Littérature, amour & érotisme

Emma Bovary, magnifique spécimen de type 4…

Cher lecteur

Si vous êtes arrivé sur cette page par hasard (ou par simple curiosité), en tout cas sans passer par mon article précédent sur Madame Bovary et le bovarysme, je vous invite à commencer par jeter un petit coup d’œil à cette analyse plus « traditionnelle » du roman et de l’héroïne de Flaubert et du syndrome (connu dans le monde psycho-littéraire) qui en est issu. A moins, bien sûr, que vous ne soyez déjà fort familier de l’œuvre flaubertienne et du concept de bovarysme ! Auquel cas, vous pouvez sans hésiter vous lancer dans cette approche plus « personnelle » et plus atypique du personnage d’Emma Bovary que je vous propose ici…

J’expliquais en effet à la fin de mon précédent article qu’en tant que grande amatrice de tout ce qui relève du champ de la psychologie et du développement personnel, le personnage d’Emma m’a, pour ma part, et au fil de ma lecture, non pas fait penser à un « trouble » psychique quelconque (et encore moins à une « hystérie » féminine, telle qu’ont pu la qualifier Baudelaire ou la presse bien-pensante de l’époque), mais plutôt, et avec une précision stupéfiante… au type Quatre de l’Ennéagramme…

En effet, si vous connaissez un peu cette approche, impossible de découvrir le personnage et l’univers d’Emma Bovary sans penser à ce type précis de personnalité recensé par cette typologie fort ancienne et fort connue qu’est l’Ennéagramme (et d’autant plus si, comme moi, vous partagez des traits du type Quatre… ou si vous en avez rencontré un paquet dans votre vie !^^ Et savez donc parfaitement comment ces personnalités-là fonctionnent…)

Mais plongeons sans attendre dans l’analyse et la présentation de ce fameux « type Quatre ». Vous verrez qu’à la lumière de cette approche, Emma Bovary n’est ni une écervelée, ni une simple égoïste, ni une femme bêtement frivole, adultère, lunatique, impie, irrationnelle, superficielle, extravagante et amorale : elle n’est, somme toute, qu’un magnifique spécimen du type Quatre de l’Ennéagramme, un Quatre dans toute sa splendeur, dans toute sa grandeur, dans toute son intensité, mais un Quatre enfermé dans une vie provinciale d’une monotonie, d’un ennui et d’une affligeante banalité tout simplement destructeurs pour ce type de personnalité – et qui conduiront précisément l’héroïne à sa perte…

Deux mots sur l’Ennéagramme :

L’Ennéagramme est un modèle de la structure de la personne humaine qui propose 9 configurations différentes de la personnalité, neuf manières de se définir et de fonctionner. Chaque être humain, en fonction de ses craintes inconscientes, de ses désirs, de ses compulsions, de ses forces et de ce qu’il cherche à compenser, a tendance à donner dans sa vie la priorité à une de ces images de soi et à s’exprimer d’une certaine façon.

Détail important (au regard du sujet de cet article et du regard fort critique qui fustige et condamne inlassablement le personnage d’Emma Bovary…), selon le modèle l’Ennégramme, il n’y a pas de « bon » ou de « mauvais » profil, ni de profil qui soit préférable ou clairement « au-dessus » des autres : chaque profil a ses forces, ses faiblesses, ses atouts, ses hantises et, surtout, ses excès. Chaque profil peut être vécu de façon épanouie et pleinement intégrée, ou au contraire de façon destructrice, voire pathologique. Il existe donc ainsi plusieurs niveaux de « sanité » au sein de chaque type.

Ainsi, deux personnes d’un même type, selon la manière dont elles gèrent leur compulsion et le degré d’influence des types voisins, peuvent être très différentes. Et Emma Bovary, si elle s’inscrit dans le profil de type 4, est un personnage qui vire progressivement, au fur et à mesure que le roman évolue et que l’étau se referme autour d’elle, vers la version négative/dégradée de son profil (qui n’est ni pire ni meilleure que la version « désintégrée » de n’importe quel autre profil… mais a son propre lot de conséquences et de désastres à la clé).

