Il y a 5 ans (déjà !!!) je publiais mon premier article sur ce vaste sujet qu’est le monde du livre, en particulier du point de vue des auteurs. Chiffres, témoignages, réalités, je vous offre ici une petite compilation de ce que j’ai pu voir passer, tantôt dans des articles de presse en ligne, tantôt sur des blogs, tantôt sur les réseaux sociaux, au fil de ces 5 dernières années.
De quoi se sentir moins seul, pour les auteurs… et découvrir quelque peu la réalité (entre autres financière…) de la vie des auteurs (et, sans doute, des artistes en général…) pour les curieux « du monde extérieur »… ^^
En complément de (ou en introduction à) votre lecture, je vous invite bien sûr à découvrir ce premier article, déjà intitulé (et pour cause) « La Jungle du Livre ».
Mais, sans attendre : les faits, les chiffres et… la parole des auteurs eux-mêmes !
Echos… sur le fait de vivre de sa plume
Quelques échos glanés sur les réseaux
A des fins de discrétion, tous les « échos » seront bien sûr rapportés de manière anonyme. Voici donc quelques-uns des témoignages, commentaires et retours lus sur Facebook, Instagram, toutes sortes de forums et de discussions entre auteurs… Notez bien que, si tous ces échos sont bien évidemment subjectifs, ils se voient totalement confirmés par les chiffres très officiels rapportés plus loin dans cet article…
« En France, il est presque impossible de vivre de l’écriture. Certains y arrivent, mais pour la plupart, ce n’est qu’un complément. »
« Quand je vois mon salaire actuel, j’imagine même pas le nombre de bouquins que je devrais vendre pour juste maintenir mon niveau de vie… »
« Selon les chiffres des associations pro et de l’état, plus de 90% des auteurs français gagnent moins du SMIC avec leurs livres. »
« Il ne faut pas compter ses heures, car le taux horaire c’est minable »
« En 2019, j’ai vendu 790 livres, tous titres et style confondus. Soit un total de 3 460livres depuis que je me suis lancée dans l’écriture et l’autoédition en octobre 2014. » (auteure ayant alors 8 titres à son actif)
« J’ai plusieurs livres sur kdp et j’en ai vendu 2 ce dernier mois et une petite centaine de pages lues en KENP. »
« Et on commence rarement en vendant des milliers de bouquins. J’en suis à mon 4e en 12 ans, j’écris peu, et j’ai bien galéré à mes débuts. Pour mon dernier, j’ai vendu 1000 ebooks en un an, et 250 brochés. Rien d’exceptionnel. »
« Avec deux romans, je suis à un tiers de mon salaire environ. Parfois un peu plus. »
« Moi j’en suis très loin. Au meilleur de ma forme, je touchais 1/10e de mon salaire avec 4 romans, et encore, ça n’a duré que 3 ou 4 mois. En ce moment, je suis à 3 % de mon salaire. »
« Avec mes gains actuels, dans 10 ans, je pourrai me payer un billet d’avion pour la France. »
« Je suis sur kdp uniquement aussi. Et le dernier de mes romans (ne me demande pas pk, je comprends pas!), j ai pu faire en gros un smic/mois lissé sur 4mois. »
« Moi je suis auteur depuis 3 ans, mais en auto depuis 1 an, 7 de mes 14 romans sont en AE et je mets mes livres en vente sur kindle, ibooks, google play et kobo, et kindle représente 60 % de mes ventes, ce qui fait que je ne peux pas me mettre en kdp select au risque de fermer la porte à 40% de mes lecteurs. Avec tout ça, depuis cette année seulement et grâce à un coup de bol, une saga qui marche mieux que les autres, je me tire en moyenne un salaire par mois, mais je continue de travailler avec un boulot à 80% à côté pour assurer. Rien ne dure jamais dans ce milieu, et c’est encore trop frais pour tirer des conclusions sur le long terme. »
« Je suis sur kdp depuis septembre, auteure de 14 livres jeunesse et je suis a environ 20€/mois… Wooooooo ^^ »
« Zéro pendant des semaines »
« 200 en 4 mois »
« Parler de la BD en parlant des auteurs qui ont du succès c’est comme parler des Français qui ont gagné au loto pour parler des Français »
« M’étant fait remarquer grâce à la Presse papier, j’ai reçu des invitations sur les salons un peu partout dans ma région. Et sur certains d’entre eux, je vendais jusqu’à 50 romans ce qui est cinq fois plus que la moyenne donnée par les libraires. » (Cela donne une idée des ventes moyennes des ouvrages en salon…)
Concernant les salons, d’ailleurs, voici ce qu’écrivait il y a peu Nathalie Bagadey (une autrice très transparente, et très portée sur l’accompagnement, que je vous conseille de découvrir), dans l’une de ses newsletters : « Il devient de plus en plus difficile de faire des bénéfices, car les coûts augmentent tous (transport, avec les frais d’essence, et surtout les prix de stands, qui ont jusqu’à triplé sur certains évènements). Bref, plus que jamais je vous encourage à privilégier les évènements locaux… voire à les créer (cf conclusion). (…) Les salons les plus à perte cette année ont été… »
Mêmes constats pitoyables lorsqu’on regarde de près les chiffres avancés par certaines plateformes en guise de publicité. Une grande plateforme d’autoédition (que je ne citerai pas, par discrétion), annonçait fièrement par exemple un jour avoir vendu 345 000 exemplaires pour 2000 livres publiés par les auteurs ayant eu recours à ses services. De quoi jeter de la poudre aux yeux… mais tout à coup beaucoup moins, quand on calcule que cela fait une moyenne de… 172 exemplaires par titre en moyenne… !
Idem pour une autre startup d’accompagnement aux auteurs indépendants, qui se vantait d’accompagner depuis 2015 les auteurs indépendants dans toutes les étapes de fabrication, de distribution et de promotion de leurs ouvrages. « À ce jour, ce sont plus de 450 auteurs qui ont fait confiance à notre start-up et presque 100 000 livres qui ont été vendus en France mais aussi en Belgique et en Suisse. » lit-on en 2019. Ce qui fait, si l’on calcule bien… 222 livres en moyenne par auteur… sur 4 ans… soit 55 livres par an…
Deux citations de Cyril Godefroy (auteur indépendant des premières heures) pour finir :
« Mais pour les autres 99,9%, ça ne se passe pas comme ça. (…) Aux USA, la moyenne des ventes d’ebooks sur la totalité de la vie d’un livre est de 25 exemplaires. Non, il ne manque pas un zéro. Cela remet en perspective les 3 millions de titres qui sont sur Amazon Kindle dans ce pays, n’est-ce pas ? »
Et, dans 170 Idées pour promouvoir son livre : « 4000 ebooks réalisent plus d’une vente par jour en France sur Amazon, soit plus de 70 euros de revenus nets par mois chacun (à 2,99 euros). Ils représentent 1,3M du total des ebooks publiés. Plus de 200 000 ebooks français, (75% du total) gagnent moins de 20 euros par mois chacun (moins d’une vente par semaine) »
Paradoxe… révélateur
Une anecdote parmi d’autres, montrant la misère du milieu.
En parcourant un article Web au titre tapageur (« Dans le quotidien des reines de la romance française, Emily Blaine, Cécile Chomin et Laura Trompette »), je m’attends à découvrir des chiffres et des revenus astronomiques.
