Je suis face à la large fenêtre d’angle qui ouvre la moitié de mon salon sur la ville. Une lumière crue se jette de l’extérieur sur ma table ronde en bois clair. Une violente ondée s’abat sur les vitres. Dehors, il fait froid, il fait moche, il pleut et un vent à vous transpercer les os fait siffler la structure de l’immeuble des années 80 où je vis. Un éclair zèbre le ciel ; le roulement du tonnerre lui succède peu après.
Les genoux sous mon plaid en polaire couleur taupe, je consulte un ouvrage, je lis, j’écris. Je prends des notes sur les travaux des champs au Moyen-Age. Sur l’art de la guerre. Sur la paysannerie, sur les remèdes médiévaux, sur la condition féminine de l’époque.
Je suis à l’abri, bien au chaud, un mug de café au lait à portée de main, mes livres et cahiers sous le coude, le clavier de mon ordinateur à portée de main.
Je n’ai pas eu à prendre la voiture ce matin. Pas eu à monter dans une rame de tram ou de métro remplie de monde. A attendre le bus dans le noir de la nuit. A marcher sous une pluie battante en serrant frileusement mon manteau contre moi. A frotter mes jambes l’une contre l’autre pour me réchauffer en attendant qu’une porte s’ouvre. A couper le son strident d’un réveil qui m’interrompt en plein rêve. A avaler un premier café d’urgence pour dissiper les brumes de mon esprit encore ensuqué ou à affronter les embouteillages.
Je n’ai eu qu’à me lever quand mes yeux se sont ouverts. A choisir entre faire des recherches, écrire, lire, promouvoir mes romans, trouver l’inspiration dans des lectures et ou des documentaires, laisser mûrir un projet, prendre des notes, rédiger un article de blog, consulter des sites sur le monde de l’édition.
Je regarde la pluie tomber. Soudain, une éclaircie. Un rayon de soleil qui perce franchement la chape des nuages sombres. La pièce qui s’illumine, la lumière qui se réchauffe, qui se dore et baigne ma table de travail.
Je ne troquerais ce quotidien pour aucun autre.