L'Histoire (la grande !)

Le Far West : les Etats-Unis à la conquête d’eux-mêmes (suite et fin)

A la Conquête du Wild West

Après la guerre civile (=guerre de Sécession), la Conquête de l’Ouest reprend de plus belle. Car si cette « conquête du territoire » est presque terminée en théorie (i.e : en termes d’acquisition officielle de territoires géographiques – les Etats-Unis ont, rappelons-le, acquis progressivement les terres du Midwest, puis tout le Sud-Ouest, l’Oregon, la côte pacifique…), en revanche, en pratique, elle est loin de l’être : l’immense majorité de l’Ouest reste… sauvage et totalement vide de population ! (Quelques poches comme la Californie aurifère mises à part, bien sûr).

Une fois la guerre terminée en avril 1865, le gouvernement fédéral se concentre donc sur l’amélioration de la gestion administrative des territoires de l’Ouest, le subdivise plusieurs territoires, prépare leur admission en tant qu’États… et tente de les peupler. C’est que ce n’est pas tout que de les acheter ou de les conquérir, ces territoires : maintenant, il s’agit de les apprivoiser !

Un certain nombre de facteurs vont venir favoriser, encourager et booster la colonisation :

  • La construction des premières lignes de chemins de fer et l’amélioration des communications (voir partie suivante)…
  • Des campagnes publicitaires importantes (de la part du gouvernement, des compagnies de chemin de fer…) ventant « les prairies grasses », les « terres abondantes », etc.
  • L’édition de guides pour migrants…
  • L’envie de fuir les persécutions religieuses : parmi ces premiers colons, par exemple, des Mormons (suffisamment nombreux pour mériter d’être mentionnés), qui occuperont nombre de territoires de l’Utah, du Nevada et de l’Arizona et fonderont la très célèbre Salt Lake City…
  • La signature par Lincoln, en 1862 (en pleine guerre de Sécession), du Homestead Act, qui facilite l’octroi de titres de propriété aux fermiers et la réception, pour un prix dérisoire, de droits de fermage sur une terre. Le Homestead Act permet par exemple à chaque famille pouvant justifier qu’elle occupe un terrain depuis 5 ans d’en revendiquer la propriété, et ce dans la limite de 160 acres, soit 65 hectares. Si la famille y vit depuis au moins 6 mois, elle peut aussi sans attendre acheter le terrain à un prix relativement faible de 1,25 dollar par acre. L’administration autorise même ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter des terres à occuper des parcelles à titre gracieux. Quand celles-ci sont mises en vente, ils peuvent se porter acquéreur s’ils le peuvent, ou bien demander des indemnités au nouveau propriétaire en échange des travaux de défrichement qu’ils ont effectués. La Petite Maison dans la prairie s’inspira directement du Homestead Act. Entre 1862 et 1900, 30 millions d’hectares furent ainsi distribués aux nouveaux venus qui avaient pour mission d’y ériger une maison et d’y planter des cultures.
  • La protection du gouvernement fédéral, qui joue un rôle capital dans la Conquête de l’Ouest depuis le début du XIXe siècle en la rendant tout simplement possible par ses actions visant à pacifier les territoires et à maintenir l’ordre public. Tandis que la plupart des Américains de l’Est éprouvent à cette époque une franche aversion, doublée de méfiance, pour le pouvoir fédéral, les colons, eux, n’affichent pas la même antipathie à l’égard d’une autorité qui, en l’absence de véritables gouvernements locaux au sein de ces nouveaux territoires, assure leur survie et la protection de leurs droits. C’est le gouvernement fédéral qui achète les terres aux puissances étrangères ou aux Indiens (ou les annexe militairement), qui protège ces nouvelles terres (domaine public), qui gère la « question amérindienne » (souvent en déportant des tribus), construit des routes, aménage des ports (sur la côte ouest), octroie des subventions, procède à des études et des ventes de terrains, subventionne les compagnies de livraison du courrier, assure la sécurité, lance et démultiplie les expéditions d’exploration (peintres, ornithologues, botanistes, naturalistes, cartographes)… Certaines de ces expéditions préparent le terrain aux futures voies de chemin de fer ; d’autres provoqueront de nouvelles sources de conflit avec les Amérindiens, dont le gouvernement, bien sûr, se charge…
  • Enfin, l’attrait de la liberté et le sentiment de possibilités illimitées : ranchers et farmers ont bientôt pour mission de nourrir tout ce nouveau pays-continent qui vient de naître… Le gouvernement veut faire du Grand Ouest le grenier du pays… et c’est ce qu’il fera !

Vous aurez bien sûr reconnu là plusieurs des arguments évoqués par Elisabeth dans ses carnets intimes… dans Retour à Blue Valley, ainsi que… des éléments du discours de Tom Shepherd, dans L’Américain !

Le (très éphémère) Pony Express et le télégraphe

Les transports d’un bout à l’autre du pays posent d’énormes problèmes logistiques. Le courrier, notamment, prend un mois à arriver par bateau (même itinéraire maritime que celui des pionniers de l’Est dans le cadre de la ruée vers l’or californien : bateau le long de la côte orientale des USA jusqu’au Panama, courte section terrestre par l’isthme de Panama, puis bateau à nouveau jusqu’à San Francisco) ; des lignes de diligence assurent aussi des liaisons régulières entre San Francisco et Saint-Louis, mais un tel voyage prend des mois !

Or, avec la ruée vers l’or de 48 et l’afflux de 300 000 colons dans l’extrême-ouest du pays en moins de 7 ans, il devient plus urgent que jamais de pouvoir communiquer facilement et rapidement entre l’Est et l’Ouest.