On nous annonce les « 3 plus grosses vendeuses de romances de France », « parmi les auteurs français les plus vendus du genre », les dignes héritières de Cinquante nuances de Grey, blablabla. Et, un peu plus loin dans l’article, je lis quoi ?
« Question rémunération justement, difficile de dire s’il s’agit d’argent de poche ou de deuxième salaire. Les trois femmes restent très discrètes sur les revenus que génèrent cette activité. Une chose est sûre, cela n’est pas suffisant pour qu’elles quittent leur emploi principal. À titre de comparaison, dans la maison d’édition dont elle préfère taire le nom, Camille Emmanuelle touchait 1500 euros par publication. Elle écrivait sous un pseudo qu’elle partageait avec d’autres petites mains de la maison d’édition. »
« Gros chèque ou non, pour Emily comme pour Cécile, leur métier reste leur priorité. Les livres qu’elles écrivent leur permettent de mettre du “beurre dans les épinards” ou de “payer les prochaines vacances”, rien de plus. Ni l’une, ni l’autre n’envisage de démissionner et de se consacrer entièrement à l’écriture. »
Quelque peu… consternant, non ?
Du site des Editions Humanis
Un site que j’ai, je crois, abondamment cité dans mon premier article sur le sujet.
« Même les stars peuvent avoir des difficultés à vendre. Voici quelques flops de l’année 2011 :
- Luc Chatel & Jean-Pierre Chevènement, Le monde qu’on leur prépare, 931 ventes
- Noël Mamère, La Malédiction des justes, 362 ventes »
Notons qu’il s’agit là d’ouvrages publiés par les grandes maisons et bien pistonnés, bien dans la place !
« En France, si l’on exclut les résultats des 5 plus gros éditeurs (qui raflent la plupart des ventes, notamment avec les bestsellers d’origine américaine et ceux des « grands auteurs » francophones), les ventes moyennes d’un livre édité à compte d’éditeur (c’est-à-dire avec une présentation et un réseau de distribution qui sont censés être de qualité) sont aujourd’hui de l’ordre de 600 exemplaires »
« En France, un premier roman a :
- 50% de vendre plus de 300 exemplaires
- 10% de chances d’atteindre les 1000 exemplaires
- 1% de passer les 2000 exemplaires : certains considèrent que c’est déjà le seuil permettant de définir un bestseller ! »
►Source: http://www.editions-humanis.com/index.php
Les chiffres issus d’une vidéo d’analyse économique de la filière du livre
► Source : La rémunération des auteurs dans la filière du livre : une analyse économique
- Les revenus des auteurs en France et dans le monde diminuent en moyenne comme en médiane.
- De moins en moins d’auteurs peuvent vivre de leur plume.
- Les revenus par titre baissent en résultat de la crise de surproduction. (Pas une spécificité française, c’est partout pareil) :
- Baisse des revenus de – 78 % en 20 ans au Canada par exemple.
- Au RU – 40% en 12 ans
- Aux USA, -30% en 6 ans (chiffres donnés par les assos d’auteurs)
- Précarisation des auteurs.
En 2017, l’association des Etats généraux de la bande dessinée livrait déjà une enquête édifiante : «36% des auteurs de BD sont en dessous du seuil de pauvreté.» ► Source : ici
Vers un accroissement des écarts
Circonstance aggravante pour l’immense majorité des auteurs, le succès va au succès : « Le public achète de plus en plus ce qui se vend déjà très bien, expliquait en 2014 Vincent Monade, président du Centre national du livre. Les best-sellers peuvent atteindre le million d’exemplaires. Et le milieu de la chaîne, c’est-à-dire les auteurs qui vendaient entre 3.000 et 8.000 exemplaires (= les mid-listers), a tendance à disparaître. Aujourd’hui, ces titres-là, y compris d’écrivains très importants, se vendent parfois à moins de 1.000 exemplaires. » ► (Source ici)
Echo similaire sur les réseaux : « La situation a tendance à se radicaliser : vous allez avoir, d’un côté, des auteurs inconnus qui, jadis, vendaient 3 000 exemplaires, mais qui plafonnent aujourd’hui à 400, et auxquels il va falloir dire que l’on va diviser leurs à-valoir par trois et, de l’autre, des romanciers qui ont la chance de dépasser les 30 000 exemplaires et seront surpayés. Le risque, c’est que les éditeurs ne financeront plus de véritables projets littéraires. »
Une tendance donc : la paupérisation de midlisters au profit des quelques rares bestsellers… et, à l’horizon, un appauvrissement de l’offre et de la diversité des styles.
Echos : les déboires avec les éditeurs…
Echos sur les réseaux
« Coucou, est-ce qu’il y a des auteurs qui ont dû passer par la voie de la justice pour récupérer leurs droits ? J’en suis à 3 recommandés dont 2 de mon avocat restés sans réponse et je me sens un peu désemparée sur la suite. Combien ça va me coûter d’aller plus loin etc… Merci ! »
« En tout cas, lorsque je vois le nombre de déçus par l’édition classique, qui ne cesse d’augmenter (entre les amis auteurs qui ont claqué la porte et les maisons qui ont baissé le rideau), je me réjouis toujours autant d’être indépendante. Au moins, mes livres vivent de nombreuses années après leur publication et c’est ce que je vous souhaite aussi ».
« Pour l’avoir vécu, je sais dorénavant que “grand éditeur” ne signifie pas forcément, présence en librairie, ni lectorat plus vaste. Chaque expérience est unique. Pour ma part, j’ai forgé mon lectorat en devenant indé, pas via mes précédentes publications chez des éditeurs. » (Auteure hybride publiée en auto-édition après avoir été publiée par 4 éditeurs différents auparavant)
« De même, si je devais un jour refaire confiance à un éditeur, je prendrais le temps de bien étudier le contrat avec précision, de me renseigner sur la présence en librairie, le relationnel entre lui et ses auteurs, et plus encore, je questionnerais les auteurs étant publiés chez lui pour me faire une idée claire de ce à quoi je m’engage, en plus de ce qui est noté sur le bout de papier. » (idem)
« Céder ses droits pour 70 ans est une aberration. Sachant qu’un livre, sauf best-seller (ce que je vous souhaite), ne reste en librairie que 3 mois dans le meilleur des cas. »
« Un éditeur m’avait dit : “dans le temps, on considérait qu’un livre était un succès au delà de 1000 exemplaires. Aujourd’hui c’est plutôt au delà de 600.” »
« J’ai même entendu parler d’éditeurs qui versaient 7% de royalties sur les versions numériques. Pourtant le coût à l’exemplaire de vente d’un livre numérique, le coût de stockage etc. est presque nul (il n’est pas complètement nul, mais négligeable). Pas de coût de fabrication pour vendre un exemplaire, une rémunération très raisonnable de la boutique qui vend les livres, et peu de coûts de distribution. »
« Pourquoi ne s’indignent-ils pas quand les auteurs jeunesse ne touchent que 3 % de droits d’auteur ? »
« Comme la plupart des nouveautés qui inondent le marché, il va se retrouver posé en rayon une semaine, et disparaîtra la semaine suivante dans les limbes de la confidentialité. Une semaine pour convaincre. Peut-être deux… »
« Un gros éditeur sort des dizaines de titres par mois. Parfois plus. Sur cette pléthore de titres, il va décider de miser gros sur un ou deux auteurs sûrs ou prometteurs. Les autres ? Ils servent à gonfler la masse des faire-valoir. »
« Quelques « joyeusetés » relevées ou vécues au cours de ma carrière :
- Des éditeurs qui culpabilisent leurs auteurs quand ceux-ci osent demander des comptes. « Si on vous paye, on met notre maison d’édition en péril. Pensez à vos collègues ! »
- Relevés de compte absents ou incomplets.
