Ceux d’entre vous qui auront lu mes romans Alexander et Jay (parutions : mars et mai 2020) n’auront pas été sans remarquer que la question des innovations industrielles de l’époque (1819) est assez présente dans ces deux romans… Petit rappel donc des grandes lignes de cette période majeure de l’Histoire européenne : la Première Révolution Industrielle…
Introduction
La Révolution industrielle dans son ensemble, c’est le passage d’une société à dominante agraire à une économie à dominante industrielle et commerciale, technicienne et rationaliste. Cette transformation a touché toutes les grandes puissances occidentales entre la fin du XVIIIe s et la fin du XIXe s. : la Grande-Bretagne tout d’abord (aux origines de cette Révolution dès les années 1760), puis la France, la Belgique et la Suisse au début du XIXe, puis l’Allemagne, la Suède, le Japon et les USA au milieu du siècle puis, enfin, l’Italie, l’Espagne, la Russie et l’Autriche-Hongrie à la fin du XIXe. Le passage d’une économie principalement agricole et rurale à une économie industrialisée aura eu, dans chacun de ces pays, des impacts économiques et financiers, bien sûr, mais aussi sociaux (exode rural, syndicalisme, urbanisation…), politiques (émergence du socialisme…), environnementaux (pollution, raréfaction des ressources, surexploitation des ressources, exploitation de nouvelles énergies, modification des paysages…), juridiques, sociétaux (développement des transports et des communications…)…
On a coutume de distinguer une Première Révolution Industrielle d’une Deuxième, et même d’une Troisième et d’une Quatrième (pour parler des révolutions de l’informatique, de l’information, de l’automatisation de la production, de l’intermédiation, des finances et des télécommunications dans les années 1970 puis de la révolution de la 3D et du numérique dans les années 2010 – mais franchement, on n’en parlera pas ici, on sort complètement du sujet !)
Cet article se concentrera sur la Première Révolution Industrielle (fin XVIIIe – première moitié XIXe s.) ; un autre article traitera de la seconde (à découvrir très bientôt sur ce blog).
Les pays concernés par la Première Révolution Industrielle furent, pour l’essentiel, la Grande-Bretagne, puis la Belgique, la France et la Suisse.
1 – Aux origines : prémices et contexte favorable au XVIIIe puis au XIXe s.
Malgré le terme de « Révolution », comme tout changement ou tournant majeur, l’industrialisation de l’Europe ne s’est pas faite du jour au lendemain. De nombreuses évolutions économiques préfigurent, au cours des siècles précédents, divers aspects du futur capitalisme de l’époque contemporaine :
- L’invention de l’imprimerie au XVe s.
- Le protestantisme et l’importance de la valeur travail et du mérite dans son idéologie
- L’émergence du système, non pas encore des usines, mais des manufactures
- La pratique de la division du travail dans certains secteurs (chantiers navals)
- L’utilisation, quoique modeste, du charbon comme combustible (qui ne date certes pas du XIXe , ni même du XVIIIe s.) !
- Les progrès en matière de navigation, d’horlogerie (l’une des premières activités mécaniques, finalement !), de soierie, d’extraction minière et même de méthodes bancaires, qui ont évolué au fil des siècles.
- Les grandes foires européennes médiévales (cf. mon roman « Indomptable Aquitaine », qui met en scène les grandes foires champenoises !), qui attestent d’échanges internationaux importants
- Certains systèmes artisanaux basés sur la sous-traitance à domicile, qui annoncent le futur salariat
- En matière agricole, des progrès lents mais continus à partir du Moyen-Age central (innovations successives, lents gains de productivité, mise au point du drainage, de l’enclosure, marnage, amélioration de l’outil agricole etc…) ; le machinisme agricole au XIXe (moissonneuses-batteuses etc) ne sera finalement que la continuité de ces innovations successives siècle après siècle.