L’Ennéagramme donne une description très précise de la psyché humaine et permet d’expliquer et/ou de prévoir, avec une fiabilité étonnante, notre attitude face aux diverses circonstances de la vie. Pour l’avoir « pratiqué » un peu, je m’émerveille chaque jour davantage de son étonnante précision et du potentiel relationnel absolument unique qu’il permet…

Voici, en quelques schémas, les neuf types de personnalités présentés par l’Ennéagramme.

NB : il s’agit d’un système bien plus complexe qu’il n’y paraît, avec un système d’ailes, de flèches et de contre-flèches développé, mais cet article ayant pour but de parler d’Emma Bovary et du type Quatre plus particulièrement, je ne m’étendrai pas davantage ici sur la présentation du système global. Je vous recommande en revanche en fin d’article plusieurs liens vers des livres et articles détaillés sur l’Ennéagramme, ses neufs profils et ses mécanismes…

Mais permettez-moi de zoomer dès maintenant vers le profil qui nous intéresse ici et que j’appelle fort affectivement : Quatre le Sublime !^^

Le type 4 de l’Ennéagramme

Ses petits noms…

Selon les livres, les schémas, les planches de l’Ennéagramme que vous consulterez, la personnalité de type 4 est dénommée :

  • Le Romantique (tiens donc !)
  • l’Artiste
  • l’Original
  • le Tragico-romantique
  • l’Individualiste
  • le Mélancolique
  • le Créatif
  • Et d’autres encore sans doute…

Sa « carte d’identité » :

  • Son centre : le centre émotionnel, le cœur (comme pour les types 2 et 3) – versus le centre instinctif (pour les types 1, 8 et 9) et le centre mental (types 5, 6 et 7).
  • Son mécanisme de défense : la tristesse, la sublimation
  • Sa compulsion : éviter la banalité
  • Sa passion (faiblesse) : l’envie
  • Sa force : l’appréciation de la beauté des choses

Ses peurs fondamentales :

  • passer inaperçu
  • le manque de considération et de reconnaissance
  • le quotidien, la banalité, l’ennui, la routine
  • le manque de poésie
  • se fondre dans la masse
  • être abandonné
  • ne pas être désiré, remarquable, unique

Ce qui le caractérise…

  • Une sensibilité à fleur de peau
  • Un goût marqué pour la singularité et l’exception
  • Des émotions vécues dans toute leur intensité
  • Des désirs portés vers l’ailleurs et l’inaccessible
  • Des rêves fort éloignés de la réalité
  • L’idée que l’herbe est plus verte ailleurs
  • Un fort sentiment d’absence et de vide
  • Une quête tournée vers l’inaccessible
  • Un fort besoin de reconnaissance
  • Une impression récurrente de paradis perdu
  • Un goût certain pour l’art, le raffinement, la distinction et la beauté
  • Le besoin et la volonté d’être unique et de se démarquer
  • Une vie intérieure vécue pleinement
  • Être sujet à l’envie
  • Le besoin d’être stimulé
  • Le besoin de se sentir différent et unique
  • Le sentiment d’être unique dans un monde d’incompréhension
  • L’insécurité affective
  • Le sens du (mélo)drame
  • Une curiosité pour la beauté de la vie
  • Une certaine culture
  • Une volonté constante de sortir de l’ordinaire
  • Une tendance au regret
  • Le besoin de tout intensifier, de tout dramatiser
  • L’incapacité à vivre pleinement dans le présent
  • Une insatisfaction chronique
  • Une importance de l’imaginaire
  • Un romantisme marqué
  • Une forte créativité
  • Beaucoup d’imagination
  • Une forte tendance aux changements rapides d’humeur
  • Une certaine tendance également à changer rapidement de projet et à ne pas aller au bout des choses
  • Une grande expressivité
  • L’introversion (=absorption en soi-même)
  • Un ardent désir de l’impossible
  • La conviction que personne n’a jamais autant souffert que soi
  • La capacité à trouver du romantisme dans la mort
  • Le goût des extravagances…
  • Le goût de la nostalgie
  • Le besoin de vivre des moments intenses
  • Un véritable don pour l’émerveillement
  • Etc.