- Des clauses de contrat mesquines ou abusives.
- Des magouilles sournoises pour vous virer d’un projet. Ou le filer à une équipe maison.
- Une condescendance, voire un mépris affiché pour les auteurs. Surtout quand ils ont un (très joli) accent du sud comme votre serviteur.
- Des mecs qui viennent vous faire la morale quand vous n’acceptez pas leurs exigences. J’avais catégoriquement refusé de faire 400 bornes aller-retour et de payer une nuit d’hôtel pour assister à un salon du livre (le tout non remboursé, bien entendu). La dirco (directrice de collection), choquée, m’avait lancé : « Mais M. Saimbert, vous ne voulez donc pas vous investir dans la promotion ?! » Ce à quoi j’avais répondu : « Quand vous me paierez tous les frais. Le temps de l’esclavage est révolu. » »
Quelques chiffres d’idboox.com
► Source : https://www.idboox.com/economie-du-livre/publication-du-barometre-auteurs-editeurs/
- 29% des auteurs ne sont pas satisfaits des relations qu’ils ont avec certains ou la majorité des éditeurs avec qui ils travaillent.
- 20,2 % déclarent des relations satisfaisantes ou excellentes avec la majorité de leurs éditeurs et 20 % avec tous leurs éditeurs.
- 44% des auteurs estiment que leur situation matérielle s’est dégradée.
- Les auteurs ont très majoritairement plusieurs éditeurs au cours de leur vie d’écrivain : 2 à 5 éditeurs pour la moitié d’entre eux (48 %), entre 6 et 10 pour un quart d’entre eux (26 %) et même plus de 10 pour 17 % des auteurs.
- Ils ne sont que 10 % à n’avoir eu qu’un seul éditeur pour toutes leurs publications.
- A propos des contrats, la SCAM note que concernant les droits papiers, 36% des auteurs déclarent que leurs contrats ne sont que parfois clairs et explicites, et 17% qu’ils ne le sont que rarement ou jamais.
- Ce taux de satisfaction pour les droits papiers (47%), chute pour les droits numériques (20%) et pour les droits dérivés (18%).
- Sur la rémunération les chiffres ne sont pas non plus très encourageants. En effet, la rémunération s’élève en moyenne pour l’exploitation papier à 7,2% et pour l’exploitation numérique à 11,1%.
Extrait d’une newsletter de Nathalie Bagadey
« Mon ressenti d’autrice sur… les déceptions de l’édition classique
Cette année, j’ai été marquée par des annonces d’auteurs que j’aime beaucoup et qui déploraient
1) le fait que la maison d’édition n’honorait pas les commandes de livres qui lui avaient été passées (lire l’article ici), ce qui avait poussé l’autrice en question à récupérer ses droits ;
2) le fait qu’une maison d’édition fermait ses portes sans crier gare (lire le point 14 de ce post Facebook), alors que l’auteur concerné y avait 5 titres et avait 3 autres publications prévues au cours des prochains mois chez cette ME.
En outre, en tant que consommatrice (et amie de l’illustratrice ayant participé au projet), j’ai constaté avec consternation qu’une grande maison comme —– n’avait fait AUCUNE communication lors de la sortie d’un produit que, moi, je guettais avec impatience. Et qu’alors que j’avais précommandé l’article en question chez eux, j’avais reçu celui-ci avec plusieurs jours de retard par rapport à ceux qui l’avaient commandé sur Amazon.
Bien sûr, ce ne sont pas des généralités.
Mais tout de même, j’ai l’impression qu’en 2022, les conditions des auteurs édités se sont encore aggravées et que les maisons d’édition qui râlent sur Amazon… feraient bien avant tout de se regarder le nombril et d’améliorer leur propre système de fonctionnement.
Tout cela pour vous dire que s’il y en a, parmi vous, qui attendez désespérément un contrat d’édition, ce ne sera peut-être pas le Graal que vous espériez.
Et si vous avez connu ou si vous vivez des évènements similaires, alors cela vous réconfortera peut-être de savoir que vous n’êtes pas seul·e.
(…) »
► A lire aussi : https://nathaliebagadey.fr/
► Clap de fin pour Les Lunes de Sang – anaiscros
Infos du blog bazarkazar.com (une mine…)
« Cette transparence est apparue il y a peu, l’édition tradi ne fournissant de chiffres de ventes (pas toujours aussi sincères qu’ils le devraient !) que tardivement et de mauvaise grâce, pour éviter d’avoir à rendre des comptes et à verser des droits. Je la trouve libératrice, et c’est une véritable avancée pour l’autonomie et la professionnalisation des écrivains qui, dans l’édition tradi, sont trop souvent maintenus dans un état d’ignorance infantilisant. » ► Source : http://bazarkazar.com/2017/11/11/chiffres-et-lettres/
« D’une part, les tarifs très bas pratiqués par « l’indésphère numérique » mettaient la pression sur les prix élevés fixés à leurs e-bouquins par les éditeurs tradi, obsédés par le désir de préserver le secteur rentable du poche. » ► http://bazarkazar.com/2018/06/26/vendre-auteurs-independants-capitalisme/
« Mais la deuxième raison me semble la plus décisive : en introduisant un intermédiaire entre l’éditeur et l’auteur, l’agent littéraire menace de troubler la relation de dépendance qui fait de l’auteur un obligé de l’éditeur, relation qui l’infantilise et le détourne d’une professionnalisation pourtant souhaitable (alors que l’agent littéraire, lui/elle, est un.e pro par définition). Pour le dire brutalement, les éditeurs français désirent garder une relation directe avec leurs auteurs pour les empêcher de sortir de leur sujétion. Je ne vois pas de mauvaise intention dans ce comportement le plus souvent inconscient, juste une mauvaise habitude, celle du paternalisme, qui est en l’occurrence le mot-clé. Il s’agit d’une culture néfaste, d’une spécificité nationale très ancrée dont il faudrait s’affranchir d’urgence. Des écrivains connus m’ont confié qu’ils n’avaient jamais osé demander qu’on leur communique leurs relevés de vente, et qu’ils craignaient d’être punis s’ils le faisaient, privés de publication future. Autant dire que le chemin sera long pour sortir de l’emprise et rééquilibrer les rapports de force… » ► http://bazarkazar.com/2016/11/21/agents-litteraires/ (à lire…)
« Et ne transigez pas sur vos 10% pour un roman ! Un contrat mentionnant 0% de droits d’auteur est illégal, l’Harmattan par exemple a été condamné pour l’avoir pratiqué (comme la chose a été jugée, j’ai le droit de le mentionner). » ►http://bazarkazar.com/2016/05/11/ecrivain-artiste-ou-professionnel/
« Plus tard vous apprendrez à faire supprimer les articles déloyaux, par exemple celui qui concerne les provisions sur retours (le diable gît dans les détails), et vous refuserez de signer la clause de préférence ou droit de suite, un piège qui vous coince pour longtemps, car vous devrez cumuler deux refus de suite avant de vous libérer de cet éditeur pour aller butiner chez un autre. De même, vous ne signerez l’avenant concernant les droits d’adaptation audiovisuelle que quand une proposition concrète se présentera, pas avant.
