L'Histoire (la grande !)

Indomptable Aquitaine – Précisions historiques

Pour la petite histoire…

Tout d’abord, j’espère que le lecteur voudra bien me pardonner les petits compromis dont je me permets parfois de convenir avec l’Histoire…

L’intrigue amoureuse constituant le cœur de mon roman, je m’accommode en effet par moments des faits historiques à son profit, même si l’immense majorité des éléments de la trame de fond sur laquelle s’est tissée la romance centrale sont tirés de l’Histoire de France.

Je joue parfois sur les âges, les noms, les modes, les nuances et, bien sûr, j’invente des personnages. A titre d’exemple, mon personnage principal se trouve être la réplique romancée du comte Thibaut IV de Blois (II de Champagne), dont j’ai « légèrement » décalé la date de naissance, et au prénom d’origine duquel j’ai préféré, pour des raisons purement subjectives je l’avoue, celui de Guillaume.

Suivent ci-après quelques précisions pour le lecteur avide de véracité historique (si tant est bien sûr que l’on puisse parler de « précisions », de « vérités » et de « certitudes » quand il s’agit d’Histoire… mais ceci est un autre débat !).

Pour plus d’informations dans ce goût-là (distinction du vrai du faux, making-of, coulisses, secrets de rédaction, distinction fictin/réalité…) je vous invite à lire cet autre article : Indomptable Aquitaine – les coulisses.

Bonne lecture !

A propos de Thibaut IV de Blois, II de Champagne (notre personnage) et de ses ambitions…

La famille de Blois-Champagne sera l’une des quelques familles féodales les plus célèbres et les plus puissantes du Moyen-âge français.

Thibaut de Champagne aura douze enfants avec son épouse Mathilde de Carinthie (et non Héloïse d’Angoulême, personnage inventé…), dont les plus célèbres combleront ses ambitions (celles en tout cas que je lui prête dans Indomptable Aquitaine) :

  • Son fils aîné, Henri Ier, comte de Champagne se mariera à la princesse Marie de France, fille de Louis VII et d’Aliénor d’Aquitaine.
    • Son petit-fils Henri II sera comte de Champagne puis roi de Jérusalem.
    • Sa petite-fille Marie sera mariée à Baudoin IX, comte de Flandre et de Hainaut, puis empereur latin de Constantinople. Elle deviendra de ce fait impératrice.
      • Son arrière-petite-fille, Jeanne de Flandre, sera une femme politique autonome. Elle gouvernera la Flandre et le Hainaut. A l’instar de son arrière-grand-père, elle mènera une politique favorable au développement économique sur ses terres, notamment en octroyant de nombreuses chartes de franchises aux cités flamandes. Sous son règne, les fondations féminines se multiplieront, transformant la place des femmes dans la société et dans l’église.
    • Son petit-fils Thibaut III de Champagne épousera la princesse Blanche de Navarre, fille du roi Sanche VI de Navarre.
      • Son arrière-petit-fils Thibaut IV de Champagne sera roi de Navarre. Il épousera Anne de Beaujeu, duchesse de Bretagne.
    • Sa fille, Adèle de Champagne, sera la seconde épouse de Louis VII après son divorce d’avec Aliénor : elle deviendra reine des Francs et la mère du futur Philippe Auguste.
      • Son petit-fils Philippe Auguste sera roi de France.
      • Sa petite-fille Agnès se mariera avec l’empereur de Byzance Alexis II Comnène et deviendra, de ce fait, impératrice.
    • Son fils Thibaut V de Blois, comte de Blois, épousera la princesse Alix de France, deuxième fille de Louis VII et d’Aliénor. Il sera connétable de France.
    • Son fils Guillaume sera archevêque de Reims.

Entre autres destinées glorieuses…

Il fut bel et bien le protecteur de Bernard de Clairvaux ainsi que des célèbres amants à la destinée tragique, Abélard et Héloïse.

Il eut bel et bien de nombreux affrontements, y compris armés, avec ses suzerains successifs, aussi bien Louis VI que Louis VII.

J’ai changé le prénom de son 2e frère, Henri (que je mentionne lors du Chapitre 1) : 3 autres « Henri » étant alors mentionnés dans ces quelques pages (Henri Ier Beauclerc, le défunt roi d’Angleterre, son petits-fils Henri Plantagenêt, futur roi Henri II, et l’empereur germanique Henri V… j’ai eu pitié du lecteur !). Donc je l’ai affûblé du doux nom de « Jacques » (comme je ne le mentionne de toute façon qu’une fois…)

Le surnom de Thibaut de Champagne était bel et bien « le Grand ».

Petit clin d’œil : les couleurs du chevalier de cette illustration d’article sont celles de la Champagne ! ^^

A propos des foires de Champagne…

Les foires de Champagne, attestées dès les Mérovingiens, connaîtront leur apogée aux XIIe et XIIIe siècles, notamment sous les règnes de Thibaut IV de Blois et II de Champagne (notre personnage, sous le nom de « Guillaume ») et d’Henri Ier le Libéral, son fils aîné. Elles seront au cœur des bouleversements commerciaux de l’Occident du Moyen-âge central et de l’émergence des premiers réseaux bancaires.