- Le capitalisme émergent des pays du nord, notamment des Pays-Bas
- La physiocratie du XVIIIe, qui annonce la future science économique (les physiocrates sont, en quelque sorte, les premiers économistes)
- L’émergence de la bourgeoisie au fil des XVIIe et XVIIIe s. (valeur travail importante, vs l’oisiveté aristocratique)
- Les idées des Lumières sur le progrès, la liberté etc., qui comprennent la « liberté du commerce et de l’industrie » et la « libre concurrence » : la voie vers l’économie de marché et le libre-échange s’ouvre…
- Les grandes compagnies marchandes (dont les plus connues furent les Compagnies des Indes orientales), qui préfigurent les entreprises modernes
- En outre, dès la fin du Moyen-Age, l’Allemagne du nord (actuelle), l’Italie du nord (actuelle) et les Pays-Bas (actuels) sont en avance du point de vue des pratiques capitalistes marchandes et financières
- Et dès le XVIIe s., différentes formes de sociétés (entreprises) émergent : sociétés en nom commun, société en commandite… Elles préfigurent les futures sociétés anonymes etc.
Si bien que certains historiens parlent de « pré-industrialisation », de « proto-industrialisation » ou encore de « nébuleuses industrielles » antérieures à la Révolution de la fin XVIIIe.
En revanche, ce qui survient dans un laps de temps extrêmement court, c’est la succession d’innovations/découvertes techniques à partir de la 2e moitié du XVIIIe : là, on peut parler d’une véritable révolution scientifique et technique, qui sera au fondement de l’industrialisation en masse de l’Europe (cf. partie 2).
Facteurs ayant en outre encouragé l’industrialisation et la croissance formidables du XIXe :
- L’équilibre politique international (pas de « grande » guerre entre 1815 et 1914)
- Un monde énorme à se partager (inégalité flagrante dans l’armement et la technologie disponibles entre les puissances européennes et les contrées colonisées), des ressources abondantes qui affluent vers les métropoles, de véritables empires (et leurs matières premières) au service des pays européens (voir par exemple mon article sur l’Empire britannique)
- Une absence d’inflation
- Un équilibre monétaire avec le système de l’étalon-or
2 – Une invention-clé et primordiale : la vapeur comme source d’énergie
Première étape de l’invention de la « machine à vapeur » : fin XVIIe, le Français Denis Papin montre que la vapeur sous pression peut actionner un piston dans un cylindre et donc servir de source d’énergie (la première à venir remplacer l’énergie éolienne et hydraulique exploitée par les moulins et… l’huile de coude !).
Puis :
Les premiers usages de la vapeur : le pompage des mines de charbon
- En 1698, le capitaine Thomas Savery invente une machine fonctionnant à vapeur et utilisable industriellement pour exhaurer (= « détourner par puisage ou pompage les eaux d’infiltration des mines et milieux souterrains »-définition Wikipedia) les mines à charbon anglaises. C’est ce genre d’innovations qui va bientôt permettre une utilisation massive du charbon (houille) qu’on ne pouvait jusqu’alors extraire qu’à petite dose, les eaux envahissant les mines au fur et à mesure qu’on les creusait… C’est bel et bien la machine à vapeur qui permettra les emplois massifs de charbon en permettant de pomper l’eau envahissant les galeries au fur et à mesure qu’on s’enfonce dans le sol : le problème des inondations est résolu, l’extraction massive du charbon peut commencer. Bien qu’elle-même gourmande en charbon et assez simpliste (elle demande encore à être améliorée bien sûr), cette machine permet de sauver de nombreuses mines de la « noyade ». Parmi les premiers emplois de la vapeur figureront aussi les filatures de coton et les manufactures en divers textiles (voir ci-dessous).
- En 1705, la machine de Savery est améliorée par Thomas Newcomen avec qui il s’associe.
- En 1712, c’est toujours Thomas Newcomen qui invente (à partir des inventions précédentes bien sûr) la véritable première machine à vapeur dont descendront toutes les futures machines alternatives : c’est toujours une machine de pompage des eaux pour les mines à charbon, mais son fonctionnement est innovant.