Enfin vous exigerez qu’on vous communique vos relevés de vente annuels (« Chaque année tes comptes réclameras », tel est le onzième commandement). La reddition des comptes d’édition est un point noir depuis toujours. Transparence et honnêteté sont rarement là où les rapports sont déséquilibrés ; or l’éditeur est à la fois juge et partie en la matière. J’ai forgé à ce propos un petit dicton : « Petit éditeur, grand escroc. Grand éditeur, petit escroc. » Désolée pour les valeureuses exceptions, mais c’est assez fidèle à la réalité… En effet, un grand éditeur n’a pas besoin de vous escroquer autant qu’un petit, car il a les reins plus solides et de la trésorerie devant lui. Mais il essayera toujours de retarder le moment de passer à la caisse. Le réflexe est bien ancré dans le milieu. » ► http://bazarkazar.com/2016/05/11/ecrivain-artiste-ou-professionnel/
« J’ai fait deux procès à des éditeurs indélicats, et j’ai gagné les deux en première instance. Le premier avait ressorti sans me le dire un roman vieux de dix ans comme si c’était une nouveauté. Cet oligophrène avait pensé à changer la couverture, mais pas la date de l’achevé d’imprimer. Il ne m’avait jamais rémunérée et j’avais laissé courir, mais il n’aurait pas dû remettre ça. La seconde avait diffusé une traduction qui prenait la poussière depuis longtemps sur ses étagères sans m’en avertir, et surtout, sans que j’aie corrigé les épreuves d’imprimerie. Elle avait introduit plein de fautes et d’incohérences de son cru, mais c’est moi qui signais ce désastre – adieu ma réputation de traductrice ! »
« Des auteurs chevronnés m’ont avoué n’avoir jamais demandé de comptes à leurs éditeurs. Ils avaient peur d’être rejetés s’ils transgressaient les règles non écrites du paternalisme ambiant. Peur aussi d’être blacklistés, disaient-ils. Si l’on reste toute sa vie un môme craignant la fessée, on ne risque pas de se professionnaliser ! »
« Un jour, deux éditeurs se sont vantés devant moi de n’avoir jamais versé un centime de droits à quiconque. Ces gens-là vivent plutôt bien (résidence secondaire et tutti quanti) en exploitant des individus économiquement faibles, les auteurs précaires. Je précise qu’il s’agit d’éditeurs ayant pignon sur rue et bonne réputation ; l’un œuvre dans la poésie, l’autre dans l’essai académique (je ne les cite pas, car eux n’ont jamais été condamnés). » ► http://bazarkazar.com/2016/05/11/ecrivain-artiste-ou-professionnel/
« Quand on lit ça, on se sent tout de suite vaguement coupable, infériorisé, pauvre type. On est perçu comme un débiteur même quand on a vendu des exemplaires. Débiteur-né en quelque sorte – comme si on avait fait une mauvaise manière à l’éditeur en travaillant pour lui ! » ► http://bazarkazar.com/2016/05/11/ecrivain-artiste-ou-professionnel/
« Si l’on sait que les raisons d’un refus sont très souvent triviales et contingentes, qu’elles tiennent à des questions de hasard, d’humeur, d’incompétence, de surmenage, de copinage, de coucherie, de rivalité, de chapelles, d’erreur d’aiguillage, de classement erroné, de changement de personnel ou de ligne éditoriale, de calculs intéressés, de mauvaise digestion, de grosse fatigue, de pure maladresse ; si l’on se rappelle de plus que l’éditeur est – comme vous – une personne libre de ses choix, et que votre livre est en compétition avec beaucoup d’autres, l’amertume s’efface. (Au fait, il en va de même pour les raisons d’une acceptation, elle sont souvent contingentes, ce qui est plus gênant à admettre, n’est-ce pas ? 😉 ) » ► http://bazarkazar.com/2016/02/08/refus-d-editer/
(NB : Un propos confirmé par Bernard Weber lui-même sur son blog : « Il y a quand même une part de chance en renvoyant au même éditeur vous pouvez finir par tomber sur quelqu’un qui vous comprenne et vous défende dans les comités de lecture (personnellement j’ai renvoyé mon manuscrit pendant 6 ans à tous les éditeurs et j’ai reçu trois lettres de refus de mon éditeur actuel) »)
Mais aussi : « les écrivains font vivre un petit secteur économique, mais la plupart ne vivent pas de leur plume/clavier, excepté une ou deux centaines d’entre eux, estime-t-on faute d’enquête fiable » ► http://bazarkazar.com/2015/12/14/connaitre-environnement-editorial/
« Même histoire aux US, où 56% des auteurs se situent en dessous du seuil de pauvreté et gagnent moins de 11.670 $ (10.312 €) par an, comme en atteste cette étude 2015 de The Authors Guild (sorry, in English). » ► http://bazarkazar.com/2015/12/14/connaitre-environnement-editorial/
« Quant aux pourcentages que je perçois sur les versions numériques de mes bouquins, ils varient de façon sidérante, s’alignant parfois sur le papier alors que le prix de revient est très inférieur… Tout cela, disons-le carrément, n’a d’autre but que de préserver les acquis d’une corporation. »
Extraits du site slate.fr
► Source des citations suivantes : http://www.slate.fr/story/163568/auteurs-auteures-touchent-livres-clopinettes-manifestation-regime-securite-sociale-statut
« Enfin, ça, c’est dans le meilleur des cas avec 10% de droits d’auteur. En vrai, sept sur dix touchent moins de 10%. J’ai même connu des contrats avec 1,5% de droits d’auteur. Ce ne sont pas des romans, souvent des collections avec une thématique par ouvrage. Mais ça ne devrait même pas être légal comme contrat. En édition jeunesse, on touche souvent 5 ou 6% de droits, à diviser en deux s’il y a un auteur et un dessinateur. »
« La plupart des auteurs et des autrices galèrent. On estime que 40% vivent avec moins que le smic. »
« Ce qui est important, c’est que le régime actuel n’est pas adapté à la réalité de celles et ceux qui écrivent. Prenons un exemple : ces cotisations n’ouvrent pas droit au chômage, aux accidents du travail ou aux congés payés. On peut juste avoir des congés parentaux ou des arrêts maladie. Et bien même ça, quasiment personne ne les utilise. Dans une enquête sur les auteurs et autrices de BD, 88% déclarent n’avoir jamais été en congé maladie. »
« Dans l’enquête des États généraux de la bande dessinée, j’ai trouvé la confirmation de ce que je pressentais, à savoir que les avances des auteurs sont bien supérieures à celles des autrices. Ces avances, ce sont des sous qui se négocient avec les maisons d’édition. Pour ceux qui me diraient que c’est normal parce que les hommes vendent plus, d’abord c’est faux. Mais surtout, il s’agit ici de l’avance médiane (et non moyenne), donc les plus gros chiffres en sont exclus. »
Chiffres d’iggybook.com
► Lien direct : https://www.iggybook.com/entry/combien-gagnent-les-auteurs
► Sources utilisées par Iggybook pour cet article
- Scam & SGDL, 6ème baromètre des relations Auteurs/Editeurs
- & le site spécialié Industriesculturelles.com
Infos glanées et éléments du rapport :
- 9% des auteurs sont rémunérés à un taux inférieur à 5% du prix HT du livre
- 50% des auteurs entre 5 et 10%
- 23% touchent 10% de ce prix
- et seulement 7% touchent plus.