On cherche aussi des solutions pour le transport de marchandises, que seuls des convois de chariots acheminent vers l’ouest (nombre de nouvelles entreprises ont fleuri dans l’Ouest) ; l’expérimentation du transport avec des chameaux est même envisagée, à l’instar de ce qui se fait en Australie au même moment.

En bref, la communication et le transport doivent être améliorés.

Pour ce qui est de la communication, deux innovations, coup sur coup, vont changer la donne : le Pony Express et le Télégraphe.

Dès 1860, en effet, le service postal du « Pony Express » transporte en seulement 10 jours le courrier du Missouri à la Californie (3000 km !). Le courrier est transporté dans des sacoches par des centaines de cavaliers émérites, légers et très jeunes, prêts à risquer leur vie au quotidien, qui se relaient via un réseau de plus de 184 stations (distantes chacune de 24 kilomètres) le long d’un itinéraire mûrement réfléchi de plus de 3000 km, sur le dos de centaines de chevaux de rechange. On en parle dans Lucky Luke, si je ne m’abuse…^^

A son apogée, le système emploie tout de même 6000 personnes ! Et il permet l’exploit d’acheminer le courrier du Missouri à la Californie en dix jours… au lieu de dix semaines ! Très vite, il devient le système de distribution du courrier le plus rapide de son temps. Les Mustangs et les Morgans sont privilégiés, les chevaux doivent être parmi les plus rapides. Des selles spéciales sont créées exprès pour le Pony Express et les cavaliers, athlétiques et en bonne santé, ne doivent pas peser plus de 56kg. On favorise les jeunes hommes de l’Ouest, nés sur place, prêts à tout pour distribuer le courrier en temps et en heure. D’ailleurs, l’annonce stipule : « Recherchons jeunes hommes maigres et nerveux, âgés de 18 ans maximum. Ils devront être des cavaliers hors pairs, prêts à risquer leur vie tous les jours. Les candidatures d’orphelins seront prioritaires ». Le ton est donné ! Et, de fait, entre les attaques, les maladies et les accidents, ce ne sont pas les dangers qui manquent, pour des cavaliers voyageant seuls et à toute vitesse dans l’Ouest sauvage !

Mais le Pony Express n’a que peu de beaux jours devant lui : 18 mois plus tard, le télégraphe continental est achevé (octobre 61) et permet une liaison instantanée entre les deux extrémités du pays (le code morse et le système télégraphique ayant été inventés dans les années 30 et le réseau de 80 000km de fils télégraphiques progressivement aménagé aux USA à partir des années 40). C’est le début de l’industrie des télécommunications…

Le courrier, quant à lui, continue finalement à être acheminé tranquillement par bateau et diligence, les messages urgents pouvant être télégraphiés…

Malgré son existence éphémère, le Pony Express était entré dans la légende ; les folles chevauchées de héros comme Willima Cody (futur Buffalo Bill) et le tout aussi légendaire Robert « Pony Bob » Haslam font, désormais, partie intégrante du folklore et de la légende américains, l’image du cavalier rapide et solitaire prenant tous les risques pour assurer la bonne distribution du courrier faisant tout autant partie de la mythologie du Far West que les duels au revolver ou la figure mythique du cow-boy faisant étape au saloon. Au cours de sa courte existence, le Pony Express délivra quelque 35 000 lettres.

Le chemin de fer

Pour ce qui est d’améliorer le convoyage des marchandises et des personnes, c’est le rail qui va permettre une véritable révolution. La construction de voies ferrées aux USA est cependant plus ancienne : les premières voies à être posées (dans l’Est) sont en service dès les années 1830. En 1855, le pays compte 25 000 kilomètres de lignes, toutes situées dans la moitié Est du pays.

C’est aussi l’époque où des canaux sont creusés pour permettre de relier les villes et les Etats entre eux (par exemple entre les Grands Lacs) et où les premiers bateaux à vapeurs permettent la traversée de l’Atlantique…

Mais, pour accélérer la Conquête de l’Ouest, le gouvernement veut créer une première ligne transcontinentale, qui apparaît désormais vitale pour la construction du pays (le Pacific Railroad Act, lancé par Lincoln en 1862, œuvre activement à la réalisation de ce vieux rêve). Ce sera chose faite en 1869 grâce aux deux compagnies ayant travaillé de concert, l’Union Pacific et la Central Pacific, qui relient Omaha (centre-est, dans le Nebraska, gare la plus à l’ouest jusqu’alors, à mi-chemin de la traversée du continent) à Sacramento en Californie : tandis que l’Union Pacific travaille à partir d’Omaha et avance vers l’ouest, la Central Pacific part de Sacramento et étend sa ligne vers l’est à travers les sierras. Les deux lignes se rejoignent finalement dans l’Utah en mai 1869.

Désormais, le voyage d’est en ouest ne prend plus 4 mois… mais une semaine !

