieux, aussi attirant que, de toute évidence, pétri d’inconnu.

Mais, sans tarder, voyons comment, à partir de la fin de la guerre d’indépendance, les tout jeunes Etats-Unis d’Amérique entreprennent de se construire…

Les premiers « nouveaux Etats »

En accordant aux Américains leur indépendance (ou plutôt, en perdant la guerre d’indépendance menée par les colonies américaines…), les Britanniques leur ont également concédé les territoires situés directement à l’ouest des Treize Colonies, soit un vaste espace allant des Grands Lacs du nord (the Great Lakes) à la Floride et bordé à l’Ouest par le Mississippi. Au-delà : tout ce qui reste de la très ancienne Louisiane française (qui n’en est plus à son apogée, mais qui couvre tout de même encore une superficie de plus de… 2 millions de km2 ! Pour rappel, et à titre de comparaison, la France actuelle en fait 632 000).

Les Treize jeunes États lorgnent du côté de ces terres depuis longtemps mais choisissent d’en abandonner la gestion à l’État fédéral (plutôt que d’essayer d’agrandir leurs propres superficies respectives). L’Ordonnance du Nord-Ouest (1787) décrète donc que, pour chacune des régions concernées,

  • le statut de « Territoire » sera accordé dès lors que s’y trouveront établis 5 000 hommes libres et adultes ;
  • le statut d’ « Etat » (au même titre et avec les mêmes prérogatives que les Treize Etats fondateurs) dès qu’un quorum de 60 000 citoyens sera atteint.

Une nouvelle étoile viendra compléter le drapeau américain à la création de chaque nouvel Etat.

Cette charte de l’Ouest produit rapidement ses premiers effets :

  • Le Vermont, en 1791, est le premier Etat à rejoindre l’Union formée par les Treize Etats fondateurs (extrême nord-est du pays)
  • Le Kentucky entre dans l’Union en 1792 (taillé dans l’ancienne reserve indienne à l’ouest de Treize colonies)
  • Le Tennessee, en 1796 (idem)
  • L’Ohio, en 1803 (idem)

L’achat de la Louisiane française

En 1803, dans le cadre des guerres napoléoniennes, la Louisiane (au sens large précédemment évoqué), un temps prise aux Français par les Espagnols, est rétrocédée par l’Espagne à Napoléon Bonaparte contre des possessions territoriales en Europe ; aussitôt, Napoléon, qui n’en a que faire, qui ne peut la défendre décemment et qui est fort occupé à combattre la Grande-Bretagne (entre autres…) en Europe, et qui en outre considère la Louisiane comme un handicap (révoltes d’esclaves, maladies tropicales…), la revend aux jeunes USA pour 80 millions de francs, soit 15 millions de dollars (l’équivalent aujourd’hui de 250 milliards de dollars !).

Avec cette acquisition, le territoire de l’Union double tout bonnement sa superficie ! Une véritable aubaine pour les jeunes Etats-Unis d’Amérique qui, à l’origine, ne convoitaient réellement que la Nouvelle-Orléans ; mais quand on est négociateur américain et qu’on vous propose tout à coup d’immenses territoires pour moins de trois cents l’acre… ma foi, on ne dit pas non !

Ce sera le plus important gain de territoires de toute l’Histoire des Etats-Unis. Le 4 juillet 1803 donc, 27 ans très exactement après la déclaration d’indépendance, le président Thomas Jefferson signe cet accord avec la France et gagne un territoire qui court du golfe du Mexique au Canada ; des terres immenses qui finiront par faire partie de 15 Etats Américains et deux provinces canadiennes… (la « Louisiane » recouvre alors en effet entièrement les actuels ArkansasMissouriIowaOklahomaKansasNebraska et Dakota du Sud, et partiellement les actuels LouisianeMinnesotaDakota du Nord,  MontanaWyomingColoradoTexas et Nouveau-Mexique…) Ce territoire est alors encore quasiment vierge de toute présence européenne mis à part le port stratégique de La Nouvelle-Orléans (le seule que convoitaient réellement les négociateurs américains à l’origine) et quelques comptoirs sur le Mississippi.

L’expédition Lewis & Clark

Dès lors, les Américains lancent des expéditions exploratoires (financées par le Congrès) jusqu’au Pacifique. Ainsi, dès 1804 (il y songe avant même l’achat définitif de la Louisiane…), le président Thomas Jefferson envoie par exemple la très célèbre expédition Lewis et Clark reconnaître ces nouveaux espaces en remontant le Missouri, le Columbia et les affluents de la rive droite (=l’ouest) du Mississippi (oui, oui, c’est bien l’expédition que je mentionne dans Retour à Blue Valley !^^)

L’expédition a des buts :

  • commerciaux (permettre l’ouverture d’une voie reliant côte atlantique et Pacifique)
  • scientifiques (géographiques, botaniques, zoologiques… : étudier les sols, la faune, la flore, le climat, les réseaux hydrographiques)
  • et diplomatiques (établir un contact avec les tribus amérindiennes, les étudier et… les informer « en douceur » qu’elles vivent désormais sous le commandement d’un nouveau gouvernement…)