- Dans un contrat classique, la règle est généralement de payer un auteur 8% de droits jusqu’à 10 000 exemplaires vendus, 10% entre 10 000 et 20 000 exemplaires et 12% au-dessus, 10/12/14% si vous avez un peu plus de chance. Ce qui signifie entre 1 et 1,5€ pour chaque livre vendu en grand format.
- Sur le format poche les droits d’auteurs descendent autour de 5%, sur un prix de vente plus faible, donc l’auteur touchera plutôt 30 à 40 centimes par livre.
- Les auteurs jeunesse ou BD sont aussi sur des taux similaires, car il faut payer à la fois le scénariste et l’illustrateur (et éventuellement un coloriste). En BD, le taux se répartit généralement à 50/50 entre le scénariste et le dessinateur, et 45/45 + 10% pour le coloriste quand il y en a un.
- En janvier 2017, au dernier salon d’Angoulême, l’association des Etats généraux de la BD a d’ailleurs divulgué les résultats de son enquête annuelle, montrant que 53% des répondants ont un revenu inférieur au Smic annuel brut, dont 36% qui sont en dessous du seuil de pauvreté (et c’est pire pour les femmes !)
- Vente moyenne d’un roman en France est (tous éditeurs confondus) autour de 350 livres, chiffre un peu supérieur cependant chez les grands éditeurs.
- A partir de 1 000 exemplaires, vous pouvez être heureux
- à 5 000 c’est le succès, vous pouvez envisager une édition en poche. Vous avez alors gagné 5 000€.
- Très peu de livres dépassent les 50 000 exemplaires vendus, ce sont les chiffres de livres ayant gagné des prix littéraires.
- le Goncourt fait vendre en moyenne 395 000 exemplaires des romans qu’il prime !
- Seulement 30% des auteurs exercent leur activité à temps plein et 70% ont un autre métier.
- Les droits d’auteur sur leurs écrits représentent pour 65% des auteurs interrogés moins de 25% de leurs revenus. « il semble quasiment impossible de vivre de sa plume
- Etre connu ne garantit cependant rien, 2 exemples dans le domaine politique : Jean-Pierre Raffarin n’a vendu que 355 exemplaires de son livre paru en 2007 et Martine Aubry 879 exemplaires de son livre en 2006.
- 22% des auteurs ne touchent jamais d’à-valoir.
Après avoir vendu ses livres, l’enjeu est de se faire payer, et ce n’est pas toujours si simple…
- En 2014, la moitié des auteurs n’ont pas reçu des redditions de comptes de tous leurs éditeurs
- et près de 72% n’ont pas été payés par tous.
- Seulement 13% des auteurs reçoivent des redditions claires de tous leurs éditeurs
- Un auteur sur cinq doit écrire (parfois plusieurs fois) à son éditeur pour obtenir ses redditions. Sachant que celles-ci ont généralement lieu une fois par an, quand vous finissez par être payés, c’est souvent un an après la sortie de votre livre… et ça ne coule pas de source pour tout le monde.
- Pour le numérique, la situation n’est pas meilleure, près de 60% des auteurs touchent moins de 10% du prix public de vente et 27% touchent moins de 5%. Ce qui est très différent de la situation dans les pays anglo-saxons (cf l’étude sur le Royaume-Uni ci-dessous), la plupart des éditeurs français ne s’étant pas encore adaptés à la nouvelle donne de l’ebook. C’est différent chez les éditeurs purement numériques (Publie.net, StoryLab…) où vous toucherez généralement des droits d’auteur entre 25 et 30%.
- Les éditeurs ne proposent pas tous une clause d’exploitation numérique. Seuls 66% des contrats la proposaient en 2014, ce qui prouve le manque de compréhension du marché et de vision de nombre d’entre eux. Ils n’avancent pas très vite non plus dans la numérisation du fond : 36% des auteurs se sont vu proposer par leurs éditeurs un avenant numérique sur leurs précédents livres (75% l’ont signé).
- EN GB : On constate une forte concentration sur quelques têtes d’affiche : le top 5% des auteurs touche 42,3% des revenus totaux, les 50% « inférieurs » (revenus de moins de £10 432) seulement 7%. A noter que 17% des auteurs n’ont eu aucun droit d’auteur en 2013 et que 88,5% des auteurs ont d’autres sources de revenu.
En somme, des relations peu réjouissantes. Un #payetonauteur a même été créé par la Ligue des Auteurs professionnels !
A lire aussi absolument ici :
► Le baromètre 2022 par Nathalie Bagadey
► https://www.scam.fr/uploads/2023/03/9e_Barometre_2023.pdf
Echos : les auteurs et les libraires
Quelques témoignages d’auteurs glanés sur les forums de réseaux sociaux. Tristement révélateurs, hélas, de l’intense sentiment d’être lésé éprouvé par les auteurs dans le monde du livre (notamment face aux libraires) et des profondes inégalités qui demeurent entre les acteurs du milieu.
Entre résignation, désappointement, rancune et amertume, les retours sont plutôt unanimes…
En somme, des relations avec les libraires tout aussi mauvaises, dans l’ensemble, qu’avec les éditeurs… (Pour info, si un livre se vend 20 coquillettes, en moyenne, pour rappel, l’auteur en touche 2 et le libraire 8… le reste étant réparti entre l’éditeur, l’imprimeur, le diffuseur et, accessoirement, l’état).
« J’ajoute ma voix à la vôtre : après avoir beaucoup planché sur la question avec d’autres auteurs (dont Jupi), j’en suis arrivée à la conclusion que le modèle économique qui permet aux auteurs indés de s’épanouir pleinement est fondamentalement incompatible avec celui des libraires. »
« Arf, j’avoue que les librairies c’est… compliqué, énergivore et chronophage. Sachant qu’au bout du compte, ça rapporte des clopinettes, j’ai arrêté depuis longtemps de me poser la question de démarcher. »
« A mon avis, mieux vaut dépenser son temps à écrire plutôt que de vouloir coûte que coûte toucher quelques libraires. D’abord, la plupart s’en fichent. Toi ou un autre…. »
« Honnêtement, je fuis les librairies désormais, j’ai été jetée de partout ou alors, ils « daignent » en prendre un de temps en temps, et les amener me coûte plus d’argent que les clopinettes des ventes en librairie. Si des lecteurs veulent du hors Amazon, c’est en salon ou sur demande. (…) La plupart des libraires, même des librairies indépendantes, hors circuit Hachette etc, ils s’en foutent des auteurs (il y a des bons libraires, mais extrêmement rares de nos jours), encore plus si tu écris de la romance Enfin bref, moi qui adorais les librairies et y flâner, je n’y mets plus les pieds. »
« Je te comprends tellement. Tous les libraires ne sont pas ainsi, heureusement, mais j’ai déjà eu en face de moi des personnes méprisantes qui me faisaient sentir que je dérangeais. Et puis, le ton change lorsqu’ils voient que les ventes se font… »
« Oui bah ras-le-bol de mordre sur sa chique ! C’est comme avec une personne qu’on connaît toutes les deux, jamais jamais jamais de pub n’a été faite ni les livres proposés aux clients du magasin. J’ai été blessée et déçue. Ils sont dans une étagère, derrière d’autres livres de grande distribution. À quoi ça sert, hein ? »
« Ca me fait penser aussi au principe du « donnant-donnant ». Aussi bien sur Facebook que sur Insta, je suis toutes les librairies où mes livres sont en dépôt, je like, je commente, je partage… Crois-tu que l’on me rendrait la politesse? J’en ai plein le dos ! »
« C’est moi ou ils se tirent une balle dans le pied ? Parce que… que vais-je faire pour finir ? Bah comme tout le monde : Amazon, Kobo et tutti quanti. Je ne comprends pas, vraiment… »
« Sans vouloir te vexer, pour moi, ils s’en foutent j’étais anti Amazon avant, t’inquiète que je le suis plus du tout à force de dédain… »
« Et puis merde quoi ! Du dépôt ! Qu’ils achètent des stocks aussi ! Ils prennent entre 30 et 45%… C’est la moindre des choses. »
L’Edition classique
Un écrasant rapport de force
- La plupart du temps, la négociation du contrat d’édition en France est totalement donc inexistante.