Bref ! Théâtral, mélancolique, sensible, sentimental, idéaliste, irrationnel, d’humeur instable, envieux, absorbé en lui-même, tragique, instable, dépressif, excessif, passionné… oui : le Quatre, c’est Emma Bovary tout craché !!!

Madame Bovary, une Quatre enfermée dans un monde écrasant d’ennui et de banalité

Pour la suite de cet article, je vais m’appuyer sur l’ouvrage, très simple et très bien fait, de Valérie Fobe Coruzzi, L’Ennégramme : 9 profils pour mieux vous connaître dont je me permettrai de reprendre directement certains paragraphes/certaines citations tant les formules employées me paraissent dépeindre trait pour trait l’héroïne flaubertienne. Je commencerai, pour chaque trait de personnalité, par citer Valérie Fobe Coruzzi, telle qu’elle décrit le type Quatre, pour ensuite mettre ces descriptions au regard du personnage d’Emma (passages en gras).

Le besoin d’être unique, le raffinement

« l’envie de vous distinguer coûte que coûte témoigne d’un besoin d’affirmer votre différence. Vous tenez à ce que les autres comprennent que vous êtes spécial. (…) Vous souhaitez qu’ils comprennent combien vous êtes un être d’exception, remarquable, éloigné de cette banalité qui vous fait fuir. »

« Vous appréciez tout particulièrement la finesse et la beauté des choses qui vous entourent et vous émeuvent. »

« Les personnes en base 4 (…) ont besoin de se sentir uniques et fuient la banalité. Elles cherchent sans arrêt à innover pour ne pas passer inaperçues. »

« Votre raffinement naturel s’exprime librement dans votre manière de vous habiller et dans vos choix décoratifs, qui se veulent singuliers et remarqués. »

→ Emma a des élégances, des délicatesses, elle aime le luxe et imiter les grandes dames, tant dans sa manière de s’habiller que de redécorer régulièrement son intérieur. Elle aime les beaux tissus, les beaux atours, les fanfreluches, elle se laisse régulièrement tenter par le cupide M. Lheureux, marchand d’étoffes de son état, qui la conduira à sa ruine.

———–

« Vous vous sentez malmené quand vos proches essaient de vous façonner à leur image ; vous y voyez une atteinte à votre liberté d’être pleinement unique. »

→ Emma supporte très mal les remontrances et sermons de sa belle-mère, qui ne cesse de vouloir la réformer et de s’inquiéter de ses « excentricités » (lecture de romans, manies…), trop éloignées à son goût des convenances et des codes

———–

« Vous voulez vous démarquer par votre allure et la finesse de vos propositions »

→ ainsi Emma passe-t-elle par de nombreuses phases au cours desquelles toute son attention est portée à sa toilette, à son intérieur, à ses manières de « dame » (y compris : charité, largesses…) 

———–

« vous ne vous sentez plus à votre place dans ce monde qui ne vous ressemble pas » / « vous comparez sans cesse »

→ Eblouie par son premier, seul et unique bal chez un marquis, Emma y entrevoit un monde auquel elle souhaiterait, en vain, appartenir, et y vit un bref moment de luxe, de rêve et de bonheur dont elle tentera longtemps de se nourrir. Elle ne cessera par la suite de se donner des allures de duchesse, des manies de grande dame, de princesse et d’héroïne de roman…

———–

Une sensibilité à fleur de peau, voire une hypersensibilité

« Votre richesse sensorielle est toujours en éveil (…) »

→ Emma est une jeune femme éminemment sensuelle, voluptueuse, grisée par les goûts, les odeurs, les couleurs, les musiques et les sensations de toutes sortes. Réceptive, sensible, à fleur de peau, elle aime offrir son visage au vent de la nuit, sentir la fraîcheur de la glace sur sa langue, le son des instruments, les bourdonnements, les beaux tissus, les sensations corporelles de toutes sortes. Flaubert accorde beaucoup d’importance aux ressentis et aux cinq sens d’Emma, ce qui va dans le sens dans la synesthésie des 4.