Les enjeux :

  • la conquête du territoire de l’Ouest (atteindre la côte ouest et permettre d’envisager la conquête de tous les territoires situés au milieu…)
  • la maîtrise de la traite des fourrures (en concurrence avec la colonie britannique du Canada) dans le territoire de l’Oregon
  • le commerce avec l’Asie…
  • cartographier la Louisiane nouvellement acquise
  • ouvrir les premiers passages à travers les Rocheuses (futures pistes de l’Oregon et de la Californie, que je mentionne dans mon roman Retour à Blue Valley) afin d’envisager de revendiquer toute la côte pacifique avant toute autre puissance européenne (et d’en expulser les Espagnols, qui occupent alors la province d’Alta California…) ; des passages qui seront effectivement exploités par les futurs colons migrant vers l’ouest…

Epique, semée d’embûches, d’obstacles et de dangers, l’expédition Lewis & Clark durera 2 ans, 4 mois et dix jours. Ses 33 hommes (32 reviendront) rencontrent 24 tribus amérindiennes (seuls les Lakotas et les Pieds-Noirs se montreront méfiants à l’égard de ces explorateurs blancs), 200 nouvelles espèces végétales et animales qu’ils n’avaient jamais vues (bisons, wapitis, antilopes, coyotes…), et dressent 140 cartes topographiques. Ils affrontent les tiques, les mites, les ours, les serpents à sonnettes, des rapides périlleux, l’interminable chaîne des Rocheuses, le froid, la faim, l’hiver, certaines tribus moins accueillantes que d’autres, les doutes innombrables quant à l’itinéraire, des choix difficiles à faire, la maladie…

Fait notoire : lorsque l’équipe atteint enfin la côte pacifique, un an et demi après leur départ de Saint-Louis, Lewis et Clark décident de faire voter leur équipe pour choisir l’emplacement du camp d’hiver. C’est la première fois, de toute l’histoire des Etats-Unis, que le droit de vote est octroyé à un esclave (York) et à une femme, amérindienne de surcroît (Sacagawea, une jeune Shoshone de 16 ans, recrutée en cours de route avec son mari le Québécois Toussaint Charbonneau en tant que guides et interprètes ; à plusieurs reprises, d’ailleurs, l’expédition n’aura dû sa survie qu’à l’aide précieuse, en termes de matériel, de conseils, d’accueil ou de bienveillance, des tribus amérindiennes rencontrées…).

Ils passent l’hiver sur place, puis rentrent à Saint-Louis grâce aux cartes établies par Clark ; le retour ne leur prend « que » six mois. Ils rentrent presque deux ans et demi après être partis… Le Corps of Discovery de Lewis et Clark permettra une bien meilleure compréhension de la « nation » en cours de construction à Washington… Lewis et Clark sont acclamés en héros nationaux ; ils ont traversé ce qui deviendra le Missouri, la frontière entre l’Iowa et le Nebraska, le Dakota du Sud et du nord, le Montana, l’Idaho et l’Etat de Washington.

La création de nouveaux Etats

Peu à peu, des Etats sont officiellement créés à partir des différentes régions de l’ancienne Louisiane française et de la vaste réserve indienne dont l’occupation avait été interdite par la Grande-Bretagne jusqu’à l’indépendance des USA (terres situées entre les Treize Colonies d’origine et la Louisiane française):

  • 1812 : Louisiane (taillé dans l’ancienne Louisiane française)
  • 1816 : Indiana (taillé dans l’ancienne reserve indienne située directement à l’ouest de Treize colonies)
  • 1817 : Mississippi (idem)
  • 1818 : Illinois (idem)
  • 1819 : Alabama (idem)
  • 1821 : Missouri  (taillé dans l’ancienne Louisiane française)

La création de ce dernier État provoque une crise dans la fédération : pour la première fois, les États esclavagistes (nombreux à être créés autour du bassin du Mississippi) risquent de devenir majoritaires. Après plusieurs mois de négociations entre les États, un compromis est trouvé : il fixe une ligne territoriale qui sépare la fédération entre Nord et Sud. Au nord, l’esclavage est interdit, au sud, il est autorisé. Pour prévenir toute discorde future, les entrées de nouveaux États devront se faire par paires, l’entrée d’un État esclavagiste devant être accompagnée de celle d’un État « libre » (=non esclavagiste).

Le Nord-Ouest, les trappeurs et le commerce des fourrures

De nombreux explorateurs/aventuriers du Grand Ouest (et notamment du Nord-ouest) auront fait partie de cette catégorie d’hommes à part qui ont, autant que les chasseurs de bisons ou les grands hors-la-loi de la seconde moitié du siècle, laissé leur empreinte toute particulière (et, disons-le, quasi-mythique) dans le paysage traditionnel ouest-américain : les trappeurs.