- Ce n’est en général le cas que quand, chose encore rarissime en France, l’auteur se décide à faire appel à un agent littéraire. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles les écarts de rémunération sont parfois si grands entre auteurs anglo-saxons et auteurs français (les Anglo-saxons ont presque toujours recours à un agent capable de défendre leurs intérêts…).
- Hormis les auteurs à forte notoriété, capables d’exiger plus, les auteurs vont généralement voir leurs revenus versés sous forme de droits d’auteur, selon la règle dite du « 8/10/12 ». Elle signifie que l’auteur touchera 8 % sur les ventes hors taxe de son livre, jusqu’à 10 000 exemplaires, 10 % entre 10 000 et 20 000 exemplaires, et 12 % au-delà. Quand on sait que la moyenne d’exemplaires vendus oscille entre 500 et 800 livres, inutile de dire que rares, très rares sont ceux qui toucheront un jour 10 ou 12% des ventes…
L’édition classique : chiffres clés des rémunérations des auteurs en 2016-2018
► Ces données sont issues du très officiel rapport sur le secteur du livre publié chaque année par le Ministère de la Culture.
Pour 2016, sur la base de 88 000 auteurs recensés, 468 millions d’euros de droits d’auteur ont été versés, soit :
- une moyenne de 5318 euros sur l’année
- c’est-à-dire une moyenne de 443,17 euros par mois par auteur. Des cacahuètes (en tout cas pas de quoi vivre…), d’autant que ces chiffres recouvrent d’énormes disparités.
- En effet, 86% de ces auteurs recevraient moins de 666,7 euros par mois (8000 par an).
- 14%, donc, toucheraient plus de 666,7 euros par mois (pas de quoi s’envoler non plus).
- Et seulement 3% seraient les heureux élus touchant au moins 3 fois le smic, donc capables de se dégager un revenu correct de leur écriture.
- La moyenne des ventes observées se situerait entre 500 et 800 exemplaires par titre (une fois encore : peanuts !!!)
- Le fait est que la plupart des auteurs doivent se contenter d’un à-valoir de moins de 1000 euros (300, 500 euros…)
- Pour toutes ces raisons, les 2/3 des auteurs ont une autre activité qu’ils exercent à titre principal.
- Par ailleurs, ils sont de plus en plus nombreux à s’auto-éditer. Aujourd’hui, 1 titre publié sur 5 se passe d’éditeur…
Autres chiffres :
- la SCAM indique que les droits d’auteur, situés en moyenne à 8,2%, peuvent aller de 5% à 20% (uniquement pour les plus grands auteurs, on s’en doute). Certains auteurs ne touchent donc que 5 à 6% du prix de vente du livre…
- Dans le cadre d’ouvrages illustrés, les 8% peuvent être divisés entre l’auteur et l’illustrateur, soit 4% chacun.
- Un auteur vend en moyenne entre 5 et 15 livres par séance (journée) de dédicace (► source : Bookelis− Fait confirmé par publiesonlivre.fr)
Chiffres donnés par Samantha Bailly (Ligue des Auteurs Professionnels)
- Un quart des auteurs ne perçoivent aucun à-valoir
- Les droits d’auteur moyens sont de 7,2% pour l’ensemble du secteur, 5,2% en jeunesse, et 3% lorsqu’il y a un co-auteur
- 41% des auteurs professionnels affiliés touchent moins que le smic
- 60% des auteurs doivent réclamer leurs relevés de droits
- 50% des auteurs n’ont jamais reçu de droits lorsque leur œuvres étaient exploitées à l’étranger
- 24% des auteurs ont eu connaissance de traductions de leurs livres à l’étranger sans en avoir été informés au préalable par leur éditeur
Infos issues de slate.fr sur les auteurs de BD
► http://www.slate.fr/story/88267/auteurs-de-bd-pauperisation
- une paupérisation croissante frappe les auteurs, que ce soit au travers des baisses d’avances ou de pourcentages,
- l’écrasante majorité des auteurs de BD peinent à gagner le smic.
- en littérature les romanciers ne sont qu’une centaine en France à vivre de leur plume.
Même source, avec le témoignage de Philippe Bonifay, « Aujourd’hui, j’arrête. Ce monde de l’édition BD ne me convient plus. Je n’y ai jamais vraiment eu ma place, c’est vrai, mais là, c’est trop. La lâcheté méprisable de certains auteurs qui acceptent des conditions de travail inacceptables, l’indécence des éditeurs qui abusent sans vergogne des auteurs pris à la gorge, les libraires qui n’ouvrent plus les cartons et tous ces eunuques cachés derrière leurs écrans qui vomissent leurs impressions inutiles sur des albums si difficiles à faire…»
L’Autoédition et ses revenus
Selon CoolLibri Impression de livres, un ebook vendu 4 € TTC, via une plateforme d’autoédition, rapporte autant à son auteur (2,80 euros ou plus) qu’un livre vendu 20 € TTC par les circuits traditionnels (souvent moins de 2 euros pour l’auteur, si l’on retient le chiffre de 8% à 10% sur les ventes majoritairement concédé aux auteurs par les maisons d’édition). Il semble donc qu’en boycottant l’édition traditionnelle, les écrivains trouvent le moyen de vivre bien mieux de leur plume.
Mais est-ce réellement le cas ?
Voyons ce qu’en conclut la vaste campagne statistique menée en 2023 par Jupiter Phaéton et AD Martel (épaulées par BoD, Kobo et Bookelis), basée sur les revenus 2022 (enquête basée sur du déclaratif). Cette enquête a récolté les résultats de 281 répondants.
NB : cette enquête, basée sur du déclaratif, reconnaît avoir un biais important, la typologie des auteurs qui suivent Jupiter Phaéton et AD Martel, nombre de ces auteurs ayant répondu au questionnaire. En outre, dans le cadre de la mailing list de Jupiter Phaeton, nous retrouvons une forte tendance à avoir des auteurs qui publient dans le genre de la fantasy ou de l’urban fantasy, du fait qu’elle-même publie dans ce genre, et qu’elle a attiré à elle des auteurs de ce genre littéraire.