- En 1769, l’Ecossais James Watt améliore encore la machine à vapeur de Newcomen ; sa machine permet de grosses économies sur le charbon et de limiter la déperdition d’énergie dont souffrait la machine de Newcomen.
- En 1783, James Watt invente la machine à double effet.
- En 1788, il invente le régulateur à boules ou centrifuge
- Au début de XIXe, l’Angleterre utilise déjà des milliers de machines à vapeur dites de « Boulton et Watt » et est très en avance sur la France, la Prusse…
Côté utilisation de la vapeur pour l’industrie textile :
- En 1738, l’immigré huguenot Lewis Paul invente une machine à filer utilisant l’énergie de la vapeur.
- En 1777, Richard Arkwright améliore cette machine à filer et utilise l’eau comme force motrice.
- En 1785, Edmund Cartwright dépose un brevet pour sa tisseuse à vapeur (premier métier à tisser mécanique). On voit donc bien que, très vite, la vapeur comme source d’énergie intéresse la proto-industrie textile.
En matière de navigation : les bateaux à vapeur :
- Avant même 1800, quelques expérimentations de bateaux à vapeur (=aux hélices ou roues à aube propulsées par des moteurs fonctionnant à vapeur) sont faites (années 1770 et 1780). L’intérêt du bateau à vapeur étant… de ne plus dépendre de la configuration des vents (ou de la force des bras pour ramer), pour commencer ! (avantage non négligeable !)
- En raison des limites de la machine telle qu’elle existe alors (risque d’incendie, risque de panne, faible autonomie, mauvais rendements…), la navigation à vapeur se développe d’abord sur les rivières, sur les fleuves, sur les trajets courts, dans les ports et pour des opérations de remorquage.
- Ensuite seulement (mais relativement vite), elle
progresse techniquement (abandon notamment des roues à aube, gain en
efficacité, rapidité, économie et fiabilité) et conquiert la haute mer et les
grandes traversées (transatlantiques par exemple) – avant même les années 1830.
Elle présente alors de nombreux avantages :
- Circulation plus rapide qu’à la voile, réduction des temps de trajet
- Tonnage des navires plus conséquent
- Diminution non négligeable, par conséquent, des frais de transport
- Echange de bons procédés : les bateaux à vapeur permettent de transporter d’énormes quantités de charbon (cercle vertueux) alors que les routes ne permettent pas encore de transporter de grosses quantités de matériaux lourds. Des canaux sont creusés pour permettre la circulation de ces bateaux à vapeur et de leurs lourds chargements. Avant l’avènement de la locomotive, ces canaux et ces bateaux font des miracles en termes d’échange et de circulation de biens et de personnes. Les navires à vapeur contribueront à une augmentation sans précédent du commerce international.
- Ces bateaux sont nommés « SS » (pour Steam Ship) : les premiers conquièrent le monde dès années 1820, 30 et 40.
Les premières locomotives :
- Le concept du rail est très ancien (les Romains, les Grecs et les Egyptiens en utilisaient déjà plus ou moins, sous forme de chemins guidés, de rigoles ou de rails en bois ; des chariots/wagons sur rails (non motorisés bien sûr) reliés en convois sont attestés au XVIe s. dans des mines en Alsace ou en Suisse ; des chevaux tractaient des berlines dans les mines de charbon avant même l’invention de la vapeur ; des wagons tirés par des chevaux sur des chemins de fer sont utilisés en 1760 en Angleterre…) ; néanmoins, avec la vapeur, on peut désormais se passer de la force du cheval, du bœuf ou de l’homme !
- Dès 1804, au Pays de Galles, la première locomotive à vapeur de Richard Trevithick est expérimentée sur rails (70 passagers, charge de 10 tonnes, 8km/h, sur une distance de 14km). Elle supplante immédiatement les systèmes alternatifs testés à cette époque pour développer le monde ferroviaire (tractation par chevaux, câbles, utilisation de la gravité dans les pentes).