Au début du XIXe siècle, plusieurs compagnies se disputent le commerce des fourrures, en particulier celle de castor :

  • La Compagnie du Nord-Ouest (qui appartient à la colonie britannique du Canada)
  • La Compagnie de la Baie d’Hudson (idem)
  • L’American Fur Company (américaine, évidemment)

Le castor est alors extrêmement prisé en Europe pour confectionner bicornes, hauts-de-forme, chapeaux melons et casques de l’armée. Le sous-poil de castor permet de créer un feutre d’une telle qualité, qu’il aura presque valu aux dix millions de castors du Nord américain (des Grands Lacs et du Canada) d’être exterminés…

Ces Compagnies ne posent pas elles-mêmes les pièges à castors : elles préfèrent bâtir des postes de traite permanents, où les Amérindiens peuvent venir échanger les peaux des castors qu’ils ont piégés contre des fusils, de chevaux, des articles en fer, des couvertures, des calicots, des couteaux, des haches, des outils, des perles, des munitions, des pièges à animaux, du porc salé et, bien sûr, du rhum et du whisky (quand le gouvernement américain regarde ailleurs…)

En 1822, la Compagnie des Fourrures des Montagnes Rocheuses est fondée par l’Américain William Ashley ; le principe de cette compagnie de quelque 150 volontaires est de chasser et piéger elle-même ses castors. Un mode de vie extrêmement dur, semé de dangers (Indiens hostiles, attaques entre Compagnies, grizzlis, froid, faim, rivières glacées, sentiers escarpés, ravins…), à l’espérance de vie assez faible.

Ce nouveau système suppose d’envoyer des employés de la compagnie à travers les étendues sauvages, dans de longues expéditions, en les encourageant à explorer de nouvelles régions de leur propre initiative. Ces trappeurs-explorateurs deviennent connus sous le nom de mountain men (montagnards). À la fin de la saison de collecte, ils vont vendre leurs peaux dans les comptoirs commerciaux où les marchandises sont expédiées par voie fluviale. Les trappeurs, solitaires le reste de l’année, se réunissent ainsi dans des rassemblements appelés « rendez-vous » (en français, de nombreux trappeurs étant d’origine franco-canadienne), comme à Saint-Louis. Ces rassemblements sont l’occasion de compétitions de lutte et de tir, de beuveries interminables, de jeux d’argent et de bagarres à n’en plus finir ; les trappeurs y dépensent en général jusqu’à leur dernier sou…

Certains très célèbres trappeurs-explorateurs auront laissé leur nom à la postérité :

  • Jedediah Smith
  • Hugh Glass
  • Johnson le mangeur-de-foie
  • Et tant d’autres

Je les évoque longuement dans mon roman Retour à Blue Valley.

Mais, dès les années 1830, le castor vient à manquer. Les populations ont considérablement décliné, les Compagnies se livrent une lutte sans merci, les prix montent considérablement, on se bat pour traquer les derniers castors au lieu de les laisser repeupler la région. En outre, dans les années 1840, la soie commence à remplacer le castor comme matériau de prédilection dans la confection de chapeaux. Les rendez-vous annuels de la traite des fourrures s’arrêtent en 1840. Les trappeurs se reconvertissent, certains continuent d’explorer les Rocheuses et vont plus encore à l’ouest, d’autres se font guides pour les vagues de colons qui arrivent le long de la piste de l’Oregon…

Les nombreuses routes découvertes par les trappeurs dans leur quête de cours d’eau pouvant accueillir des barrages de castors portent encore leurs noms aujourd’hui, et auront fait d’eux des maîtres dans la connaissance du Nord-Ouest Pacifique. Ces routes seraient plus tard notamment utilisées lors de la ruée vers l’or…

Pendant ce temps, la création d’Etats à l’ouest des Treize Etats fondateurs et au sein de l’ancienne (et immense) Louisiane française (qui courait, rappelons-le, des Grands Lacs – frontière du Canada – au Golfe du Mexique), se poursuit :

  • 1829 : l’Etat du Maine rejoint la fédération
  • 1836 : c’est au tour de l’Arkansas (taillé dans l’ancienne Louisiane française)
  • 1837 : le Michigan (taillé dans l’ancienne réserve indienne à l’ouest des Treize colonies)

Au sud, les conséquences de l’affaiblissement espagnol : acquisition de la Floride et indépendance du Mexique

A la fin des guerres napoléoniennes, l’Espagne est détruite, ruinée, humiliée et son empire commence à se disloquer : elle a perdu sa flotte, son armée et ses colonies (sud-américaines, notamment) qui, inspirées par la Révolution Américaine (1776) et la Révolution Française (1789) profitent de l’affaiblissement de la métropole (Espagne) pour conquérir leur indépendance. L’Empire colonial espagnol se démantèle : dès 1825, la quasi-totalité des anciennes colonies espagnoles ont soit conquis leur indépendance… soit été récupérées par de grandes puissances, comme les USA et le Royaume-Uni.

Ainsi, en 1819, les USA récupèrent une partie de la Floride (ils l’envahissent militairement puis l’acquièrent, suite à des négociations, pour 5 millions de dollars).