———–

Une tendance à la mélancolie

« Tout ce qui vous paraît inaccessible vous fait rêver et vous conforte dans l’idée que le bonheur espéré est ailleurs. Vous vous sentez souvent à part, incompris, comme à la recherche d’une présence qui vous manque, d’un vide à combler. Cela vient nourrir une tendance à la mélancolie. »

→ Cela correspond tellement à la définition du bovarysme que je ne sais même pas quoi ajouter !^^

———–

« Votre nostalgie, elle, vous invite à apprécier la littérature, l’histoire, l’art en général. Autant de témoignages d’un passé révolu, perdu à jamais… »

→ Emma aime les romans, la poésie, l’histoire, la musique…

———–

« Avec vous, rien n’est simple, car vous êtes systématiquement attiré par tout ce qui est hors de votre portée. »

→ Emma ne rêve que de luxe, de richesse, de grands voyages, d’épopées, de mondes aristocratiques, d’une vie scintillante à la capitale, de contrées exotiques… et d’une histoire d’amour fabuleuse…

———–

Une tendance à l’excès et au mélodrame

« Partir à la recherche de l’absolu, de l’amour, d’émotions intenses, dramatiser certaines situations jugées banales : voici les différents modes opératoires correspondant à la base 4 » 

→ le bovarysme dans toute sa splendeur

———–

La sensorialité exacerbée du 4 « crée des réactions variées et surprenantes dans un environnement qui, lui, est ordinaire ».

→ Emma passe à moult reprises par toutes sortes de phases et de transes, dépression, euphorie, mysticisme, frénésie, manies, pleurs, crises de larmes, rires nerveux, crises de nerfs…

———–

« Vous vivez tout depuis votre monde personnel, un monde nuancé et riche de sens »

« A défaut d’être reposante, cette manière de vivre vos relations est passionnante et vibrante. Ce qui est important, c’est que votre cœur soit touché ».

En résumé…

Selon V.R. Dhirawamsa :

« Les Quatre ont tendance à être en demande intense de ce qui leur fait défaut dans le présent dès lors qu’ils regardent vers le futur et pensent que l’herbe est plus verte de l’autre côté de la barrière. Par conséquent, ils ressentent toujours un manque dans l’ici et le maintenant. Poussés par une forte impulsion, ils essaient d’atteindre vigoureusement ce qui n’est pas à leur portée. (…) Les Quatre sont souvent déprimés et leur dépression est alimentée par l’abondance des émotions et des sentiments qu’ils possèdent en plus d’une nature passionnée (…). » (Source : http://www.enneagramme-marie.fr/le-modele-du-diamant/l-enneagramme/les-neuf-points-de-l-enneagramme/type-4)

What else, comme dirait l’autre ?^^

Le Quatre non épanoui… ou la « Dark Force » du profil 4

Quand il va mal, quand il se sent isolé, incompris, critiqué, contraint, le 4 devient manipulateur, calculateur, nostalgique à outrance et lunatique. Voici ce qu’écrit Valérie Fobe Coruzzi à propos d’un Quatre en stress ou non épanoui :