Mais cet exploit a eu un coût humain important : les deux compagnies avaient un délai de 15 ans pour assurer la liaison est-ouest. Elles ne cesseront de chercher à pulvériser les records, au détriment des ouvriers et des conditions de travail. Le labeur est exténuant, les conditions de progression harassantes, le logement misérable, l’usage de poudre à canon, de nitroglycérine et de dynamite plus que dangereux…

L’essentiel de la main-d’œuvre est chinoise (pour la Central Pacific) et irlandaise (pour l’Union Pacific), surexploitée et surexposée : environ 1500 travailleurs chinois (de loin les plus exposés – ils étaient affectés au creusement des tunnels et à la manipulation des explosifs…) mourront dans les explosions et les éboulements. Le système de location de prisonniers à très bas prix (permis par le gouvernement) permet aussi aux compagnies d’annihiler les effets des grèves des travailleurs libres et de juguler toute tentative de révolte ou de revendication. Au summum de leur efficacité, chaque compagnie arrive à poser 10km de rail par jour ; au minimum (dans les montagnes, notamment la Sierra Nevada, le plus grand obstacle du parcours) : 25cm…

Mais le job est fait, et, à ce prix, bien plus vite que prévu. Désormais, le voyage ne prend plus que six jours ! Une véritable révolution !

A partir de là, d’autres lignes transcontinentales seront lancées et achevées tout au long des années 70 et 80 :

  • la Great Northern entre Saint-Paul et Seattle
  • la Northern Pacific de Chicago vers le Nord-Ouest
  • l’Atchison, Topeka and Santa Fe entre Kansas City et Los Angeles
  • la Southern Pacific de la Nouvelle-Orléans à Los Angeles…

Le chemin de fer rendra possible la transformation des États-Unis et leur passage d’une société agraire en une nation industrielle moderne au commerce interne très intense. Les produits de l’Est et de l’Ouest s’échangent enfin avec facilité, la vente par correspondance se développe, des succursales des compagnies de l’Est s’établissent à l’Ouest, accompagnant l’expansion démographique des lieux, et la migration des familles est (très) grandement facilitée.

Le chemin de fer va ainsi provoquer un véritable exode. Un mouvement de migration plus massif encore qu’auparavant s’amorce vers les grandes plaines : des vétérans de la guerre de Sécession, des femmes célibataires… Cela amène un véritable boom dans le secteur de la construction ; les villes se construisent si vite qu’on n’a pas le temps de donner des noms aux rues ; à défaut, on les désigne par des noms et des chiffres (comme 5th avenue etc).

Fin XIXe, le chemin de fer est roi. En 1900, 420 000 km de lignes de chemin de fer couvrent le territoire américain dont cinq transcontinentales.

Le peuplement du Midwest : une étape difficile

Mais, on l’a vu (voir la première partie de cette série de 4 articles sur le XIXe siècle américain), c’est une vie dure, semée d’embûches, qui attend les nouveaux colons : feux de prairie, sécheresse, pénurie de bois (très peu de forêts), mauvaises surprises, insectes, serpents, orages terribles, vents à décorner les bœufs dans grandes plaines, tornades (400 par an !)…On se taille une vie difficile à coups de pioche, mais seule une envie féroce de liberté, d’indépendance et de contrôler sa destinée permet de tenir le coup sur le long terme.

Parmi les défis quasi bibliques que les colons doivent relever figurent les criquets. Un véritable fléau, qui dévore tout sur son passage. En, 1874, ils détruisent la moitié de la récolte ! C’est un essaim de 12.5 trillions d’insectes, couvrant 513 000 km2 de ciel d’un coup, qui déferlent sur le Midwest. Ils disparaîtront en 30 ans, leurs aires de reproduction ayant été retournées et labourées par les nouveaux agriculteurs…

20 000 Américains, en quête d’une vie meilleure et de l’American Dream, n’en mourront pas moins sur les routes de l’Ouest…

Dans de telles conditions, nombre de colons renonceront (en 1892, la moitié de la population du Nebraska décide de retourner dans l’Est !!) et la place restera longtemps disponible pour les cow-boys et leurs grands troupeaux itinérants de bovins… (voir plus bas dans cet article).

Peu à peu, malgré tout, le Midwest deviendra le grenier à blé des Etats-Unis…

Ce seront surtout les rigueurs de l’hiver 1886-1887 qui, en tuant un grand nombre de bovins, mettront fin à l’empire du bétail et à la période des pionniers du Far West, pour faire place aux grandes fermes à blé…

Les bisons

Ah, les bisons ! L’un des deux grands drames, avec la cause amérindienne, de la Conquête de l’Ouest.

Au lendemain de guerre de Sécession, en 1865, entre 30 et 100 millions de bisons (selon les estimations diverses) courent encore librement dans les grands espaces américains (comme je l’évoque dans Blue Valley, les troupeaux sont parfois larges de 5km et longs de 15 !). Ils vivent en cohabitation avec les Indiens depuis la fin du dernier âge glaciaire et sont au cœur du mode de vie de nombre de tribus. Les Indiens les ont chassés pendant des siècles, des millénaires, à pied, tout d’abord, puis à cheval (quand le cheval est apparu en 1493 apporté par les Conquistadors espagnols…)

La chasse au bison faisait partie intégrante de la vie de ces tribus ; les Indiens pouvaient tirer 20 flèches sur 250m (il fallait jusqu’à 15 flèches pour tuer un bison), la chasse pouvait s’étendre sur des centaines de kilomètres et durer plusieurs jours… et tout était utilisé : os, tendons, estomacs, vessies, peaux, fourrures… Les Indiens en faisaient des cordes pour leurs arcs, des tasses, des cuillères, des vêtements, des tipis, des mocassins, en consommaient la viande…

Rien n’était jeté, rien n’était gâché. Le bison était chassé, mais aussi vénéré : on dépendait de lui, de sa viande, de sa fourrure, pour survivre à l’hiver.

Mais avec l’arrivée de l’homme blanc, en quelques années à peine, des dizaines de millions de bisons sont descendus. En 1889, on ne compte plus que …85 bisons en liberté dans tous les USA !