Et, en 1821, le Mexique est né, après 10 ans de lutte contre le gouvernement colonial espagnol ; pour l’heure, il comprend encore les territoires des futurs Texas, Californie, Colorado, Nevada, Utah, Arizona et Nouveau-Mexique : en somme, tout le sud-ouest des USA actuels…

La doctrine Monroe

Pour mieux pouvoir se concentrer sur leurs propres territoires, les Etats-Unis ont besoin d’être isolationnistes, neutres sur le plan de la politique internationale, et préservés de toute velléité extérieure.

C’est pourquoi dès 1823, le président James Monroe présente sa conception de politique internationale : les États-Unis s’interdisent de se mêler des affaires européennes mais, en retour, demandent aux puissances européennes de s’abstenir de toute intervention dans les affaires du continent américain (du nord comme du sud) et de laisser les colonies sud-américaines proclamer leur indépendance si elles le souhaitent. C’est ce qu’on appelle la « doctrine Monroe ». Cette déclaration porte déjà en elle les bases du panaméricanisme et la légitimation de l’hégémonie américaine…

A l’inverse des puissances européennes qui, depuis la Renaissance (on l’a vu) et pendant toute l’époque moderne, cherchent à dominer, conquérir et explorer le monde (ce qu’elles continueront à faire jusqu’au début du XXe s…), les Etats-Unis, eux, tout à leur construction, préfèrent, dans un premier temps, tourner le dos au monde. Ce parti pris durera jusqu’à la fin de la Conquête de l’Ouest, à l’aube du XXe s. (Voir mon article sur l’Histoire contemporaine des USA, à partir de 1900).

Les premières véritables déportations d’Indiens (années 1830)

Dès 1820, dans le cadre de cette expansion vers l’ouest du territoire américain, une politique de déplacement des populations indiennes vers l’ouest (et de plus en plus loin…) s’installe.

En 1830, le président Andrew Jackson, qui croit dur comme fer à la « Destinée manifeste » (l’idée selon laquelle le territoire des USA blancs est destiné à s’étendre vers l’ouest et à dominer tout le Nord américain, de l’Atlantique au Pacifique), promulgue l’Indian Removal Act (« loi sur le déplacement des Natifs Américains »), une loi raciste qui ordonne la déportation au-delà du Mississipi, à l’ouest (à plusieurs centaines de kilomètres de chez eux) des Amérindiens vivant encore à l’est du fleuve.

60 000 Indiens d’Amérique sont concernés par cette déclaration… et se retrouveront expulsés de leurs propres terres. Les Américains chassent donc toutes les tribus amérindiennes vivant encore entre les Treize anciennes colonies et le Mississippi, même celles qui s’étaient adaptées au mode de vie agraire et sédentaire des Blancs, les « cinq tribus civilisées » : Creeks, Chactas, Cherokees, Chicachas, Séminoles. Avant l’application de cette loi, on avait promis à ces cinq tribus qu’elles pourraient rester à l’est du Mississippi tant qu’elles observeraient les normes des sociétés européennes (conversion au christianisme, adoption de certaines pratiques et de certains comportements anglo-européens, etc).

Le député Davy Crockett se sera opposé à cette loi ; cela lui vaudra la perte de son siège au Congrès, aux élections législative suivantes…

La première déportation d’Indiens concerne les Chactas (dès 1831). Entre le froid, la faim (deux tasses d’eau chaude, une poignée de maïs bouilli et un navet par jour), les attaques sur le chemin, le choléra les crues, les marais, les rivières gelées et le manque d’aide absolu de la part du gouvernement, la marche de quelque 17 000 Chactas vers le futur Oklahoma, à l’ouest du Mississippi, se transformera en véritable marche de la mort. Quelque 6000 Chactas mourront avant même d’avoir atteint leur nouvelle « réserve ». La Piste des Larmes est née.

Pourtant, beaucoup de Chactas s’étaient battus aux côtés de George Washington pendant la guerre d’Indépendance et, pendant l’époque très politisée qui avait suivi, la majorité d’entre eux s’étaient ralliés au gouvernement américain naissant, servant même les Etats-Unis contre les Creeks en 1813). On le voit, leur volonté de coopérer ne leur conféra aucun traitement de faveur.

Ce sera pareil pour les exils forcés des Chicachas, des Creeks, des Séminoles et des Cherokees, les 4 autres « tribus civilisées » qui avaient pourtant accepté tant de compromis avec le gouvernement américain. On dit que sur 70 000 Indiens déportés, 20% seraient morts de la maladie, de la faim et d’épuisement en cours de route…

« Les déportations des Amérindiens ont été justifiées par deux philosophies dominantes.

  • La théorie de la « race supérieure » prétend que les peuples « inférieurs » disposent de la terre pour une durée limitée (trust dans le droit anglo-saxon), jusqu’à ce qu’une « race supérieure » arrive et s’en empare pour une meilleure productivité.
  • Les humanistes défendent une autre théorie selon laquelle le déplacement des Amérindiens les éloignerait des mauvaises influences et les aiderait à préserver leur culture.

