Mes univers & personnages

L’Ecossaise d’Inverness – coulisses

Et hop ! C’est parti pour le making-of de L’Ecossaise d’Inverness, le 3e tome de la série Sasunnachs & Highlanders ! Vrai du faux, recherches, coulisses, anecdotes… vous saurez tout !

Le vrai du faux

Le faux

Voici quelques-unes des libertés que j’ai prises :

Le château d’York :

En réalité, le château d’York a toujours été propriété royale (dès la construction du premier donjon de bois par Guillaume le Conquérant). Le château abritait ainsi l’administration du comté, les institutions royales quand le roi se déplaçait dans le nord, une prison, les locaux du shérif (représentant du roi dans ses provinces)… Il ne fut jamais le lieu de résidence d’une famille ducale (!). En revanche, plusieurs rois y séjournèrent lors de leurs déplacements dans le nord du pays, Jean sans Terre, Henri III… même si, la plupart du temps, les souverains anglais préférèrent dormir à l’abbaye Sainte-Marie. Le château était à usage purement administratif et défensif. Il accueillit notamment l’administration royale dans le Nord pendant une bonne partie des guerres d’indépendances écossaises, de 1298 à 1338.

La prison d’York ferma définitivement ses portes en 1929 seulement. Aujourd’hui il ne reste à peu près que la Tour Clifford et le musée du château au milieu de vestiges épars (fragments de l’ancienne forteresse, de ses murs, de ses tours et de ces corps de garde).

Pour en savoir plus sur l’Histoire de ce château : ici. Ou, encore mieux bien sûr : visitez York !^^

Les ducs d’York :

En 1375, le titre de « duc d’York » n’existait pas ! ^^ En effet, il ne fut créé qu’en 1385 par le roi Richard II à l’intention de son oncle, Edmond de Langley, comte de Cambridge et quatrième fils d’Edouard III (et de la reine Philippa de Hainaut).

A partir de 1461, il sera attribué au deuxième fils du monarque britannique (tout comme le premier fils hérite de celui de Prince de Galles). Je crois d’ailleurs (de mémoire !) que j’évoquais rapidement le duc d’York, frère du roi (George IV) dans mon roman Alexander (ou dans James – enfin, dans l’un des tomes des Passions Londoniennes, en tout cas !^^).

Edmond de Langley (frère cadet du Prince Noir – prince de Galles et d’Aquitaine – et de Jean de Gand – duc de Lancastre) fut donc le premier à bénéficier du titre de duc d’York. Il le transmit à sa descendance pendant quelques décennies et donna ainsi naissance à la lignée d’York, qui s’opposa farouchement à la maison de Lancastre (issue de son frère Jean) pendant la sanglante guerre des Deux-Roses qui suivit la mort de Richard II (une guerre, soit dit en passant, et des noms de grandes familles qui ont grandement influencé la saga de Game of Thrones, opposant notamment… les Stark et les Lannister !^^)

Pour en savoir plus sur le titre de duc d’York : c’est ici

Les paysages

Bien sûr, j’ai légèrement caricaturé les différences en termes de paysages entre l’Ecose et l’Angleterre du Nord : on trouve encore évidemment dans le Yorkshire des landes, de la bruère, des paysages un peu tourmentés comme dans tout nord anglais, même si le tout s’avère aussi beaucoup plus propice à l’agriculture que Highlands ! En vrai, l’écart n’est pas si grand entre les campagnes du Yorkshire et les paysages des Lowlands…

Le vrai

1 – Aussi incroyable que cela puisse paraître, les archers de la Guerre de Cent Ans maniaient bien des arcs de 120 à 180 livres, quand les arcs pour hommes d’aujourd’hui sont d’une puissance entre 35 et 70 livres grand maximum ! Les analyses squelettes des archers de l’époque révèlent de sacrées déformations osseuses…

2 – La loi évoquée sur le droit de tuer en toute impunité un Ecossais muni d’un arc et de flèches au sein des remparts a bel et bien existé dans le York médiéval ! Mieux ! En vertu des complexités administratives et diverses lacunes juridiques en matière d’abrogation, elle serait toujours en vigueur ! C’est l’une des petites particularités de la ville…

Anecdotes

1 – Il existe depuis quelques années à York un festival Viking qui célèbre chaque année en février la culture et le passé nordiques de l’ancienne capitale du royaume Viking d’York… Petit clin d’œil à mes amis les Vikings, donc : York devient bel et bien la capitale d’un des royaumes créés par Vikings danois lors grande invasion païenne de 865 (celle mentionnée dans L’amour, la mer, le fer et le sang) : celui de Jorvik, évoqué non seulement dans l’Ecossaise d’Inverness, mais également dans plusieurs de mes romans vikings !