Causes de cette extinction brutale :

  • La perturbation de leur habitat naturel (propriétés privées érigées dans les grandes plaines, clôtures, barbelés qui entravent la libre circulation des troupeaux en quête d’aires de reproduction et de nouveaux pâturages, arrivée du chemin de fer qui coupe et bouleverse les espaces, expansion des colons, constructions de villes, impact de l’homme sur l’environnement…) ;
  • Les maladies venant des troupeaux de bovins domestiques ;
  • L’impact de nouvelles tribus amérindiennes déplacées de l’Est, qui viennent grossir les rangs des Indiens chasseurs de bisons traditionnels de l’Ouest ;
  • La concurrence des chevaux sauvages (mustangs) ;
  • Et, surtout, bien sûr, la chasse intensive, de loisir comme industrielle, pratiquée par les Blancs. Un carnage.

Des chasseurs de bisons débarquent en effet dans l’Ouest (exemple célèbre : Buffalo Bill) et se livrent à de véritables massacres : ils tuent jusqu’à 8000 bisons par jour (les plus expérimentés peuvent abattre 100 bisons par jour : ils n’ont qu’à se soucier de tuer : une équipe d’écorcheurs et peaussiers les suit… vous vous souvenez ? C’est une scène tragique de « Danse avec les loups »…). Buffalo Bill, par exemple, se vantera d’avoir tué 4000 bisons en 18 mois.

Leurs motivations :

  • L’embauche de tels chasseurs par les compagnies de chemin de fer qui cherchent à nourrir facilement leurs hommes.
  • La production massive, en conséquence, de « pemmican » (mélange de viande séchée et réduite en poudre, de graisse et de baies, aliment de bonne conservation traditionnellement utilisé par les trappeurs et autres voyageurs)
  • La construction du chemin de fer qui a ouvert un immense marché aux produits issus du bison : cuir bien sûr (très demandé : courroies, manteaux, chaussures, coussins, bâches pour les toutes premières voitures…), fertilisants (à partir des crânes et des os : des milliers de tonnes de carcasses sont convoyés vers l’Est dans ce but), boutons, peignes, manches de couteau, porcelaine (à partir d’os et de cornes), colle (à partir des sabots), viande…
  • L’appât du gain : dans les bons jours, un chasseur de bisons peut toucher plus que le président lui-même ! C’est une véritable activité professionnelle.
  • Le besoin de violence (nombre d’entre eux sont des vétérans de la guerre de Sécession).
  • L’aspect « sport » pour les élites.

Les massacres outrepassent les besoins du marché, atteignant jusqu’à un million de bêtes tuées par an. Sur cinq bisons tués, un seul est réellement utilisé, et dans la plupart des cas, les chasseurs laissent la viande pourrir sur les carcasses abandonnées dans la prairie après le prélèvement des peaux (#DanseAvecLesLoups bis…). La chasse est aussi bien professionnelle que de loisir ; des trains s’arrêtent même pour permettre aux voyageurs de tirer sur des bisons (certains montent sur le toit des wagons) afin de rompre la monotonie du voyage vers l’Ouest…

Des troupeaux entiers sont ainsi décimés avec une facilité déconcertante. Ce grand massacre a un impact majeur sur la vie des Indiens des Plaines, qui dépendent de l’animal à la fois économiquement et spirituellement. Cette ressource première disparue, les Indiens sont contraints de vivre dans des réserves. Leur mode de vie pluriséculaire a disparu. L’armée américaine aura même encouragé, parfois, l’abattage délibéré des bisons dans le cadre de ses guerres contre les Sioux et les Pawnees, afin de les priver de cette ressource et de les démoraliser (voir la section en fin d’article sur les guerres indiennes). En affamant les Amérindiens, l’armée américaine espérait les contraindre à la soumission. Le général William Sherman sera un grand promoteur de cette tactique de l’affaiblissement des Indiens par l’extermination du bison.

Evidemment, cela n’aura pas été sans provoquer des réactions de la part des Indiens, notamment des Commanches et des Cheyennes, qui attaquent parfois les camps de chasseurs pour se venger. Comme d’habitude, cela n’aura eu pour effet que d’accroître leur propre malheur : représailles, affrontements armés, parcage dans ses réserves, promesses non tenues, traités violés. Les Indiens sont, peu à peu, contraints de vivre une vie sédentaire, sur des terres qui ne sont pas les leurs, et d’abandonner leurs terrains de chasse et leur mode de vie traditionnels.

Si bien que dans les années 70, les bisons ont quasiment disparu. La place est libre pour l’agriculture et l’élevage…

Le bétail et les cow-boys

L’essor de l’élevage du bétail et des cow-boys est directement lié à la disparition des imposants troupeaux de bisons des Grandes Plaines. De fait, le déclin considérable des troupeaux de bisons a créé dans les plaines un vide très rapidement exploité par l’élevage bovin en pleine expansion.

A l’origine de cet élevage : le Texas et ses célèbres Longhorns (vaches « longues-cornes ») introduites par les Espagnols dans le cadre de ranchs, dès le XVIIe s. A ce titre, les employés des ranchs, les vaqueros, ont été les premiers cow-boys de l’Ouest.

A la suite de la guerre de Sécession, des troupeaux de vaches du sud errent, dispersées, dans les étendues désertiques du Texas. Redevenues sauvages, ces bêtes ont des cornes immenses dépassant parfois plus de 3m d’envergure. Des cow-boys sont recrutés pour rassembler ces troupeaux et les guider vers des grandes villes du Nord que le chemin de fer a atteintes et fait grossir : Abilene, Dodge City, Wichita, … De là, les bêtes seront acheminées vers les immenses abattoirs de Chicago, Saint-Louis, Cincinnati ou Kansas City. Le Texas devient rapidement le premier gros éleveur et pourvoyeur en viande des Etats de l’Est.