- Seulement 17,4% des auteurs ont déclaré vivre de leurs revenus d’autoédition. Evidemment, cela n’indique en aucun cas qu’ils en vivent confortablement. Notons pourtant que, du fait du biais de ce questionnaire et de ses principaux destinataires, nombre des répondants sont déjà au moins en partie professionnalisés dans ce domaine…
- Très peu d’indépendants sont présents en librairie. 23% sont disponibles à la commande en librairie, c’est-à-dire disponibles sur catalogue, si le client se donne la peine de passer commande auprès d’un vendeur puis de revenir chercher son ouvrage une semaine plus tard. Evidemment, cela n’a RIEN avoir avec le fait d’avoir son ouvrage disponible en rayon, et encore moins sur table ou sur présentoir…
- Sur 269 personne ayant répondu à cette question, en 2022, le chiffre d’affaires moyen était de 9072€ (ce qui est, bien sûr, loin de correspondre à leurs revenus réels après charges, imposition, frais publicitaires etc). Cela correspond à un CA de 756€ par mois (encore une fois, avant déduction de TOUTES les charges et de tous les frais liés à cette activité).
- 78% touchent moins de 10 000 € de CA par an (soit moins de 833 € par mois)
Quelques cas particuliers, révélateurs du monde du livre (voir mes autres « échos » dans la section suivante) :
- « Une personne a publié un livre en 2022 et n’a généré aucun chiffre d’affaires. Mais pour les 7 autres personnes qui déclarent n’avoir généré aucun chiffre d’affaires en 2022, il est à noter qu’elles n’ont publié aucun livre en 2022. » Conclusion : les livres ont une durée de vie courte et, bien souvent, après quelques mois ou quelques années, ils ne génèrent plus aucun revenu.
- « Parmi les 99 personnes qui n’ont publié qu’un livre en 2022, 44 ont un chiffre d’affaires entre 1 et 500 euros, et 25 entre 500 et 2000 euros ». Cela donne une idée du (très) faible revenu que génère la sortie d’un livre. Pour presque la moitié des répondants, la publication d’un livre n’a pas même généré 500 euros.
Concernant les bénéfices 2022, voici ce que précise l’étude ;
« Il est à noter que la réponse à cette question est du déclaratif, que même si nous avons tenté d’apporter le plus de précisions possibles sur la manière de calculer le bénéfice, c’est-à-dire en soustrayant toutes les dépenses au chiffre d’affaires (comme les corrections, frais de couverture…), mais avant d’avoir payé les cotisations sociales ou l’impôt sur le revenu, nous ne sommes pas certaines que tous les auteurs aient suivi ce modèle pour indiquer leur bénéfice. »
Avec ce peu de certitude quant à l’exactitude des chiffres avancés (sûrement surestimés, au vu des précisions susmentionnées, probablement pas toutes prises en compte par les déclarants) :
- La moyenne des bénéfices annuels déclarés par les répondants est de 5371€ soit 447,58€ par mois. Il faudrait quatre fois ce montant pour rattraper le SMIC brut français, établi à 1 747,20€ au moment de cette étude (https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F2300). Il est à noter que le SMIC belge est de 1 955€ brut, soit plus élevé que le SMIC brut français.
- Plus d’un quart (25,75%) des répondants indiquent avoir fini l’année en négatif, c’est-à-dire qu’ils ont dépensé plus qu’ils n’ont gagné.
- 6,72% indiquent n’avoir généré aucun bénéfice.
- 64,55% des répondants indiquent avoir gagné moins de 1500 € sur l’année.
- 26,49% des répondants ont généré entre 1501 et 20 000 € de bénéfices au cours de l’année.
- Seulement 8,96 % des répondants indiquent avoir généré des bénéfices supérieurs à 20 000 €, soit presque égal ou supérieur au SMIC dans la majorité des pays. Il est à noter que ça ne signifie pas qu’ils vivent pour autant de leur plume, ou qu’ils sont à temps plein sur cette activité.
Là, l’étude a comparé ces chiffres avec ceux de l’étude de la Fédération des auteurs en Wallonie-Bruxelles, l’une des plus récentes en la matière, et basée sur les revenus 2019 des auteurs en maison d’édition (386 répondants). Notons que cela incluait tous les revenus d’auteur, rémunérations annexes, créations, événements, aides publiques etc !
- 66% des auteurs indiquent avoir gagné moins de 500 € par mois (après impôts, ce qui présente une différence avec ce que nous avions demandé aux auteurs indépendants de notre côté), soit moins de 6000 € à l’année.
- 78% touchent moins de 1000 € par mois
- 88% touchent moins de 2000 € par mois (encore une fois, aides publiques incluses !)
- Il n’y a que 7% de l’échantillon qui perçoivent plus de 2000 € par mois. Il est à noter que souvent, les revenus des auteurs en maison d’édition sont issus de leur à-valoir. Selon l’AGESSA, presque 50% des revenus perçus par les auteurs sont issus de l’à-valoir, quand il y a à-valoir, car selon une étude de la SGDL, 21% des auteurs ne perçoivent pas d’à-valoir. Selon la SCAM, il s’agirait même de 30% des auteurs.
Mais revenons à l’autoédition et à l’étude de Jupiter Phaéton :
- 31,7% des auteurs ont vu leurs revenus diminuer en 2022 par rapport à 2021 (notons que 17,8% ne pouvaient pas répondre à la question, puisqu’ils ne publiaient pas encore en 2021)
- 11% n’ont vu aucune augmentation de leurs revenus en 2022 par rapport à 2021 (malgré la publication d’un livre)
- 70,8% des auteurs qui ont vu leur chiffre d’affaires diminuer en 2022 par rapport à 2021 avaient tout de même publié un livre en 2022
J’y vois, encore une fois, un signe évident de la saturation du marché.
- En termes de dépenses, l’étude révèle un montant moyen de dépenses par livre de 1463€ pour 2022. (Mettons cela en rapport avec les profits générés, et le résultat est… déconcertant).
Vers une saturation du marché
Il y a plus de 78 000 titres déposés par an à la BNF (donc 15 000 titres autoédités), auxquels il faut ajouter le fond existant. Et ça ne prend pas en compte les autoédités qui ne savent pas qu’ils doivent se déclarer à la BNF. Pour info, 78 000 par an, ça fait plus de 200 par jour déclarés ! (encore une fois, sans compter le fonds existant !!!)
Dans l’étude de 2023 Jupiter Phaéton sur les auteurs indépendants, 72,21% des répondants déclarent avoir commencé à s’autoéditer depuis 2019 seulement. Seuls 27,79% des répondants s’autopublient donc depuis plus longtemps. On peut donc dire que presque les ¾ des auteurs en autoédition s’éditent depuis moins de 4 ans…
Une véritable explosion (sans doute, entre autres, liée à la crise du Covid, mais également à la popularisation du procédé, de plus en plus connu via les réseaux sociaux). « L’autoédition a commencé à se professionnaliser, et même si les mœurs changent lentement, ce n’est plus aussi mal vu de s’autopublier. Sans compter que les success stories sur les réseaux encouragent les auteurs à tenter leur chance. » indique le rapport.