- En 1812, l’ingénieur et inventeur américain Oliver Evans imagina un développement du chemin de fer à vapeur avec un réseau de lignes à longue distance, des liaisons à double-sens entre les villes, des locomotives rapides, le convoi rapide des biens comme des personnes…
- En 1815, George Stephenson fabrique et brevète la 1ere locomotive à vapeur qui sera utilisée de façon régulière.
- En 1825, 1er test : 20 wagons de voyageurs et 10 bennes de charbon sont tractés par sa locomotive « Locomotion n°1 », conduite par Stephenson lui-même entre Stockton et Darlington.
- En 1827, la 1ere ligne de chemin de fer continentale relie St Etienne à Andrézieux (pour le charbon).
- En 1830, la 1ere ligne de chemin de fer moderne anglaise est créée entre Manchester et Liverpool (voyageurs).
- En 1831, toujours en France, s’ajoute une ligne St Etienne-Lyon (voyageurs).
- En 1835, 1ere ligne de chemin de fer publique entre Bruxelles et Malines.
- En 1835 aussi, 1ere ligne de chemin de fer londonienne (London Bridge-Greenwich).
- Jusqu’en 1840, en raison de ses nombreuses imperfections (responsables de nombreux accidents), la locomotive fait peur. Néanmoins, les recherches et progrès se poursuivent. Les progrès en matière d’acier, notamment, permettent de passer des rails en fonte ou en fer aux rails en acier.
- Le véritable boom ferroviaire a lieu dans les années 1840. Outre-Atlantique, c’est la formidable conquête de l’ouest américain qui en dopera l’industrie à un échelle… continentale ! Et ce dès 1848.
- Le chemin de fer devient dès lors le mode de transport terrestre dominant pendant un siècle, jusqu’à l’après-2e Guerre Mondiale.
Autres usages (marginaux) :
- En 1769, Joseph Cugnot présente son « fardier à vapeur », un chariot propulsé par une machine à vapeur alimentée par une chaudière, d’une autonomie de 15min et d’une vitesse de 4 km/h. C’est la première « automobile » fonctionnant à vapeur.
- En 1797, Olivier Evans (américain) invente les machines à vapeur à haute pression et, en 1805, il invente des véhicules motorisés amphibies.
- En 1801, Richard Trevithick propose le premier véhicule routier britannique (3 roues, propulsion vapeur, 9 passagers) : l’ancêtre du (mini-)bus, en somme ! C’est le « London Steam Carriage », une invention qui sera délaissée au profit du chemin de fer… auquel Trevithick contribua également dès 1804 (cf. section ci-dessus sur les premières locomotives)
- Quelques essais ensuite, jusqu’aux années 30, de diligences à vapeur, vite délaissées (toutes sortes de problèmes et de limites)
3 – Les autres grands secteurs de la Première Révolution Industrielle
L’industrie textile
L’industrie textile serait la première à avoir été mécanisée. Outre l’utilisation de la vapeur dans la filature (cf. plus haut dans cet article), de nombreuses innovations viennent industrialiser précocement ce secteur selon un effet « cascade » : les innovations, de 1733 à 1846, de John Kay, James Hargreaves, Samuel Crompton, Joseph Marie Jacquard, Barthélémy Thimonnier et Elias Howe (outre celles de Lewis Paul, Richard Arkwright et Edmund Cartwright déjà mentionnées).
120 usines fonctionnent déjà sous les directives de Richard Arkwright en 1780.
En 1815, 1% des métiers à tisser sont mécaniques…
Les machines commencent à imposer le rythme de travail aux ouvriers. De ce fait, à certains égards, les conditions de travail se dégradent…
L’exploitation du charbon
Permise, comme on l’a vu, par les machines à vapeur permettant de drainer les mines souterraines et d’éviter les inondations, l’exploitation charbonnière explose. L’extraction du charbon de terre (houille) n’est pas nouvelle (on la pratique depuis des siècles) mais elle peut enfin se faire à l’échelle industrielle.