  • « vous vous noyez dans un quotidien qui selon vous manque de sens
  • votre sens du drame déforme votre perception de la réalité
  • votre verre est toujours à moitié vide
  • vous occultez tout ce que vous avez pour vous lamenter sur ce que vous n’avez pas » (→ Emma n’accorde aucune importance à sa fille, pourtant joyeuse et bien portante, à son mari, pourtant doux, gentil, fidèle, aimant, littéralement en adoration devant elle, et médecin tout de même)
  • « votre volonté d’être unique finit par vous faire jouer un rôle » (→ Emma ne cesse de se donner des airs de grande dame, de « duchesse », que ce soit chez elle, au théâtre…)
  • « la mélancolie devient votre symphonie intérieure » (→ no comment ! c’est l’émotion dominante d’Emma Bovary, dès ses années de couvent, puis au cours de ses diverses dépressions, et jusqu’à son suicide final)
  • « vous assimilez la normalité à la banalité, ce qui gonfle votre frustration » (→ici, les sentiments personnels de Flaubert se font particulièrement ressentir, qui ressent une haine féroce à l’égard de la stupidité et de la médiocrité du « petit bourgeois » type, ce petit bourgeois de province prétentieux dont il sait rendre compte avec une mordante ironie à nulle autre pareille, de même qu’il rend parfaitement compte de la monotonie et de la tranquillité de la vie provinciale, et notamment normande, dans son ensemble)
  • « votre impuissance à partager ce que vous ressentez vous fait basculer dans le besoin de vous isoler pour vivre les choses à votre manière » (→de là la double vie d’Emma, son besoin de trouver refuge dans l’art et dans la littérature, sa première liaison adultère avec Rodolphe, puis la seconde avec Léon…)
  • « vous perdez la connexion avec ce qu’il y a autour de vous, blessé par le manque de subtilité et de profondeur de votre entourage » (→Emma perd tout contact avec sa fille, qu’elle ne voit pas même grandir, son mari, qu’elle trouve stupide, incompétent et creux…)

————

Dans la forme la plus noire et la plus basse de lui-même, le 4 va tendre vers la dépression, la fuite (du monde), l’isolement, la tourmente, le mépris, l’isolement, les idées morbides, l’autodestruction, la fuite psychologique, les addictions.

→ Emma fuit continuellement la réalité de sa vie en se réfugiant dans l’imaginaire (rêverie, mysticisme, religion, littérature, contemplation), devient folle amoureuse de Rodolphe (dépendance affective), s’isole et se coupe de son entourage (sa fille, son mari, sa famille), se montre indifférente à la souffrance autour d’elle, fait plusieurs dépressions, vit de très nombreuses sautes d’humeurs et crises de nerfs (en alternance avec des phases d’abattement) et finira par se suicider.

————

Le 4 qui ne va pas bien vire aussi vers les mauvais côtés du type 2 (système de flèches et de contre-flèches de l’Ennéagramme), et devient possessif, expansif, manipulateur, jaloux.

→ C’est exactement ce que devient Emma au contact de Rodolphe, puis surtout au contact de Léon, lorsqu’elle le sent s’éloigner, chapitres V et VI de la Troisième Partie : « Elle aurait voulu pouvoir surveiller sa vie, et l’idée lui vint de le faire suivre dans les rues. » etc.

————

Le Quatre en version basse adopte aussi des comportements à risque (jeux, sexe, alcool, drogue, vitesse…).

→ C’est ce que fait Emma en s’abandonnant une première fois à l’adultère, puis une seconde… en dépensant sans compter… en mentant de plus en plus… en prenant de plus en plus de risques de croiser du monde connu au bras de Léon… en retournant voir Rodolphe… en inventant des prétextes pour retrouver ses amants… en les côtoyant en plein jour… en dilapidant le patrimoine conjugal en plaisirs éphémères…

————

Dans sa version négative, le profil 4 de l’Ennéagramme peut donc être perçu de l’extérieur comme affecté, hautain, lunatique, capricieux, égocentrique, réactionnel, compulsif/impulsif, hystérique, irrationnel, irresponsable et désespéré.

Et c’est précisément ce que la critique et la censure reprocheront à Madame Bovary !