Les cow-boys suivent de grandes pistes indiennes (la piste Chisholm et la piste des Shawnees) mais le voyage, long de plusieurs centaines, voire de milliers de kilomètres, est semé d’embûches : tempêtes de sable, tempêtes de neige, traversées de rivières en crue, attaques indiennes, agressions de la part de fermiers furieux de voir les vaches traverser leurs champs et piétiner leurs terres, paniques des troupeaux, débandades, hors-la-loi, voleurs de bétail…

Un convoyage typique dure quatre mois et mesure 3 km de long avec six bêtes de front. C’est un travail harassant et rares sont les cow-boys qui l’exercent pendant plus de 7 ans. Malgré tout, ces transhumances des lieux d’élevage vers les gares situées plus au Nord sont profitables et attirent nombre d’investisseurs : la viande s’achète dix fois plus cher à l’Est que dans le Texas…

Dans les années 1860 et 1870, celles du boom de l’élevage, les « villes du bétail » (cattle towns) fleurissent, notamment dans le Kansas et dans le Missouri. On assiste à la poussée de véritables villes-champignons, comme dans le cadre des ruées vers l’or.

« Les villes du bétail surgissent lorsque les spéculateurs fonciers, à l’annonce du tracé d’une future ligne de chemin de fer, se précipitent sur les terres adjacentes, et construisent une ville avec les services adéquats pour les éleveurs et les cow-boys. Si le chemin de fer est construit comme prévu, les pâturages et la ville assurent le commerce du bétail. Toutefois, contrairement aux villes minières, qui dans de nombreux cas deviennent des villes fantômes et cessent d’exister une fois que le minerai est épuisé, les villes du bétail passent du bétail à l’agriculture fermière et continuent à vivre même après la surexploitation des pâturages. » (Wikipedia)

Beaucoup de cowboys sont des vétérans (plutôt pauvres) de la guerre de Sécession, en particulier de l’armée confédérée (=sudiste) qui, retrouvant leur ville ou leur plantation ruinée et considérant n’avoir aucun avenir sur place, partent pour l’Ouest à la recherche d’opportunités. Beaucoup d’anciens esclaves, aussi, fuyant les plantations (de toute façon dévastées par la guerre), migrent vers le Texas pour trouver du travail en tant qu’hommes libres. Nombre de premiers cow-boys furent donc noirs (ou hispaniques, puisque le Texas avait longtemps appartenu à l’Espagne, puis au Mexique). Certains sont aussi amérindiens.

Les cow-boys reprennent les vêtements, le jargon et la façon de travailler des vaqueros mexicains ou buckaroos, héritiers des éleveurs espagnols d’Andalousie. Le jean est porté, le chapeau prend la forme qu’on lui connaît bien…

Mais le monde des cow-boys va changer avec 2 millions de nouveaux migrants qui colonisent l’Ouest en devenant fermiers et… l’invention du barbelé : les fermiers ferment leurs propriétés (en dix ans, Joseph Glidden, son inventeur, a vendu assez de fil barbelé pour faire 25 fois le tour de la terre !) et sont en conflit permanent avec les cow-boys qui ne peuvent plus faire circuler leur bétail librement vers le nord.

Les fermiers s’implantent donc facilement à l’ouest (grands espaces disponibles), le fil barbelé les encourage (en leur permettant de marquer leur propriété)… mais cela ferme les grandes prairies et refaçonne le territoire.

L’âge d’or des cow-boys sous leur forme « libre » et étendue n’aura duré que 20 ans : les ranchs fermés prennent la relève.

Dès lors, de vastes plantations de blé, de maïs et d’immenses ranchs d’élevage se développent dans le Midwest, au détriment des 250 000 derniers Amérindiens qui sont parqués dans de petites réserves. Des Etats continuent d’être crées (Idaho, Wyoming…) et toute cette zone devient le grenier des Etats-Unis. Le dry farming et l’utilisation de blés durs permettent à ces régions semi-arides d’obtenir un fort rendement.

Dans les années 1870 et 1880, des ranchs s’étendent plus au nord dans de nouveaux pâturages et remplacent les troupeaux de bisons disparus dans le Wyoming, le Montana, le Colorado, le Nebraska et le Territoire du Dakota. L’élevage dans des ranchs ouverts a été remplacé par des surfaces délimitées par des clôtures (en barbelé…) pour lesquelles on se dispute l’eau et les pâturages. Cela aboutit à des « guerres de clôture » (fence wars) qui naissent de litiges sur les droits à l’eau. Les éleveurs s’affrontent souvent, y compris de façon armée.

Là encore (comme dans le cadre des villes minières), la vie est violente et essentiellement masculine. L’univers des cow-boys, et ce pour nombre de décennies, cet univers de l’Ouest sauvage et anarchique, est un monde où l’on respecte davantage le colt que le juge, où certains bandits sont, paradoxalement, très populaires, voire considérés comme des héros (ex : Jesse James) et où l’on n’a souvent guère d’autre choix de se faire justice soi-même. Mais comment condamner la violence quand le gouvernement lui-même légitime la spoliation des Indiens voire, dans bien des cas, leur extermination ?

La naissance d’un mythe

La mythologie de l’Ouest commence à apparaître avec les spectacles de chanteurs et la musique populaire des années 1840. Durant la même période, Phineas Taylor Barnum exhibe des chefs et des danseurs amérindiens dans ses musées.