Aucune de ces théories, évidemment, ne prend en compte le lien intime des Amérindiens avec leur terre, ni l’effet mortifère du déracinement social et physique. Par exemple, les tribus dépendaient d’animaux et de plantes locales, pour des usages alimentaires, médicinaux et culturels, qu’elles ne retrouvent plus dans la région où elles sont déportées. » (Wikipédia)

Les premières « guerres indiennes » s’ensuivent donc ; jusque-là, les relations entre Blancs et Indiens avaient à peu près réussi à se maintenir. Oh, bien sûr, des conflits avaient éclaté, des guérillas ponctuelles avaient été menées, des massacres s’étaient produits, des maladies avaient décimé certaines populations et les Indiens avaient été jusqu’à s’impliquer dans les guerres entre colons français et colons britanniques (Guerre de Sept Ans) et dans la guerre d’Indépendance, entre autres, tandis que d’autres avaient aussi été réduits, avant l’arrivée des Noirs, en esclavage (surtout par les Espagnols, en Amérique centrale et du sud) ; mais au tournant du XIXe s., ces conflits, nous le verrons un peu plus loin, vont prendre une tout autre ampleur, jusqu’à conduire à la quasi-disparition d’un grand nombre de peuples amérindiens.

Les premières véritables guerres dites « indiennes » éclatent donc au début du XIXes., suite à la promulgation de ces deux lois et aux premières déportations en règle (et en masse) d’Amérindiens.

  • 1813-1818 : premières expéditions contre les Creeks et les Séminoles, en Floride
  • 1830-1834 : guerres contre les Cherokees
  • 1832 : guerre de Northwest Black Hawk
  • 1836 : courte seconde guerre Creek et expulsion définitive des Creeks
  • 1835-1842 : deuxième guerre Séminole (la plus coûteuse de toutes les guerres indiennes en vies humaines pour l’armée américaine – 1 600 morts environ)
  • 1856-1858 : troisième guerre séminole

Mais ce n’est que le début d’une longue période de spoliation des terres indiennes, d’exodes et de massacres. Tout au long du XIXe s., et jusqu’à la bataille finale de Wounded Knee (nous y reviendrons), les pionniers ne cesseront d’évincer les Indiens à mesure de leur marche vers l’ouest, de les parquer dans des réserves de plus en plus restreintes, de leur proposer des traités… et de les bafouer.

Les Indiens, peu nombreux et peu organisés, s’avèreront incapables de contenir le flot des immigrants blancs et d’empêcher la conquête des territoires de l’ouest.

En 2008, le gouvernement américain s’excusa officiellement auprès des Cinq Tribus civilisées…

Articles détaillés sur Wiki : Guerres indiennes et Politique indienne du gouvernement américain.

L’Oregon et l’extrême nord-ouest (1846)

A la même époque (années 20-30-40), au nord-ouest, le vaste territoire de l’Oregon, très disputé par les Américains et les colons britanniques du Canada, est partagé entre USA et Grande-Bretagne. La partie sud de ce territoire, qui revient aux USA, constituera le futur Etat de l’Oregon.

En 1842, plusieurs des ambiguïtés du Traité de Paris de 1783 (qui définissait les frontières des tout nouveaux Etats-Unis au nord-ouest) sont levées par le traité Webster-Ashburton (1842). Des ambiguïtés demeurent néanmoins (aujourd’hui encore) concernant la souveraineté sur Nort Rock et l’île Machias Seal, toujours contestée entre les États-Unis et le Canada…

Quant au vaste territoire de l’Oregon, il est acheté au Royaume-Uni en 1846. L’Oregon Country, zone de l’Amérique du Nord entre l’océan Pacifique et les Montagnes Rocheuses, était contrôlé conjointement par le Royaume-Uni et les États-Unis depuis la convention 1818 (suite à la guerre de l’Oregon de 1812 par laquelle les deux pays se disputaient ce vaste territoire). Le traité de l’Oregon divise donc en 1846 ce territoire le long du 49e parallèle : la partie sud revient aux USA (et donnera l’Etat de l’Oregon actuel, créé officiellement en 1859) et le nord reste aux Britanniques (et fait partie du Canada actuel – province de Colombie-Britannique).

Les USA acquièrent donc enfin l’Oregon, cédé par la Grande-Bretagne, ce qui lui donne accès au Pacifique et permet, au nord, la jonction de l’est et de l’ouest ! C’est la première fenêtre américaine sur l’océan Pacifique (juste avant la Californie !). La « piste de l’Oregon » (déjà mentionnée plus haut) s’ouvre pour de bon et attire un grand nombre de pionniers, en concurrence avec la « piste de Californie » (encore une fois… petit clin d’œil à mon roman Retour à Blue Valley !^^)

Quelque 400 000 colons emprunteront cette piste avant l’achèvement du premier chemin de fer transcontinental de 1869 (qui prendra, bien sûr, la relève des convois de chariots… là, j’en parle longuement dans L’Américain !^^), et 21 000 y mourront avant d’avoir atteint leur but. Ensemble hétéroclite de chemins de terre praticables uniquement à pied ou à cheval, elle évoluera peu à peu en un itinéraire alliant réseaux de pistes, gares, forts et villes entre plusieurs Etats du Midwest : à son apogée, la piste part du Missouri (toujours) et rejoint l’Oregon d’une part, et la Californie d’autre part, après avoir traversé l’Iowa, le Kansas, le Nebraska, le Colorado, le Whoming, l’Utah et l’Idaho (on retrouve bien là l’héritage de l’expédition Lewis & Clark). Certaines des routes américaines contemporaines suivent encore des tronçons de cette piste !!