On peut enfin employer le charbon-houille (et le coke, qui en est dérivé) à la place du bois pour le chauffage domestique et en guise de combustible industriel (fourneaux des verreries, tuileries, poteries). Ayant besoin de son bois pour la construction navale, on comprend que la Grande-Bretagne ait été particulièrement intéressée par l’extraction du charbon…
C’est aussi l’essor du charbon de terre (houille) comme combustible à la place du charbon de bois (de surcroît plus coûteux) qui explique les formidables progrès de la métallurgie…
La métallurgie-sidérurgie
Au cours du XVIIIe s., des progrès colossaux sont obtenus quant à la production et à la qualité
- De la fonte
- Du fer
- De l’acier (notamment au creuset)
Des progrès aidés par la possible utilisation du charbon de terre dans les hauts fourneaux (en lieu et place du charbon de bois, plus cher) et motivés par les besoins en fer puis en acier des premiers chemins « de fer » (qui seront bientôt en acier). La production peut augmenter et les prix baisser.
En 1779, le tout premier pont métallique est même créé : l’Iron Bridge !
En France, le premier pont en fer réalisé sera le pont d’Austerlitz (1807)
En 1842, c’est l’invention du marteau-pilon. D’autres inventions en métallurgie suivront tout au long de la 2e Révolution industrielle.
En 1856, l’Anglais Henri Bessemer invente le convertisseur de fonte en acier permettant de diminuer de façon colossale le coût de l’acier et d’en démocratiser l’utilisation.
4 – Autres progrès, autres découvertes, autres innovations… dans tous les domaines
Mais ne croyons pas que le XVIIIe et que la première moitié du XIXe se résument à cela. D’innombrables progrès, découvertes et innovations préfigurent, en marge des secteurs-clés et précoces susmentionnés, les futurs grands « booms » et les secteurs majeurs de la Deuxième Révolution Industrielle :
En matière de moteurs à combustion et explosion :
- En 1673, Christian Huygens (physicien hollandais) et son assistant Denis Papin (on le retrouve !) mettent au point un dispositif (avec piston et cylindre métallique) considéré comme à l’origine du moteur à combustion interne.
- Toujours au XVIIe s., Otto von Guericke affine le dispositif.
- En 1807, le Suisse Isaac de Rivaz dépose le premier brevet concernant un moteur à combustion interne.
- En 1856, Eugenio Barsanti et Felice Matteucci réalisent le premier moteur à combustion à un cylindre.
- En 1860, Etienne Lenoir inventera le premier moteur à deux temps.
- Immédiatement après viendront les variantes à 4 cylindres et plus.
- Ces moteurs à combustion et explosion serviront à la propulsion de véhicules de transport (avions, autos, motos, camions, bateaux), au fonctionnement de nombreux outils mobiles d’aujourd’hui (tronçonneuses, tondeuses…) et pour de nombreuses installations immobiles/fixes (pompes etc.)
En matière d’automobile :
- Dès la Renaissance, Francesco di Giorgio Martini, ingénieur, présente un dessin d’« automobile » dans ses carnets
- En 1472, Roberto Valturio, ingénieur militaire, décrit un chariot automoteur fonctionnant avec hélices, palmes, force du vent, mouvement de traction et engrenages.