Cependant, l’intérêt du public décolle vraiment quand des romans apparaissent à la fin des années 50, le premier étant Malaeska, the Indian Wife of the White Hunter. En simplifiant ou en exagérant la réalité, les romans captivent l’attention du public avec des histoires sensationnelles mettant en scène la violence et l’héroïsme, et fixent dans les esprits des stéréotypes : le cowboy courageux, l’Indien sauvage, l’homme de loi vertueux, le hors-la-loi impitoyable, le brave colon, et l’éleveur prédateur. Des milliers de titres sont édités (et écrits en quelques jours en reprenant toujours les mêmes ressorts) et des millions d’exemplaires vendus, popularisant des figures comme Buffalo Bill ou Calamity Jane. C’est aussi par les écrits, la presse, les romans, les magazines et la tradition orale, puis par les illustrations d’artistes, que les figures de Jesse James, Butch Cassidy, Billy the Kid, mais aussi de célèbres fusillades ou braquages, comme la fusillade d’O.K. Corral, passeront à la postérité.

Le cas de Buffalo Bill est particulièrement intéressant, au sens où cet ancien cavalier du Poney Express et surtout chasseur de bisons aura saisi l’occasion de promouvoir sa propre légende en montant son spectacle itinérant, le Wild West Show, à partir de 1883, en reprenant les stéréotypes de l’Ouest, et en jouant son propre rôle ! Des Amérindiens et des cowboys sont embauchés pour présenter des démonstrations d’équitation, de lasso et de tir de précision, pour lequel s’illustre notamment Annie Oakley. Buffalo Bill exportera son spectacle en Europe, répandant à l’étranger les mythes de l’Ouest sauvage. La reine Victoria le réclamera même deux fois !

La question indienne

Mais, dans la réalité, les choses n’ont rien d’un divertissement.

Nous l’avons vu un peu plus tôt : si, à divers endroits, les relations entre Blancs et Indiens étaient restées à peu près pacifiques, notamment grâce à la traite des fourrures et à la faible densité de la population blanche, les massacres, les attaques et les conflits avaient toujours fait partie du paysage. Et au XIXe s., c’est une politique de spoliation, de déportation et même d’extermination en règle qui se met en place.

Les opinions divergent, bien sûr ; certains sont pour l’acculturation, via la négociation, la pacification, l’éducation et l’évangélisation, mais d’autres votent pour l’extermination pure et simple des Native Americans à coups de répression et de massacres.

Au fil du temps, ce sont plus de 400 traités signés avec les Amérindiens qui ont été bafoués par les Blancs (qui traversent les réserves, empiètent sur les territoires laissés aux tribus…) ; si bien qu’en 1870, la Cour suprême autorise tout bonnement le Congrès à annuler tous les traités passés avec les Amérindiens !

Désormais, tous les prétextes sont bons pour entrer en campagne contre les dernières tribus indépendantes : vols de chevaux, incidents, vols de bétail, négociations qui dégénèrent…

Ceux-ci se révoltent à plusieurs reprises contre des colons qui envahissent leurs terres, enlèvent des enfants pour servir de main-d’œuvre, s’installent n’importe où, exploitent et épuisent les réserves naturelles, tuent leurs bisons…

En vain.

Au sortir de la guerre de Sécession, les officiers de l’armée américaine sont décidés à en découdre avec les « sauvages ». La lutte devient féroce et pendant vingt ans les Indiens livrent une lutte désespérée contre les Blancs : ils sont contre l’arrivée du chemin de fer, contre l’extermination du bison, se révoltent contre les privations dont ils font l’objet, réclament le respect de leurs terres. L’armée, quant à elle, s’est donné pour mission de débarrasser les territoires en cours de colonisation des Amérindiens circulant en liberté, de confiner ceux-ci dans des réserves et de « protéger » les mines d’or…

À partir des années 1860, la forte résistance de la part des Amérindiens entraîne plusieurs guerres indiennes : guerres et massacres se succèdent, en alternance avec d’autres formes de représailles et d’oppression de la part de l’armée américaine (tactique de la terre brûlée, déportations, destruction de provisions hivernales, politiques ponctuelles de tir à vue, massacres de bisons pour priver les Indiens de leur principale source de subsistance et les démoraliser…) :

  • Le massacre de Bear River en 1863 contre les Shoshones
  • Les guerres contre les Apaches à partir de 1860 (jusqu’en 1886) – violences dès 1849
  • La campagne contre les Navajos d’Arizona en 1862
  • La guerre des Dakotas en 1862
  • La guerre du Colorado entre 1863 et 1865
  • La bataille d’Adobe Walls contre les Comanches, les Cheyennes et les Kiowas en 1864
  • La guerre du Red Cloud contre les Lakotas entre 1866 et 1868
  • La seconde bataille d’Adobe Walls en 1874
  • La guerre de la Red River en 1874-75
  • La guerre des Nez-Percés en 1877
  • La guerre des Bannocks en 1878
  • La guerre des Shoshones en 1879
  • La guerre des Black Hills ou Grande Guerre des Sioux de 1876 à 1877, dernier conflit d’une grande ampleur, mené par les Lakotas dirigés par deux chefs très célèbres, Sitting Bull, Red Cloud et Crazy Horse (c’est dans le cadre de cette guerre qu’eut lieu la célèbre victoire indienne de Little Bighorn au cours de laquelle le général Custer, fervent combattant d’Indiens – et héros national américain… – est tué)
  • La dernière grande campagne contre les Amérindiens du Sud-Ouest, dont les Apaches et leur célèbre chef Geronimo, en 1886
  • Le massacre de Wounded Knee, qui marque bien tragiquement la fin des guerres contre les Sioux en 1890 : les soldats américains font feu alors que les tribus tentant de se regrouper avaient fini par être encerclées et étaient en train d’être désarmées. Trois cents Sioux auraient été massacrés, dont des femmes et des enfants. Aujourd’hui, les activistes amérindiens considèrent que Wounded Knee est l’exemple même de la brutalité et de l’oppression dont le gouvernement américain aura fait montre face aux Indiens. Un siècle après le massacre, le Congrès américain a fait passer une mesure permettant d’exprimer ses « profonds regrets ». Les Amérindiens continuent de réclamer le retrait des « médailles d’honneur » distribuées à de nombreux soldats pour leur « courage » après ce prétendu « combat ».