————

En résumé : « Souffrance. Refus de la réalité. Anéantissement et destruction. Dispersion et éparpillement. Négativité. Exclusion, abandon et rejet. Manque de bravoure, de courage, de combativité. Vulnérabilité et impressionnabilité. Impatience. Envie. Frénésie. Irritabilité. Subversion. Intolérance et fanatisme. Intransigeance. Oppression et domination. Violence, brutalité, agressivité et colère inappropriée. Arrogant. Polémique. Querelleur. Hostile. Haine profonde. Mauvais caractère. Vengeur. Fauteur de trouble. » Tels sont les aspects « confus » du 4 dans sa version « basse » et tourmentée répertoriés par le site http://www.enneagramme-marie.fr/le-modele-du-diamant/l-enneagramme/les-neuf-points-de-l-enneagramme/type-4

Quelques citations du roman…

Encore une fois, je ne saurais trop vous inviter à lire mon premier article sur le bovarysme si vous ne l’avez pas encore fait ; j’y répertorie notamment un certain nombre de citations du roman à mon sens parfaitement représentatives du « syndrome Bovary », même si je ne peux m’empêcher d’en recopier ici quelques-unes particulièrement éloquentes au regard de ce que nous venons d’évoquer :

« L’amour, croyait-elle, devait arriver tout à coup, avec de grands éclats et des fulgurations, – ouragan des cieux qui tombe sur la vie, la bouleverse, arrache les volontés comme des feuilles et emporte à l’abîme le cœur entier. »

« Tout ce qui l’entourait immédiatement, campagne ennuyeuse, petits bourgeois imbéciles, médiocrité de l’existence, lui semblait une exception dans le monde, un hasard particulier où elle se trouvait prise, tandis qu’au-delà s’étendait à perte de vue l’immense pays des félicités et des passions. Elle confondait, dans son désir, les sensualités du luxe avec les joies du cœur, l’élégance des habitudes et les délicatesses du sentiment. (…) Les soupirs au clair de lune, les longues étreintes, les larmes qui coulent sur les mains qu’on abandonne, toutes les fièvres de la chair et les langueurs de la tendresse ne se séparaient donc pas du balcon des grands châteaux qui sont pleins de loisirs, d’un boudoir à stores de soie avec un tapis bien épais (…) ni du scintillement des pierres précieuses (…) »

« Au fond de son âme, cependant, elle attendait un événement. Comme les matelots en détresse, elle promenait sur la solitude de sa vie des yeux désespérés, cherchant au loin quelque voile blanche dans les brumes de l’horizon. Elle ne savait pas quel serait ce hasard, le vent qui le pousserait jusqu’à elle, vers quel rivage, il la mènerait (…) Mais, chaque matin, à son réveil, elle l’espérait pour la journée, et elle écoutait tous les bruits, se levait en sursaut, s’étonnait qu’il ne vînt pas, puis, au coucher du soleil, toujours plus triste, désirait être au lendemain. »

« Après l’ennui de cette déception, son cœur, de nouveau resta vide, et alors la série des mêmes journées recommença.
Elles allaient donc maintenant se suivre ainsi à la file, toujours pareilles, innombrables, n’apportant rien ! Les autres existences, si plates qu’elles fussent, avaient au moins la chance d’un événement. Une aventure amenait parfois des péripéties à l’infini, et le décor changeait. Mais, pour elle, rien n’arrivait, Dieu l’avait voulu ! L’avenir était un corridor tout noir, et qui avait au fond sa porte bien fermée. »

« elle enviait les existences tumultueuses, les nuits masquées, les insolents plaisirs avec tous les éperduments qu’elle ne connaissait pas et qu’ils devaient donner. »

« elle rejetait comme inutile tout ce qui ne contribuait pas à la consommation immédiate de son cœur (…) » 

« Donc elle reporta sur lui seul la haine nombreuse qui résultait de ses ennuis, et chaque effort pour l’amoindrir ne servait qu’à l’augmenter (…). La médiocrité domestique la poussait à des fantaisies luxueuses, la tendresse matrimoniale en des désirs adultères (…) »

« Alors les appétits de la chair, les convoitises d’argent et les mélancolies de la passion, tout se confondit dans une même souffrance (…) Elle (…) gémissait du velours qu’elle n’avait pas, du bonheur qui lui manquait, de ses rêves trop hauts, de sa maison trop étroite. »

« Elle était l’amoureuse de tous les romans, l’héroïne de tous les drames, la vague elle de tous les volumes de vers. »

Flaubert, Madame Bovary

D’autres personnages « de type 4 » célèbres :

Allez, pour le fun ! D’autres personnages (fictifs ou réels) célèbres de type 4, selon l’Ennégramme :

Selon le site : https://missionamesoeur.fr/type-4/ : Le Joker (dans le film « The Dark Knight », mais aussi, parfaitement représenté, dans le film « Joker » de 2019), Charles Baudelaire, Michael Jackson, Angelina Jolie, Janis Joplin, Edith Piaf, Arthur Rimbaud, Vincent Van Gogh.