- Léonard de Vinci (début XVe s.) mène une étude pour inventer une voiture sans chevaux (entre autres visions et inventions très, très en avance sur son temps – mitrailleuse, char d’assaut, parapente, parachute, sous-marin et j’en passe)
- En 1655, l’horloger invalide Stephan Faffler invente le premier tricycle à traction humaine par manivelle qu’on considère comme le premier fauteuil roulant automoteur)
- En 1668, Ferdinand Verbiest fabrique un premier véhicule automobile « jouet » fonctionnant à vapeur, roue à aubes, engrenages et petites roues
- En 1689, Hans Hautsch (forgeron à Nuremberg) construit un carrosse à ressorts et engrenages cachés devant être remonté par un serviteur pour ensuite se déplacer mécaniquement
- En 1769, Joseph Cugnot présente son « fardier à vapeur », un chariot propulsé par une machine à vapeur alimentée par une chaudière, d’une autonomie de 15min et d’une vitesse de 4 km/h.
- En 1801, Richard Trevithick propose le premier véhicule routier britannique (3 roues, propulsion vapeur, 9 passages) : l’ancêtre du (mini-)bus, en somme ! C’est le « London Steam Carriage », une invention qui sera délaissée au profit du chemin de fer… auquel Trevithick contribua également dès 1804 (cf. section sur les premières locomotives)
- En 1805, Olivier Evans (américain) invente des véhicules motorisés amphibies.
- Quelques essais ensuite, jusqu’aux années 30, de diligences à vapeur, vite délaissées (toutes sortes de problèmes et de limites)
- C’est ensuite à partir des années 1870 que l’intérêt pour l’automobile (délaissée, encore une fois, pendant plusieurs décennies au profit du chemin de fer) renaît. A partir de là, c’est l’autoroute (sans mauvais jeu de mots) : invention d’une véritable auto à vapeur, du moteur à vapeur, de l’omnibus à vapeur, du concept des roues motrices, de la boîte de vitesse, puis enfin, des moteurs à combustion et explosion qui viendront prendre la relève, du carburateur, de l’usage du pétrole etc. ; émergent alors les premiers grands constructeurs, les premières marques… Je ne m’étends pas, le but de cette section étant simplement de montrer que, bien avant la 2e moitié du XIXe, la recherche en matière d’automobile (comme de moteur à combustion & explosion) a commencé.
Le pétrole !
- Le pétrole est déjà utilisé durant
l’Antiquité : il s’agit alors du pétrole trouvé dans le cadre
d’affleurements naturels ou de puits creusés pour trouver de l’eau potable, par
exemple. Usages :
- Chez les Mésopotamiens, pétrole utilisé comme
- Cosmétique
- Produit pharmaceutique
- Produit pour calfater les bateaux
- Combustible pour lampes à huile
- Chez les Egyptiens, asphalte utilisé pour momification
- A Babylone, bitume utilisé dans la construction
- En Chine, puits forés dès le IVe s . avec des tiges en bambou!
- Chez les Mésopotamiens, pétrole utilisé comme
- Au Moyen-Age :
- des termes permettent de désigner le pétrole dans les diverses cultures orientales bien avant qu’on ne le « découvre » en Occident : en chinois, en japonais…
- les Arabes mettent au point la distillation du pétrole (avec alambic) permettant de créer le « pétrole lampant » utilisé par les Byzantins et les Vénitiens (et peut-être présent, parmi d’autres ingrédients, dans le feu grégeois – diverses recettes pour cette arme terrible)
- les Amérindiens utilisent le pétrole
- pour calfater leurs navires
- à but thérapeutique
- pour l’éclairage
- On trouve des traces, dans les documents historiques, d’un affleurement de pétrole en Roumanie (« fontaine de poix noire »), en Pologne…
- Au XVIIIe s., en France, en Alsace, des puits sont creusés (jusqu’à 27m de profondeur !)
- En 1855, le chimiste américain Benjamin Silliman Jr, reprenant des travaux antérieurs, sépare un certain nombre de produits par distillation du pétrole : goudrons, naphta, solvants pour peintures, essence, lubrifiants…
- En 1855 aussi, deux Américains (George Bissel et Jonathan Eveleth) apprennent que l’on peut obtenir du pétrole lampant par distillation (ce qui se savait depuis le IXe s. au Moyen-Orient)
- En 1856, ils décident de s’inspirer des derricks destinés à la recherche de sel pour chercher du pétrole
- Au même moment, en Roumanie (où le pétrole-« poix noire » était connu depuis le Moyen-Age, rappelons-le), en 1857, une première raffinerie est ouverte à Ploiesti : il alimente tout l’éclairage public de Bucarest !