Elles commenceront à décliner à partir des années 1280 en raison de multiples facteurs (découverte de nouvelles routes, notamment maritimes, conflits militaires entre la France et le Saint-Empire…), et en particulier le rattachement du comté de Champagne au domaine royal avec le mariage de Jeanne de Navarre (comtesse et héritière de Champagne, descendante directe de notre personnage) avec Philippe IV le Bel (en 1284) : un mariage qui scelle le destin de la Champagne et son lent déclin : le comté perd son autonomie, il est rattaché au pouvoir royal et donc aux possessions des Capétiens, le pouvoir royal se sert dans les caisses bien remplies de cette riche province et on commence à concentrer le commerce à Paris…

A propos de la guerre civile d’Angleterre sous le règne d’Etienne (« Stephen » pour les Anglais)…

Henri Ier Beauclerc (roi d’Angleterre de 1100 à 1135) eut bien le plus grand nombre de bâtards reconnus pour un roi d’Angleterre (même si ce chiffre fluctue selon les sources de vingt-trois à trente-cinq enfants), et une seule fille légitime survivante, Mathilde. La saisie du trône par Etienne de Blois, neveu du roi défunt (et frère du comte de Champagne, mon héros), eut pour conséquence de déclencher une véritable guerre civile, aussi connue sous le nom d’ « Anarchie ». A sa mort en 1152, il désignera néanmoins comme successeur le fils de sa cousine et rivale Mathilde, Henri Plantagenêt, futur Henri II… et second mari d’Aliénor d’Aquitaine (de onze ans son aînée) ! Les faits et arguments rapportés dans le premier dialogue de ce roman sont tirés de mes recherches sur ce sujet.

La couronne a bien été proposée, en 1135, au comte de Champagne (Thibaut) qui l’a refusée (pendant que son frère Etienne se précipitait pour s’en saisir). Cf. la scène d’ouverture de mon roman.

A propos de l’amour courtois

Le fin’amor naquit effectivement en Aquitaine avec le grand-père d’Aliénor (les informations biographiques se rapportant à ce coloré personnage sont toutes issues de mes recherches – et non de mon imagination, malgré leur aspect… pour le moins excentrique !). Cette mode remontera avec Aliénor et les troubadours de sa suite vers le nord de la France (puis, lors de son second mariage avec Henri Plantagenêt, futur Henri II d’Angleterre, outre-Manche). Les troubadours de langue d’oc du sud donneront naissance aux trouvères de langue d’oïl au nord.

Lors de la Seconde Croisade, organisée par Aliénor et son mari, la reine de France emmènera toute une suite de poètes et de damoiselles de compagnie sur les routes d’Europe et du Moyen-Orient.

Ironie du sort (eu égard aux positions de notre héros vis-à-vis de cette mode), Marie de Champagne, digne fille de sa mère Aliénor, et épouse d’Henri Ier le Libéral, comte de Champagne après son père Thibaut, fera de la cour de Champagne un haut lieu de littérature et de poésies courtoises que fréquentera, notamment, le fameux Chrétien de Troyes, l’un des premiers grands auteurs français de romans de chevalerie…

A propos des tournois

Il y eut de nombreux types de tournois, pris comme autant d’épreuves servant d’entraînement militaire, mais à l’origine, le tournoi se présentait souvent sous la forme d’un exercice collectif et consistait en l’affrontement de deux équipes de cavaliers, des combats brutaux, massifs, des simulations de guerre qui tournaient souvent mal (excitation, énervement). Des batailles simulées où se mêlaient cavaliers et fantassins, dans de grands prés, la lande entre deux villages… Les vainqueurs rançonnaient les armes et le cheval des vaincus et y faisaient fortune. Le nord de la France était bien plus friand de ces affrontements que le sud (cf. les positions d’Héloïse et de Guillaume sur cette question).

Les armes « courtoises », à la pointe émoussée, n’apparaissent cependant qu’à la fin du XIIe et au cours du XIIIe siècle, pour venir remplacer les armes de guerre.

C’est également en vue de limiter les effusions de sang que l’on inventa à la fin du Moyen-âge l’art de la joute, que nous entendons souvent aujourd’hui souvent comme synonyme de « tournoi » chevaleresque. La joute cherchait à valoriser les mérites et qualités individuels et mettait en scène la parade des participants. Elle rimait souvent avec galanterie, mais ce ne fut qu’une forme tardive du tournoi. A leur apparition, les joutes ne présentaient pas la lice (palissade de bois) centrale que nous leur attribuons souvent pour séparer les deux combattants.

Quant aux heaumes (casques entières fermés) et aux armures cuirassées (dites « à plates »), ils ne viendront remplacer les casques à nasal (ouverts) et les cottes de mailles qu’au cours de progrès successifs lors des XIIIe, XIVe et XVe siècles.

Je me suis permis de faire de mon héros un précurseur de cette évolution des tournois…

Les premières armures-cuirasses viendront bien d’Allemagne (j’y fais allusion dans mon roman). Enfin, du St Empire, s’entend… 🙂

Retrouvez plein d’autres précisions dans cet article : Indomptable Aquitaine-Les Coulisses

A du propos… du duché d’Aquitaine :

Petit moment de flemme…  mais… je vous recommande chaudement ces quelques vidéos ! Supers pour comprendre la vie d’Aliénor, les enjeux etc !

Une version un peu « cinéma », pleine d’humour, très sympa, en mode « jeu de rôles » ! (durée : 30min)

Une valeur sûre : « Secrets d’Histoire » sur Aliénor ! Plusieurs petits morceaux sur youtube, on peut sûrement retrouver l’intégrale en streaming car je l’ai regardée à l’époque ! (même si je ne la trouve plus sur youtube…)

A consulter aussi, sur Indomptable Aquitaine :

Texte: (c) Aurélie Depraz
Illustration : Unsplash

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