Comme promis, petite annexe à mes deux articles sur les sous-genres de la romance (que vous pouvez trouver ici et ici).
On associe souvent la romance à trois autres genres, qui ne sont pas à proprement parler de la romance, mais qui lui sont très souvent rattachés, dans la mesure où ils donnent souvent à voir une histoire d’amour – sans que celle-ci ne soit pour autant le cœur (ou l’unique cœur) de l’histoire.
J’ai nommé : le young adult, le new adult, et la chick-lit (3 genres très « XXIe s. »).
Petit aperçu.
Le young adult
Un genre un peu fourre-tout mais dont les œuvres ont pour dénominateur commun de s’adresser principalement aux 12-18 ans. En somme, un genre destiné aux ados.
En 1997, J. K. Rowling bouleverse le monde de la littérature jeunesse avec le premier tome d’Harry Potter. Elle ensorcelle des milliers d’adolescents, déchaîne les foules, passionne les jeunes (et pas que), et on se rend compte que, si, les ados aiment lire (et même qu’ils en redemandent). Dès lors, on voit éclore une multitude de romans visant à étancher cette soif de rebondissements, de personnages jeunes auxquels s’identifier, d’amours adolescentes et de problématiques lycéennes, parfois teintées de magie, parfois teintées de fantastique, mêlées de toutes sortes de choses et de genres, mais toujours en phase avec les besoins, les rêves et les envies des 12-18 ans. C’est l’explosion des Twilight, des Hunger Games et autres succès de ce genre, pour la plupart rapidement adaptés au cinéma.
Le young adult, c’est donc ce genre hétéroclite destiné à satisfaire la soif vorace d’évasion de tous ces collégiens et lycéens qui se mettent à lire massivement, compulsivement, frénétiquement, des pavés, des trilogies, des sagas…
On est dans la logique, suivie par le cinéma et la télévision, de la série, de l’addiction, de la consommation d’innombrables épisodes et du suspense permanent visant à renouveler sans cesse l’intérêt du public. Manne pour les professionnels du livre (libraires, éditeurs), le young adult est devenu le genre de la littérature jeunesse le plus vendu.
Côté amours et sexualité, on est dans le soft bien sûr. L’amour fait bien sûr souvent partie des problématiques centrales abordées par cette littérature, mais les questions existentielles liées à l’adolescence, les problèmes rencontrés à cette période de la vie – construction identitaire, problèmes psychologiques, problèmes scolaires, harcèlement etc. –, l’amitié, les rapports familiaux et la vie quotidienne de collégien-lycéen occupent tout autant l’espace romanesque, ce qui empêche le genre d’être classé dans la littérature sentimentale ou d’être qualifié de sous-genre de la romance.
La new adult
Même principe que le young adult, mais pour les 18-30 ans (« la génération Y », pour les romans new adult qui sortent dans les années 2010).
On aborde dans ces romans les problématiques liées au passage à l’âge adulte : études supérieures, réorientations, premiers emplois, premières responsabilités, premières relations amoureuses sérieuses, sexualité, questionnements existentiels, remises en question de l’éducation reçue, recherche d’une vocation, recherche d’un sens, d’une identité, construction de la personnalité, désillusions, perte de l’innocence etc.
Ce sont donc des romans qui abordent des thèmes existentiels et qui s’adressent prioritairement aux jeunes gens de cette tranche d’âge, qui se reconnaîtront dans les personnages et partageront leurs préoccupations. Le public visé est plus mature que celui du Young adult.
En somme, c’est un peu le roman d’éducation/d’apprentissage version moderne (quoi ? tu oses comparer l’Education sentimentale de Flaubert à… ? Mais non, mais non…)
Côté amours, les relations décrites peuvent être plus engagées que dans le young adult, et les relations charnelles plus explicites. Logique.
Même topo que pour le young adult : le genre ne peut être considéré comme un sous-genre de la romance : l’amour n’est qu’un des multiples thèmes abordés dans ces romans.
La chick-lit
Ah ! Un peu de légèreté, d’humour, de comédie ! Car la chick-lit, mot-à-mot « littérature pour nana », c’est fun !
« Le ton est très spécifique, dixit mon ami Wiki (wikipedia bien sûr, pour ceux qui ne me connaissent pas encore) : désinvolte, désabusé, marqué par un recul humoristique et l’auto-dérision. »
Des œuvres souvent racontées à la première personne, du burlesque, des situations cocasses et, là encore, du sentimental, mais pas que. L’amitié, la famille, le travail, le quotidien et ses problèmes, le désir de s’épanouir personnellement, la crise de la trentaine, de la quarantaine, la pression sociale, la société de consommation, le stress, les rapports avec la belle-famille, voire le shopping ( !) occupent largement autant d’espace qu’une (ou plusieurs) relation amoureuse(s).
Le genre est souvent vu comme une forme de féminisme moderne, de porte-parole des revendications des femmes du XXIe s. (indépendance, liberté, autonomie, droit à une vie sexuelle épanouissante, à la réalisation de soi…).
Œuvres et auteurs célèbres dans ce genre : Sex and the city, le Journal de Bridget Jones, Le diable s’habille en Prada, Confession d’une accro au shopping et tous ses dérivés de Sophie Kinsella.
« Dans tous les cas, un élément est presque toujours présent, rappelle wiki : le happy ending. Car la chick lit, petite sœur de la littérature sentimentale, se doit de préserver les contes de fées. »
Ainsi donc, 3 genres entretenant d’étroits rapports avec la romance, mais donnant moins de place à l’intrigue amoureuse et plus d’espace à d’autres problématiques dans la vie du héros (ou de l’héroïne, bien souvent, puisqu’il faut rappeler que le lectorat reste majoritairement féminin). Mais 3 genres dont le public est très, très souvent, le même que celui de la romance traditionnelle… et d’où l’amour n’est jamais totalement absent…
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Texte : © Aurélie Depraz
Source illustration : Pixabay