Cette liste est bien sûr loin d’être exhaustive. La tradition fait du massacre de Wounded Knee le point final des guerres indiennes mais, en réalité, les conflits armés entre Américains et Amérindiens s’étaleront jusqu’en 1918. Les épidémies de coqueluche, d’oreillons, de variole et de grippe continueront pour leur part à faire des ravages et à mener certaines tribus au bord de la disparition.

Les autorités tentent de pratiquer alors une politique d’assimilation : elles s’en prennent à la propriété collective traditionnelle et obligent à partir de 1887 les Indiens à recevoir une part de terres tribales, le reste revenant à l’État fédéral.

À la fin du siècle, les tribus amérindiennes rebelles ont été vaincues et reléguées dans des réserves, l’essentiel des terres a été colonisé. La citoyenneté américaine ne sera attribuée aux Native Americans qu’en 1924 et le droit de vote ne leur sera accordé qu’en 1948 (et dans certains Etats seulement pour commencer) !

Au nombre d’environ 7 millions en 1500, les Natifs Américains ne sont plus que 300 000 en 1900.

Articles détaillés : Politique indienne du gouvernement américainGuerres indiennes.

Les derniers Etats à rejoindre l’Union

  • 1867 : achat de l’Alaska aux Russes (l’Alaska ne deviendra cependant un Etat, le 49e, qu’en 1959)
  • En 1889 et 1890 : Dakota du sud et du nord, Montana, Washington, Idaho, Wyoming. D’immenses plantations de blé et de maïs et d’immenses stations d’élevage se développent dans le Midwest, au détriment des 250 000 derniers Amérindiens qui sont parqués dans de petites réserves.
  • En 1912, les territoires de l’Arizona et du Nouveau-Mexique (acquis depuis longtemps) deviennent enfin des Etats à part entière.
  • En 1959 : Hawaï devient le 50e Etat des Etats-Unis d’Amérique.

La fin du XIXe siècle

L’industrie explose : les USA ont enfin rejoint la Révolution Industrielle et ne vont pas tarder à en prendre le lead. Ils découvrent de multiples richesses minières dans leur sous-sol.

Les grandes vagues migratoires commencent depuis l’Europe de l’Est et du Sud dans les années 1890 (les USA sont vus comme une Eldorado, on fuit la misère, les pogroms, les persécutions religieuses…).

Comme en Europe, de violentes oppositions entre riches capitalistes et ouvriers éclatent et sont matées, souvent dans la violence.

Jusque-là, les USA s’intéressaient à eux-mêmes, à leur construction, au seul continent nord-américain, alors que, tout au long de l’époque moderne, puis au cours du XIXe s., les puissances européennes cherchent à dominer, conquérir et explorer le monde. Enfin, ils vont pouvoir s’ouvrir vers l’extérieur…

Conclusion

En résumé, en moins d’un siècle les USA acquièrent par traité, négociation, achat, échange ou guerre tout leur territoire actuel d’est en ouest et du nord au sud.

En 1890, la fin de la « Frontière », c’est-à-dire du front de colonisation, est proclamée. Cette nouvelle provoque un choc dans l’opinion publique américaine. En effet, quand le 11e recensement des Etats-Unis est achevé en 1890, le surintendant annonce qu’il n’y a plus de front pionnier discernable, et qu’il n’y a donc plus de « Frontière » au sein des États-Unis.

Toutefois, selon l’historien Samuel Eliot Morison, il y a encore en 1890 des milliers de kilomètres carrés de terres non occupées, qui nécessiteront quelques décennies de plus pour être peuplés ou exploités : la densité de population dans l’Ouest a atteint une moyenne de deux habitants par mile carré (un peu moins de 0,8 hab./km2), ce qui est suffisant pour considérer que l’ensemble du territoire est colonisé…

Ainsi, dans sa très influente « Thèse de la Frontière » (Frontier thesis) élaborée en 1893, l’historien Frederick Jackson Turner conclut que la Frontière a pratiquement disparu. Mais avec la découverte d’or dans le Klondike et la ruée qui s’ensuit, en 1896, une nouvelle frontière est ouverte dans le vaste territoire de l’Alaska, qui devient la « dernière frontière » (« the last frontier »).

En 1890, San Francisco est la plus peuplée des villes de l’Ouest avec 300 000 habitants. Malgré l’opposition des exploitants miniers et forestiers, le gouvernement fédéral commence à prendre des mesures pour préserver les terres publiques restantes et les ressources naturelles, et exerce donc plus de contrôle sur les affaires des habitants de l’Ouest.