Selon le site : https://enneagram.bz/fr/4 : Dracula, Belle (de « La Belle et la Bête », le dessin animé), Eponine (personnage des Misérables)

Selon le site : https://aprisme.blog/psychologie/le-type-4-de-lenneagramme/#page-content : Jacques Brel, Isabelle Adjani, Françoise Hardy, Marguerite Duras

Selon http://www.promouvoir-enneagramme.com/index.php?rubrique=3039 : Ingmar Bergman, Alan Watts, Sarah McLachlan, Alanis Morrisette, Paul Simon, Jeremy Irons, Patrick Stewart, Joseph Fiennes, Martha Graham, Bob Dylan, Miles Davis, Johnny Depp, Rudolph Noureyev, J.D. Salinger, Anaïs Nin, Marcel Proust, Maria Callas, Tennessee Williams, Edgar Allan Poe, Annie Lennox, Prince, Michael Jackson, Virginia Woolf, Judy Garland, « Blanche DuBois » (Un tramway nommé désir).

Ajoutons aussi Rousseau, bien sûr, qui commençait ses Confessions par :

« Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi. Moi seul. Je sens mon cœur, et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j’ai vus ; j’ose croire n’être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m’a jeté, c’est ce dont on ne peut juger qu’après m’avoir lu. »

Si ÇA, ce n’est pas de l’envie de se démarquer et d’être unique !^^

Conclusion

Mais Emma Bovary n’est pas le seul personnage littéraire à m’avoir brusquement renvoyée à l’Ennéagramme avec une limpidité extraordinaire… Il y a peu, Casanova, ma foi, me faisait le même coup, en tant que magnifique type Sept !

Pour découvrir sa vie, son œuvre, sa longue carrière de séducteur… et son profil Ennéagramme, bien sûr… c’est ici !^^

Bonne découverte à tous !

En espérant que cette petite approche atypique de l’héroïne flaubertienne vous a plu,

Aurélie

Texte : © Aurélie Depraz

Illustration :

Pour aller plus loin : quelques sources et descriptions détaillées du profil 4 :

(NB : en surfant, vous pouvez ensuite retrouver les détails des 8 autres profils, bien sûr, ainsi que des explications plus poussées concernant les ailes, les flèches, les contre-flèches…)

http://www.promouvoir-enneagramme.com/?rubrique=3222

https://www.enneagramme.com/Articles/2003/EM_0310_a2.htm

https://www.enneagramme.com/Theorie/9_type4.htm

https://bien-etre.ooreka.fr/astuce/voir/309259/type-4-de-l-enneagramme

http://www.enneagramme-marie.fr/le-modele-du-diamant/l-enneagramme/les-neuf-points-de-l-enneagramme/type-4

https://enneagram.bz/fr/4

Un test Ennéagramme :

https://enneagram.bz/fr

https://www.eclecticenergies.com/francais/enneagramme/test

Vous en trouverez de nombreux autres sur Google, plus ou moins fiables bien sûr, ainsi qu’auprès des instituts et établissements spécialisés dans les formations sur l’Ennéagramme (entre autres). Si vous tentez l’aventure, je vous conseille vivement de faire plusieurs tests, histoire de croiser les résultats et d’être sûr (à moins que votre profil ne saute aux yeux de façon aussi évidente que celui d’Emma, of course !^^)

Romantiquement vôtre,

Aurélie

Texte : (c) Aurélie Depraz
Illustration : source

Tagged , , , ,