De même qu’en matière de sculpture ou de peinture, le nu, l’amour et la sexualité occupent depuis toujours une place de choix dans la littérature.
Parlons aujourd’hui… d’érotisme, justement.
S’il fait depuis longtemps l’objet d’une littérature spécifique (aujourd’hui dite « érotique », autrefois « libertine » – cela fera l’objet d’un futur article…), il convient néanmoins de rappeler que des propos crus et le récit de moments passionnés s’immiscent entre les pages d’œuvres littéraires aussi variées que des essais, des pièces de théâtre, des pensées, des autobiographies, des romans ou de la poésie. L’amour et ses manifestations physiques – y compris les plus obscènes – ne s’est donc jamais retrouvé exclusivement confiné à un genre spécifiquement érotique. Le désir, les ébats, les pratiques les plus osées ont traversé l’œuvre d’Ovide, de Mirabeau, de Diderot, de Rousseau et de Verlaine, et toute l’histoire de la littérature de Martial à Breton et de Boccace à Beaumarchais.
Casanova ? On connaît. Le sulfureux Marquis de Sade ? Célèbre pour avoir donné son nom à des pratiques mises en scène dans Histoire d’O. de Pauline Réage et Belle de Jour de Joseph Kessel, romans tous deux adaptés au grand écran. Les libertins de Choderlos de Laclos aux Liaisons dangereuses ? On les retrouve au programme du baccalauréat ! Mais ce qu’on sait moins, c’est que des chants de Sappho aux romans naturalistes de Zola, des lettres d’amants célèbres comme Abélard et Héloïse aux poèmes de Baudelaire et d’Apollinaire, c’est toute la littérature, y compris celle des plus grands noms de l’écriture romaine, grecque ou encore française qui, à l’insu du grand public bien souvent, est imprégnée de passages… comment dire… osés… et parfois hautement réalistes !
Pour les titres et les références, je vous renvoie à l’article de Wikipedia intitulé « Littérature et sexualité » que vous trouverez ici . Des auteurs antiques aux plus contemporains (XXIe s.), des romans aux ouvrages philosophiques, des correspondances intimes aux recueils de poésie et des drames aux contes, faites votre choix ! Certains titres se passent parfaitement de métaphores et en disent très long en soi ! Tant que je n’ose les recopier ici ^^
Alors non, l’érotisme n’est pas affaire de quelques auteurs ou de maisons d’édition à l’esprit mal tourné. Georges Batailles, Paul Eluard, Théophile Gautier s’y sont essayés ! Sans compter tous ces autres écrits (Madame Bovary, Thérèse Raquin…), aujourd’hui étudiés au lycée ( !), après avoir valu à leurs auteurs (Flaubert et Zola dans ces cas précis), à l’époque de leur publication, rien moins qu’un procès pour le premier (pour « outrage à la morale»), et qu’une critique « brutale et indignée » pour le second (dont l’œuvre fut traitée de « littérature putride »…). Et ce ne sont que deux exemples parmi beaucoup, beaucoup d’autres. Comme quoi, l’accueil des œuvres et le regard qu’on porte sur les contenus sexualisés ne cessent de changer !
A très bientôt pour de nouveaux articles sur l’amour et l’érotisme en littérature,
Aurélie
Texte : © Aurélie Depraz
Source photo : Giand D. sur Unsplash
Tout à fait d’accord avec votre billet. L’érotisme baigne la littérature, de la plus insignifiante à la plus grande. Et cela me semble normal, car il fait partie de la vie !
Heureusement, les quelques procès que vous évoquez n’ont jamais pu empêcher ces oeuvres de trouver le grand public. Il y aura toujours des pisse-froids pour critiquer, dénigrer ou cataloguer avec mépris. Comme si l’érotisme tirait la littérature vers le bas. Alors que le talent de l’auteur saura s’exprimer quelle que soit la nature des pages, érotiques ou non. Et quel plaisir (quasi charnel) de lire de belles lignes scabreuses de la plume de nos plus grands écrivains !