- En 1859 aussi, en Allemagne, le premier forage pétrolier voit le jour à Wietze.
- En 1859, le premier puits de pétrole américain est creusé en Pennsylvanie, ce qui annonce la future domination américaine en matière d’exploitation-production pétrolière.
- Alors la ruée vers l’or noir commence.
Electricité :
- En 1797, l’Italien Volta montre l’existence du courant électrique. En empilant des disques de cuivre et de zinc dans une solution d’eau acidulée, il obtient de l’électricité. En raison de cet empilement, on donnera d’ailleurs le nom de « pile » à cette invention. Volta donnera bien sûr pour sa part son nom au « volt ».
- Mais ce n’est que 60 ans plus tard, au cours de la Deuxième Révolution industrielle, et grâce au Français Bergès, que l’électricité voit vraiment le jour (on parle alors de « houille blanche »), et c’est en 1871 que le Belge Zénobe Gramme présente la première dynamo brevetée. A partir de là, perfectionnements, courant continu, alternateur, courants alternatifs, moteur à induction biphasé puis triphasé, moteur électrique remplaçant le moteur à vapeur, lampe à incandescence (Edison), utilisation de l’électricité possible en industrie, pour les transports, la voie publique, les particuliers etc.
Autres :
- Dès 1807, à Londres, un éclairage public à lampes de gaz est installé
- En 1839, Niépce invente la photographie
- La chimie est marquée par une quantité incroyable de découvertes tout au long même du XVIIIe s. : nouveaux thèmes d’étude, nouvelle substances découvertes, chimie pneumatique, chimie des gaz, chimie organique, chimie quantitative, mise au point de nomenclatures etc…
- En médecine :
- 1796, vaccination antivariolique mise au point par Edward Jenner
- 1806, découverte de la morphine
- 1863, mise au point de la pasteurisation (par Pasteur évidemment)
- Et bien d’autres encore, bien sûr, pendant que se déroule al 2e Révolution industrielle
Conclusion
Mais, bien sûr, de très nombreuses innovations voient le jour après les années 50-70 : la communication radiophonique (TSF), le cinéma (frères Lumière, 1895), le téléphone (Bell, 1876), l’aviation (au tournant du XXe s.), les prémisses de la physique nucléaire (tournant XXe) et, bien sûr, le vrai décollage de l’automobile et de l’électricité, l’extension et l’amélioration du chemin de fer, l’invention du métro, de nouveaux (et ô combien cruciaux) progrès pour la médecine, la physique, la chimie, toutes les sciences dures et humaines en général, etc.
Du point de vue social, les deux Révolutions industrielles s’accompagneront, bien sûr, tout au long du XIXe :
- de la naissance de la classe ouvrière
- d’un fort exode rural et de la croissance urbaine corollaire
- des idées marxistes
- de l’essor considérable de la bourgeoisie (industrielle mais aussi rentière) qui émergeait déjà depuis le XVIIe s. de Louis XIV
- tardivement, des lois de protection sociale des travailleurs
- de l’émergence tardive (car longtemps freinée) du syndicalisme
- des sciences économiques et sociales
- des méthodes de rationalisation et d’optimisation du travail (fordisme, taylorisme, OST…)
A venir bientôt, bien sûr : un article sur la Seconde Révolution Industrielle !
Pour découvrir ceux de mes romans qui abordent la Première Révolution Industrielle, c’est ici (ils sont tous sur Amazon)
- Alexander, 1er tome de la série “Passions Londoniennes”
- Jay : le 2e tome de la série “Passions Londoniennes”
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Texte : (c) Aurélie Depraz
Illustration : Pixabay