L'écriture, l'édition & moi

Allô la lune?

9 février 2025.

C’est la date de mon dernier article de blog.

Gloups. Aouch. Wow.

Jamais, depuis sa création en 2018, soit en l’espace de sept ans, je n’avais laissé mon blog en suspens si longtemps (loin s’en faut ! quatre mois !!!…)

Et, si j’ai continué de publier « régulièrement » sur Facebook et Insta (une promo ici, une citation là…), j’ai reçu, au cours de ces dernières semaines, plusieurs messages de lecteurs et de lectrices me demandant : « Helloooo ! Tout va bien ? On ne te voit plus ! Que fais-tu, où es-tu, comment vas-tu ? »^^

Autant de messages qui m’ont fait grandement plaisir, soit dit en passant. Mais qui m’ont également interpellée : bon sang, ma (pourtant très discrète) petite « absence » crevait-elle à ce point les yeux ?^^

Je l’avoue, je l’admets : j’ai fait l’école buissonnière.

En fait, j’étais très occupée ces derniers mois à… renouer avec la vie. Danse, escapades, printemps, la vie m’a rattrapée d’un coup, après plusieurs années, disons, plutôt en « retrait » du monde. Pas complètement coupée, bien sûr. Pas complètement retranchée. Mais… très en retrait tout de même.

Je m’en rendais à moitié compte à l’époque ; j’en ai pleinement conscience aujourd’hui.

Oh, j’ai voyagé, j’ai exploré et, du fait de rapprochements géographiques inattendus ces trois dernières années, j’ai passé bien plus de temps en famille qu’au cours de ces quinze dernières années (pour ne pas dire vingt), où les membres de ma famille étaient littéralement éclatés aux quatre coins de la planète (Lille, Bristol, Southampton, Londres, Paris, Brisbane… et Bordeaux, pour ma part), avec, pour plus proche parent, ma grand-mère… à 600 km de moi !

J’ai voyagé, donc ; j’ai baby-sitté avec bonheur ; j’ai vu des amis, bien sûr.

Mais, dans l’ensemble, j’étais très largement dans ma tanière, occupée à éplucher des dizaines, pour ne pas dire des centaines de bouquins, à écouter des centaines d’heures de podcasts, à lire, lire, lire, toujours lire, écrire, corriger, publier. Les séries Netflix n’étaient pas en reste (j’adore les thrillers), je l’avoue volontiers, voilà qui me servait de petite pause mentale entre deux heures de lecture assidue. Je me concentrais sur l’écrit, sur le livre, sur l’écran – sur ma santé, aussi. Sur mon sommeil, quoiqu’en partie en pure perte – il semble qu’atteindre un sommeil de qualité soit, en ce qui me concerne, une cause plus ou moins perdue.

Et puis voilà que, tout à coup, la vie me rattrape. Cuicui, les oiseaux, le soleil, l’odeur du jasmin dans les rues, l’envie de danser, de sortir, de voir du monde – de vivre, quoi −, voilà cette brûlante envie de vibrer qui me reprend.

Pour la première fois peut-être, en tout cas pour la première fois avec une telle acuité, j’ai pris conscience du dilemme qui, fondamentalement, se pose à tout écrivain : vivre ou écrire. Tant il est vrai que toute immersion totale dans un univers, puis un autre, puis un autre encore, vous conduit, plus souvent que de raison, à demeurer plus ou moins en retrait du monde, plus ou moins en retrait de l’action, du faire, de la société tout entière – l’éternelle image d’Epinal du poète dans sa tour d’ivoire, de l’artiste dans son atelier, du créatif dans sa bulle, son antre, sa tanière.

Par pure curiosité, je viens d’ailleurs de taper « vivre ou écrire » dans Google. L’expression parle à beaucoup, si j’en juge par le nombre d’entrées répondant à l’association de ces deux mots. Et elle n’est guère nouvelle, si l’on pense aux nombreux exemples souvent cités pour évoquer une conception sacrificielle de la littérature, celle qui voudrait que, pour écrire, certains aient pour ainsi dire renoncé à vivre, pour mieux s’enfermer dans l’œuvre à faire − Joyce, Proust, Kafka en tête.

Si je n’en suis pas là – ni à renoncer à vivre, ni à me comparer à Proust, d’ailleurs –, force est d’admettre que ce choix cornélien se pose sans aucun doute à tout écrivain tôt ou tard, mener l’art (ou la littérature) et la vie de front semblant, à bien des égards, parfois impossible. Ou l’on est dans le monde… ou l’on est dans le sien. Conjuguer les deux s’avère (du moins, pour un tempérament intense, passionné, entier, voire exclusif – ce qui est et fut sans doute le cas de beaucoup de romanciers et de poètes… −) plus difficile qu’on ne le croit. Ou l’on est dans l’un, ou l’on est dans l’autre. Jamais dans les deux en même temps.

Alors, j’ai profité. J’ai accueilli la vie qui, quelque part, se trouvait plutôt en seconde place depuis bien trop longtemps dans mon quotidien, malgré quelques parenthèses magnifiques ici et là.

Et, comme je n’ai jamais brillé par mon sens de la mesure… j’y ai plongé à pieds joints.

Qu’on se rassure, qu’on se rassure ; je tente, malgré tout, depuis quelques semaines (euh… trois, pour être honnête) de rééquilibrer un peu les choses. Je travaillote, je travaille même vraiment, allons, mais je jongle davantage, en ces beaux jours gorgés de soleil, avec les plaisirs simples de la vie.

J’ai plusieurs manuscrits en cours de correction (ouvrages de culture G, roman feel-good), deux projets brûlants en tête (recherches et travail de préparation quasiment terminés, je pourrais me mettre à leur rédaction à tout instant), et de nombreux autres sur le feu…

Bref, ce n’est qu’une question de temps !

Et je ne vous oublie pas (jamais !)

A très, très bientôt

Aurélie