Ainsi, si les trappeurs furent les premiers à explorer ces espaces, la migration à grande échelle nécessitait l’ouverture de voies plus faciles que celles qu’ils avaient coutume d’emprunter et le traçage de grands itinéraires ; peu à peu, la Piste de l’Oregon, d’Independence (Missouri) jusqu’à Fort Hall (Idaho), puis jusqu’à Oregon City, se dessinera : améliorations annuelles, ponts, routes, ferries… Petit à petit, le trajet devient plus rapide et plus sûr… même si la notion de sûreté, dans l’ouest, reste (et restera) très, très relative… pendant encore des décennies.

Avec la ruée vers l’or californien de 1848, cette piste (de même que la piste de Californie) sera particulièrement utilisée par tous ceux qui voudront éviter un voyage en bateau (en passant par le Panama ou le cap Horn).

La Destinée Manifeste

C’est à ce moment-là, dans les années 40, que l’idée de la « Destinée Manifeste » (concept ainsi nommé en 1845 par un journaliste, même si l’idée existait avant même l’indépendance des USA, au XVIIIe siècle) voit le jour ; il s’agit de la croyance selon laquelle les États-Unis (« blancs ») sont destinés à s’étendre et à prendre possession, au nom de Dieu, de toutes les terres de l’Atlantique à l’océan Pacifique. Selon cette idéologie, la nation américaine a pour mission divine de répandre la démocratie vers l’Ouest et de former un territoire continental pour sa nation en joignant la côte est et la côte ouest.

Cette conviction se double d’une croyance en un droit quasi divin du peuple américain (blanc, encore une fois, cela va de soi…) et devient rapidement une devise pour les expansionnistes au milieu du XIXe s. Ce concept sert de justification morale et religieuse (puisque les pionniers œuvrent avec la bénédiction de Dieu…) mais aussi politique et économique pour la conquête du « Far West » et permet de se débarrasser très subtilement de toute culpabilité vis-à-vis des conséquences sur les tribus amérindiennes, que le peuple américain est, de toute façon, « appelé » à remplacer…

Véritable doctrine nationaliste, la « Destinée manifeste » servira de foi, de credo et de force à nombre de colons, pionniers, migrants et explorateurs venus de l’Est. C’est « l’accomplissement de notre destinée manifeste de nous déployer sur le continent confié par la Providence pour le libre développement de notre grandissante multitude » (John L. O’Sullivan, rédacteur en chef du United States Magazine and Democratic Review, en 1845).

Article détaillé : Destinée manifeste.

Résultat : entre 1840 et 1860, avant même l’arrivée du chemin de fer, 360 000 personnes se lancent sur les pistes de l’Ouest. S’ouvre l’ère des longs convois de chariots bâchés (relativement peu attaqués par les Indiens, contrairement à l’idée que le cinéma américain, avec la première vague des westerns, s’acharnera à diffuser), des voyages interminables sur des milliers de kilomètres, à raison, bien souvent, de seulement 20 km par jour… Une épopée qui se termine, pour bon nombre de colons, de façon tragique : catastrophes climatiques du Midwest, manque d’eau potable ou de nourriture, traversée de déserts et de montagnes, mort par épuisement des bêtes de trait et des hommes, maladies (variole, choléra), accidents…

C’est la première vague de colonisation de l’Ouest. A pied, à cheval, en carriole. Douloureuse. Héroïque, parfois couronnée de succès mais, bien souvent, tragique.

Et c’est, bien évidemment, le contexte des carnets d’Elisabeth Sullivan, dans Retour à Blue Valley 😉

La réalité du terrain

Car la vie dans l’Ouest, malgré toutes les promesses du gouvernement et des institutions intéressées par la conquête du territoire et les migrations de populations, reste très difficile : pluies aléatoires, terres souvent arides, voire stériles, crotales, conflits avec les Indiens, vents froids, feux de prairie, tornades (400 par an !), sécheresses, insectes (nuées de criquets – et pas de petits nuages de rien du tout ! un vrai fléau ! en 1874, ils dévorent la moitié de la récolte ! en un essaim de 12.5 trillions d’insectes, couvrant 513 000 km2 de ciel d’un coup !!! Ils disparaîtront en 30 ans, leurs aires de reproduction ayant été retournées et labourées par les colons), manque de bois de construction, orages terribles…

Sur place : beaucoup de nationalités et de couleurs de peau différentes ; beaucoup d’Asiatiques (surtout de pauvres paysans chinois) venus dans le cadre de la ruée vers l’or, mais aussi présents dans tous types d’activités par la suite (construction du chemin de fer après la guerre de Sécession, agriculture…) ; des Hispaniques issus des anciens peuplements espagnols du sud-ouest américain ; des Européens de toutes origines ; mais assez peu de Noirs (peu d’esclaves affranchis du Sud migreront vers l’ouest, finalement, après la guerre : ils migreront de préférence vers les villes industrielles du Nord ; néanmoins, on en trouve au Far West, venus dans le cadre de la ruée vers l’or avec un ancien maître, ou bien dans celui de l’armée américaine, etc.).