Il va sans dire que le XIXe s. et cette fameuse « Conquête de l’ouest » figure parmi les périodes de l’Histoire américaine les plus illustrées dans l’art, la littérature et l’imaginaire collectif américains : dès les années 1840 (et la fameuse « Destinée Manifeste »), c’est toute une mythologie de l’ouest qui se crée dans les romans, spectacles populaires, chansons, magazines, musées… et qui commence à véhiculer une vision stéréotypée de l’Ouest (l’Indien sauvage, le colon courageux, le hors-la-loi dangereux, le shérif justicier…) et à rendre célèbres certaines personnalités de cette vaste conquête (Buffalo Bill, Jesse James, Calamity Jane, Billy the Kid, Davy Crockett, Butch Cassidy, le gang Dalton…). Aujourd’hui encore, longtemps après les premiers westerns hollywoodiens, nombre de films, de BD et de séries plantent leurs héros dans ce cadre « héroïque » et fortement fantasmé.

Avec la Conquête de l’Ouest, ce sont aussi les valeurs américaines qui se sont enracinées : l’autosuffisance, l’individualisme, l’audace, la ténacité…

Les USA, longtemps repliés sur eux-mêmes et concentrés sur la conquête du continent nord-américain et l’apprivoisement de leur propre territoire, ne se tourneront vers le monde qu’à l’occasion de la Première Guerre Mondiale… et, s’étant conquis eux-mêmes, ils n’auront de cesse, dès lors, de partir à la conquête du monde… et de passer de l’isolationnisme… à un impérialisme forcené…

Découvrez ici sans attendre la suite de cette Petite Histoire des Etats-Unis d’Amérique…


Texte : (c) Aurélie Depraz
Illustrations : Pixabay

A découvrir aussi :

A voir :

Cinéma / séries / films sur la conquête de l’ouest

Les westerns classiques

Ils mettent scène des héros vertueux joués par exemple par Gary Cooper et John Wayne, des personnages stéréotypés et des scénarios manichéens. Les Indiens sont systématiquement présentés comme « méchants », sauvages et sanguinaires.

Les western « spaghetti »

Ils renouvellent en genre en Italie, personnages cyniques mais plus réalistes, situations violentes…

Les western « révisionnistes »

Comme leur nom l’indique, ils prennent le contrepied des westerns classiques : les personnages principaux (blancs) sont des antihéros ; les Indiens sont réhabilités ; leur sort tragique mis en avant ; et la violence et le réalisme davantage exacerbés. Ex : Les Cheyennes en 1964, Little Big Man en 1970 ou Jeremiah Johnson en 1972.

Je cite wiki (fin d’article, gros coup de flemme !!) : « Parmi les westerns les plus populaires de nos jours, on peut citer Le Bon, la Brute et le Truand (1966) et Il était une fois dans l’Ouest (1968) de Sergio Leone ; Impitoyable (1992) et Josey Wales hors-la-loi (1976) de Clint Eastwood ; Le train sifflera trois fois (1952) de Fred Zinnemann ; Butch Cassidy et le Kid (1969) de George Roy Hill ; La Horde sauvage (1969) de Sam Peckinpah ; L’Homme qui tua Liberty Valance (1962), La Prisonnière du désert (1956) et La Chevauchée fantastique (1939) de John Ford ; Rio Bravo (1959) et La Rivière rouge (1948) de Howard Hawks ; Danse avec les loups (1990) de Kevin Costner ; John McCabe (1971) de Robert Altman ; Dead Man (1995) de Jim Jarmusch ; Little Big Man (1970) d’Arthur Penn ; True Grit (2010) des frères Coen (2011). »

Les séries :

Sur cette période :

Article détaillé : Histoire des États-Unis de 1776 à 1865.

Evolution territoriale : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89volution_territoriale_des_%C3%89tats-Unis

Histoire des USA : le temps des divisions (principalement sur l’esclavage) : 30 min et ensuite ça boucle : https://www.youtube.com/watch?v=–6jK4Y0h-8

Histoire des USA, la guerre de Sécession (44 min) : https://www.youtube.com/watch?v=rT8wOpK32P4

Histoire des USA, la conquête de l’ouest (après la guerre de Sécession) : 43 min puis ça boucle : https://www.youtube.com/watch?v=NUAG6b4aNQo

La conquête de l’ouest résumée par Nota Bene : https://www.youtube.com/watch?v=Wt7Qa5uivwQ

« La véritable histoire des Amérindiens » https://www.youtube.com/watch?v=n5O-FJjPfJE&has_verified=1

Sur les Amérindiens (rappels assez basiques), de leur mode de vie traditionnel aux guerres indiennes en passant par la rencontre avec les premiers colons blancs : https://www.youtube.com/watch?v=Ec4CrVDyGac

La conquête territoire par territoire de l’Amérique : excellent récap !  https://www.youtube.com/watch?v=DP0_LhNOM4s

Films

Pour le Far West, les guerres indiennes et la Conquête de l’ouest :

Pour la guerre de Sécession :

Histoire globale :

Un super résumé de l’Histoire des USA : https://www.youtube.com/watch?v=BVBHlg8xDUA

Un documentaire arte 1h30 sur la Liberté au cœur de la construction des USA des origines à nos jours : https://www.youtube.com/watch?v=RXylXsZgz9Y

Version très courte : https://www.youtube.com/watch?v=eWhbAYv8u3Q

Version humour avec Dieudonné : https://www.youtube.com/watch?v=m2xxCah0qWw

L’Histoire des USA : une simple histoire de migrations successives, en fait (j’aime beaucoup les 3 dernières minutes, très touchantes) :

Chronologie des USA : https://fr.wikipedia.org/wiki/Chronologie_des_%C3%89tats-Unis

Tagged ,