2 – J’avoue que, sur le longbow anglais, j’ai découvert plus d’anecdotes croustillantes que, peut-être, sur n’importe quel autre sujet de recherches jusqu’à présent ! (les Vikings mis à part, sans doute…)

Je me contenterai ici de rapporter deux, trois anecdotes ; elles sont piochées dans l’article Wikipedia destiné au longbow :

« Le mythe de Robin des Bois héros, s’opposant au pouvoir arbitraire, avec l’arme du peuple, s’intègre dans ce contexte (de manière similaire à Guillaume Tell, l’arbalétrier suisse). D’après les travaux de Rodney Howard Hilton, il naît dans la tradition orale populaire anglaise au XIIIe siècle, mais le personnage se façonne très nettement au XIVe siècle. Il défend alors les paysans contre le shérif et l’abbé. Or, à l’époque, le problème est de savoir si les paysans en procès ont le statut de paysan libre ou de serf, car dans le deuxième cas, prestations et corvées pouvaient leur être imposées à merci. Le shérif est celui à l’époque qui représente la force publique, donc la loi et l’impôt. Dans un contexte où, après la Grande peste de 1350, le paysan devient rare donc précieux et qu’il se met à revendiquer une place plus importante dans la société, le shérif devient l’ennemi principal. Cependant, alors que le prix des produits agricoles et les salaires montent du fait de la raréfaction de la main d’œuvre, ces derniers sont bloqués arbitrairement par le Statut des laboureurs voté par le Parlement anglais en 1351, ce qui entraîne un fort mécontentement. Le contentieux avec les abbés vient de ce qu’ils sont de gros propriétaires terriens et qu’ils appliquent leur pouvoir de manière souvent divergente avec l’éthique chrétienne qu’ils sont censés défendre. De plus, le crédit de l’Église est fortement atteint du fait du Grand Schisme d’Occident et des prédications des lollards qui battent la campagne en diffusant les thèses religieuses égalitaristes de John Wyclif. Il n’est donc pas étonnant que les clercs soient, avec le shérif, les principales cibles de la satire populaire. Au sein des archers anglais, les différentes classes sociales combattent côte à côte (à des grades certes différents) et il est révélateur que Robin des Bois utilise cette arme égalitaire. Plus récemment, des médiévistes ont mis de l’avant le rôle de la petite noblesse anglophone (gentry) dans la constitution du mythe. Elle formait la principale audience des ballades et la crise de la féodalité a été pour elle une période de perte de pouvoir par rapport à la grande aristocratie francophone (l’anglais ne devient langue officielle qu’en 1360). En Angleterre, ces forces sociales sortent renforcées à la Renaissance, alors que le Parlement anglais et le protestantisme (dont Wyclif est un précurseur) deviennent prédominants. » (Source: Wiki)

3 – Mes recherches m’ont amenée à découvrir le Robin des Bois des temps modernes, ZE référence du XXe siècle en matière d’archerie : j’ai nommé : Howard Hill ! Le plus fameux chasseur à l’arc droit (=longbow) du XXe siècle, qui doubla justement Errol Flynn dans le film Les Aventures de Robin des Bois de 1938 ! (il paraît qu’il ressemblait beaucoup à l’acteur, ça tombe bien !^^).

Je cite Wiki pour la suite de ses « exploits » : « Hill a fait sa renommée avec la chasse aux grands fauves, armé uniquement d’un arc droit de sa propre fabrication : il a plus de 2 000 prises à son actif. Il a tué trois éléphants avec un longbow d’une force de 115 livres, au moyen d’une flèche de 1,04 m, afin de pouvoir atteindre le cœur de l’animal. Il a homologué plusieurs records, dont la capacité d’utiliser un arc de 172 livres. Les forces varient en général : 65 livres (son arc le Grandma), 85 livres (le Grandpa), et certains arcs atteignant 100, 120, voire exceptionnellement 140 livres. » Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Howard_Hill

4 – « Durant la Seconde Guerre mondiale (en mai 1940) le lieutenant-colonel John Malcolm Thorpe Fleming Churchill (dit Jack Churchill), officier excentrique qui avait pour habitude de combattre en emportant un arc et une épée, abattit d’une flèche le sous-officier allemand commandant une patrouille lors d’une embuscade; c’est le seul cas connu d’utilisation militaire d’un arc au cours du conflit. » (WIKI)

5 – Ce que je décris de la cathédrale d’York est vrai (vitraux etc). Le vitrail du fond de la cathédrale serait le plus vaste du monde ! (aussi grand qu’un court de tennis !) ; et la cathédrale elle-même dans son ensemble renfermerait la plus grande collection d’anciens vitraux médiévaux du monde… Enfin, c’est le plus grand édifice gothique du Nord de l’Europe (nord des Alpes)… avant la cathédrale d’Uppsala! (petit clin d’oeil à mon roman Les Yeux de Mila !!!) 

6 – Note finale plus light : j’ai assisté à des Highland Games lors de mon dernier voyage écossais; à cette occasion, j’ai testé le burger au cerf et à la confiture de cranberry, ainsi que le burger au haggis (fallait bien la jouer couleur locale jusqu’au bout !)^^

Recherches

Mes recherches spécifiques concernant ce roman ont porté sur :

  • Le déroulement des premières phases de la Guerre de Cent Ans, et notamment :
    • La Bataille de Crécy
    • La Bataille de Poitiers
    • Les chevauchées
    • Le Prince Noir
    • Le duc de Lancastre
    • L’archerie anglaise (long bow, émergence des célèbres archers anglais, spécificités…)
    • L’armement de l’époque
  • Les Highlands
  • Le mormaerdom de Moray
  • Le royaume picte de Moray
  • Le Fortriu
  • Les Vikings en Ecosse
  • Les Vikings d’York
  • Les Pictes
  • Le Loch Ness, le Great Glen
  • Le château d’Urquhart
  • Inverness
  • La ville d’York
  • L’archerie en général

Appuyée sur les recherches précédentes sur :

  • Les villes au Moyen Âge
  • Les métiers au Moyen Âge

et à tous mes articles précédents sur ces thématiques :

Bonne exploration !^^


Illustration de cet article : image libre de droit Pixabay (clap) + couverture réalisée par Marine Manlay

Texte : (c) Aurélie Depraz