La prostitution est également très présente : survenue dans le cadre de la ruée vers l’or et des premières villes minières (hautement masculines), elle s’est rapidement développée dans les villes-champignons de l’Ouest, attirant de nombreuses travailleuses de l’Est et du Middle West.

Et pour cause : 1% seulement de femmes (dites « honnêtes » : comprendre : des épouses de colons) parmi la population pionnière. Avec un tel rapport de proportion, le commerce sexuel ne pouvait être que florissant, et aussi central dans la vie de l’Ouest que le jeu, l’alcoolisme et la mécréance.

Ce n’est que lorsque la migration féminine sera « encouragée » (par le chemin de fer d’une part, et par la guerre de Sécession d’autre part, qui incitera nombre de femmes à aller se trouver un mari dans l’Ouest) et que l’influence des institutions judiciaires ou religieuses croîtra que la prostitution diminuera.

Les colons sont courageux ; indépendants ; avides de liberté. Mais à quel prix seront-ils venus la chercher !

Dans de telles conditions, nombre de personnes décideront de renoncer (en 1892, la moitié de la population du Nebraska décide de retourner dans l’Est !)

Le rôle du gouvernement fédéral

En dépit de l’aversion et de la méfiance des Américains du début du XIXe siècle envers le pouvoir fédéral, le gouvernement fédéral joue un rôle considérable dans l’Ouest :

  • en pacifiant les territoires et en maintenant l’ordre public (les gouvernements locaux sont encore souvent effacés, impuissants, voire inexistants : les habitants de l’Ouest, bien qu’ils s’en plaignent, dépendent du gouvernement fédéral pour la protection de leur vie et de leurs droits, et expriment donc bien peu la franche antipathie qu’affichent certains habitants de l’Est à l’égard du fédéralisme) ;
  • en acquérant des territoires (signature de traités avec d’autres nations, France, Royaume-Uni, Mexique, ou avec les Amérindiens) ;
  • en envoyant des explorateurs, des naturalistes et des scientifiques et même des artistes pour cartographier et étudier le pays ;
  • en créant en 1832 un service spécifique chargé de s’occuper des Indiens, transféré deux ans plus tard au secrétariat de la Guerre sous le nom de Bureau des affaires indiennes ;
  • en gérant les terres relevant du domaine public via le General Land Office créé en 1812 ;
  • en créant les conditions favorables à l’accomplissement de la « Destinée manifeste », tout simplement.

La Révolution Texane (1835-36) et l’annexion du Texas (1845)

Tout commence avec la Révolution du Texas. Province mexicaine extrêmement peu peuplée au moment de l’indépendance du Mexique (en 1821), elle est rapidement peuplée de nouveaux colons anglophones venus du nord, que le gouvernement mexicain autorise à s’installer au Texas dans l’espoir que cela mette fin aux attaques amérindiennes sur place (seulement 3500 Tejanos (Texans hispano-mexicains) peuplent alors cette région du Mexique).

Mais, très vite, les habitants anglophones Texans (alors dits Texians) dépassent en nombre les Tejanos et les relations entre les deux groupes deviennent tendues. Bientôt, ce Texas majoritairement anglophone cherche à s’affranchir de la tutelle mexicaine (cela durera de 1826 à 1845). Il déclare son indépendance et s’érige en une République qui n’est pas reconnue par le Mexique.

En 1835-36 éclate une véritable Révolution au Texas, née des clivages culturels, religieux et politiques entre la population majoritairement anglo-américaine du Texas et le gouvernement mexicain, et surtout de la promulgation des Sept Lois de 1835, lois constitutionnelles changeant la structure du Mexique, en instaurant une plus grande centralisation, renforçant ainsi le pouvoir du président Antonio López de Santa Anna et anéantissant les espoirs d’une démocratie libre. Ces lois sont très mal accueillies au Texas, d’autant que Santa Anna voulait également convertir de force les Texians nord-américains au catholicisme (nous sommes dans une ancienne colonie espagnole, rappelons-le…) en appliquant une clause précédemment ignorée des contrats d’immigration originaux de ces Texans anglophones.

Ulcéré par la rébellion texiane – qu’il a pourtant tout fait pour provoquer –, Santa Anna dirige lui-même l’armée mexicaine au Texas et affronte Sam Houston, qui mène l’armée texane (et qui donnera son nom à la ville de Houston ! oui, oui !).

A San Antonio, le siège de Fort Alamo (23 février – 6 mars 1836) reste un épisode tristement célèbre de la Révolution texane. Après avoir résisté pendant 13 jours, les forces texanes (189 hommes) sont massacrées par l’armée de Santa Anna, largement supérieure en nombre (6000 hommes !). Davy Crockett (encore lui !^^) y mourra en héros. Les Mexicains ne firent pas de quartiers et toute la garnison de Fort Alamo fut exterminée.

3 semaines plus tard, des centaines de prisonniers texans sont également massacrés par Santa Anna à Goliad après leur capitulation lors de la bataille de Coleto Creek. Finalement, un mois plus tard, à la faveur d’une attaque surprise, les forces texanes de Sam Houston prennent le dessus sur l’armée mexicaine en seulement 18 minutes à la bataille de San Jacinto, le dernier grand affrontement de la Révolution texane : le président mexicain Santa Anna est capturé, et obligé de signer les Traités Velasco, qui mettent un terme aux hostilités, même s’ils ne seront pas officiellement ratifiés par le gouvernement mexicain et si celui-ci ne cessera jamais vraiment de revendiquer la propriété du Texas pendant encore une décennie.

Cette nouvelle République texane indépendante, néanmoins, devait avoir une existence bien courte ; la plupart des Texans sont, de fait, favorables à l’adhésion aux USA et demandent à rejoindre les Etats-Unis d’Amérique. La Maison Blanche est relativement peu favorable à l’intégration du Texas aux Etats-Unis mais, finalement, c’est chose faite sous James Polk : le Congrès adopte une résolution acceptant le Texas comme 28e Etat en 1845.

La guerre du Mexique (1845-48) et l’acquisition de tout le sud-ouest américain

Néanmoins, les frontières entre le Mexique et le Texas (donc, à présent, la nouvelle limite sud des USA) sont mal définies et les tensions subsistent.

A la même époque, de nombreux colons américains ont aussi commencé à s’installer en Californie et au Nouveau-Mexique (régions qui appartiennent alors toujours au Mexique – petit clin d’œil à Zorro !^^ Eh oui, c’est ce contexte-là ! La Californie hispanico-mexicaine !) : les USA demandent donc à racheter ces territoires (pour 20 millions de dollars). Ayant essuyé un refus, ils passent ensuite l’intimidation militaire avec des mouvements de troupes américaines près du Rio Grande…

Finalement, la guerre éclate. En 1846, le Mexique déclare la guerre aux USA.

Mais les USA l’emportent sur le Mexique dès 1847 et gagnent tout l’ouest américain (un immense ensemble territorial qui donnera les futurs Etats de Californie, Nouveau-Mexique, Arizona, Utah, Colorado, Nevada etc., ainsi que certaines parties de l’Oklahoma, du Kansas et même du Wyoming actuels !). En outre, le Mexique doit renoncer définitivement au Texas.

Avec cette guerre et le traité de Guadalupe Hidalgo (1848) qui la clôture et scelle la cession de ces nombreux territoires aux USA, le Mexique a perdu la moitié de sa superficie, dont les provinces très importantes de Nuevo Mexico (futur Nouveau-Mexique) et de Alta California (future Californie) ! Quant aux USA, l’ensemble des territoires mexicains annexés suite à cette guerre augmente leur propre superficie de près de 20 %…

Le Mexique doit aussi reconnaître le Rio Grande comme frontière sud du Texas. Pour la première fois depuis le début de l’expansion vers l’ouest, il existe une frontière claire entre USA et Mexique (qui tous deux, en tant qu’ex-colonies européennes, se sont affranchis de l’emprise de leurs métropoles respectives, et cherchent encore leur place sur le continent américain). En contrepartie, les États-Unis versent 15 millions de dollars au Mexique et acceptent de payer les plaintes de citoyens américains contre le Mexique, qui s’élevaient à plus de 3 millions de dollars.

Article détaillé : Guerre américano-mexicaine.

Pendant ce temps, plus à l’est, d’autres Etats sont créés…

… et rejoignent la fédération au fur et à mesure qu’ils remplissent les conditions leur permettant de passer du statut de Territoire à celui d’Etat.

  • 1846 : Iowa (taillé dans l’ancienne Louisiane française)
  • 1848 : Wisconsin (taillé dans l’ancienne réserve indienne située directement à l’ouest de Treize colonies)
  • 1858 : Minnesota (idem)
  • 1861 : Kansas (ancienne Louisiane française)
  • 1863 : Virginie-Occidentale (taillé dans l’ancienne réserve indienne située directement à l’ouest des Treize colonies)
  • 1864 : Nevada

De 1803 à 1853, les États-Unis ont triplé leur superficie qui atteint désormais 7 millions de km² d’un océan à l’autre…

A cette époque, un Etat connaîtra une naissance toute particulière : la Californie. Une épopée hors du commun, un véritable mythe et un morceau de choix de l’histoire américaine resté dans toutes les mémoires… et qui justifie qu’on lui consacre un petit article à part entière…

A découvrir tout de suite, donc : mon article sur la ruée vers l’or en Californie.


Texte : (c) Aurélie Depraz.
Illustration : Pixabay

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