Néanmoins, la crise du Covid est sans doute déterminante, car les maisons d’édition ont elles aussi eu une explosion en termes de réception de manuscrits à partir de 2021 (Gallimard déclare recevoir 50 manuscrits par jour). En moyenne, les maisons d’édition ont enregistré une hausse de 40% de réception des manuscrits lors de l’après-Covid.
En résumé : que l’on parle des publications via les maisons d’édition ou via l’autoédition, le marché sature (hélas).
Et, dans le monde anglo-saxon, c’est évidemment bien pire : aux USA, un nouveau titre paraissait environ toutes les 3 minutes sur la boutique Kindle… en 2016 !!! Inutile de dire qu’après le Covid et l’engouement généralisé pour l’autoédition, c’est aujourd’hui sans doute bien pire !
Une certitude, donc : il y a surproduction. Tant mieux pour la diversité éditoriale. Dommage pour les auteurs. Qui doivent se battre comme des lions pour leurs projets. Passant des dizaines d’heures dans les salons pour ne parfois vendre que quelques exemplaires.
Témoignage : « À mes débuts je vendais en moyenne de 2.000 à 3.000 exemplaires, avec un pic de 6.000. Aujourd’hui, en tant qu’auteur installé (ce qui ne veut pas dire « célèbre », mais juste mid-lister, « du milieu de la liste »), je vends de 400 à 700 exemplaires. Que s’est-il passé ? C’est mathématique : je dois désormais partager un lectorat qui se réduit avec davantage de concurrents. ► Source (à lire) : http://bazarkazar.com/2015/12/07/monde-appele-edition/
« La surproduction fait qu’un livre reste en moyenne six semaines en librairie avant de partir au pilon.» ►Source (à lire) : http://www.slate.fr/story/183771/france-ecriture-livres-ecrivains-autoedition-editeurs-marche-saturation
A lire aussi, dans le même genre : ► Telerama : le lecteur, une espèce menacée
Dans le monde de la BD, même constat : les faibles rémunérations sont accentuées par une surproduction d’ouvrages. Les nouveautés balaient les bandes dessinées à peine mises sur le marché, entraînant inévitablement une baisse des ventes par album. ► Source : https://www.liberation.fr/BD
Miser sur la couverture médiatique ? Une fausse solution
Je cite une fois de plus http://bazarkazar.com/2016/01/11/medias-traditionnels-vendre-livres/:
« Pour vous donner une idée très concrète de la dé-corrélation entre couverture médiatique et ventes, j’ai mis en regard les chiffres de vente de mon dernier bouquin – un document d’intérêt général – avec les « événements » médiatiques qui les précédaient d’une à deux semaines (chiffres tirés d’Edistat qui, je le rappelle, ne comptabilise pas les ventes en ligne et hors Hexagone) :
- Entrefilet dans L’Obs, 60 exemplaires (mais comme c’était aussi le lancement du bouquin, on ne peut pas être certain de la corrélation)
- Émission Service Public sur France Inter, 0 exemplaire
- Émission 7 Milliards de voisins sur RFI, 11 exemplaires
- Deux pages dans un magazine alsacien, 11 exemplaires
- Entrefilet dans Les Échos, 0 exemplaire
- Émission sur une radio locale, 0 exemplaire
- Émission Le Bien public sur France Culture, 6 exemplaires
- Émission TV sur Canal 31 Île-de-France, 0 exemplaire ; rediffusion de la même émission, 0 exemplaire
- Deux pages dans le magazine spécialisé Culture Droit, 0 exemplaire
- Long article sur un site web spécialisé, 11 exemplaires »
Impasse, donc.
Piratage, plagiat, pilon et abus KDP
Echo sur les réseaux : « Je me publie depuis 2016… Et au début, je crois… Mais c’est mon avis… Les offres en numériques étaient moins nombreuses… Aujourd’hui… En tant que lectrice, je zappe la plupart des sorties… Trop de livres, tue le livre, si on peut dire… J’ai lu en diagonale le commentaire de —– et je suis d’accord sur le fait que si un auteur sort trop de livres…. Il est difficile en tant que lecteurs de suivre… Mais j’ajouterai ceci… C’est un ex mais le mien… Quand le dernier tome de ma saga est sorti en déc 2018…. À seulement une dizaine de ventes, j’étais déjà à 2000 téléchargements illégaux sur une seule plate-forme dont j’avais pu retrouver la trace de mon roman. Je suis maso, j’en ai conscience de regarder de temps en temps si mon livre est en téléchargement illégal… Je pense mais c’est mon point de vue, que l’offre étant trop volumineuse, les lecteurs ne suivent pas, pecunierement…. Donc, ils font des choix… Et certains téléchargent gracieusement…. Au détriment de l’auteur et du travail accompli…. Enfin… Et c’est mon avis, bcp trop de romances contemporaines à l’heure actuelle, se ressemblent et gavent un marché plus que saturé… Ce n’est pas pour autant que dans ce vivier, des romans plus audacieux ou plus originaux sortent du lot… C’est la jungle en vérité.. Et tiré ses cartes du jeu devient de plus en plus compliqué…. Courage à tous…. »
Ce témoignage a pour mérite d’aborder un autre fléau du monde du livre actuel : le piratage… Un gros, gros problème, en particulier pour le monde des livres numériques et de l’autoédition (à titre d’exemple, je reçois des alertes Googles m’informant que mes romans sont piratés moins de 24h après leur mise en ligne sur Amazon). Et il s’agit là d’un fléau, largement relayé sur des groupes Facebooks, face auquel il est presque impossible de lutter (à moins de partir en croisade H24 et d’être prêt à se nourrir en non-stop d’une énergie de colère, de frustration et de rancœur).
Autre problème du même genre : le système d’Amazon consistant à pouvoir rendre les ebooks après les avoir lus (le lecteur a plusieurs jours pour le faire, ce qui lui laisse amplement le temps de lire l’ouvrage puis de le « rendre » après achat et de se faire rembourser », au point qu’une pétition d’auteurs a demandé un changement de système de la part d’Amazon). Je précise que j’ai moi-même été confrontée de très nombreuses fois à ce fléau (plusieurs fois chaque mois, en fait). En cause ici : la malhonnêteté de bien des lecteurs, qui se croient à la bibliothèque (notons bien que nous ne parlons pas des emprunts via l’abonnement Kindle, très officiel et rémunérateur pour les auteurs, mais des ventes « pures » suivies d’un retour/remboursement après lecture !). En somme, c’est comme si vous alliez à la librairie, que vous lisiez le livre sans l’abîmer, et que vous le retourniez au libraire une semaine plus tard en prétendant ne pas l’avoir lu et vouloir un remboursement.
Concernant le pilon, jusqu’à 80% des romans de la rentrée littéraire y finissent. En moyenne, c’est 1 roman imprimé sur 4 qui finit pilonné (en édition traditionnelle), c’est-à-dire qu’en France, un livre imprimé sur quatre est détruit sans avoir été lu. Cela représente 142 millions d’ouvrages chaque année. Cette proportion est même beaucoup plus importante pour le livre « noir » (= sans images) puisqu’elle peut représenter jusqu’à 50% voire 80% pour certains romans de la rentrée littéraire.
Enfin, concernant le plagiat, je cite une fois de plus bazarkazar.com :
« Les plagiaires (…) sont en grande majorité des personnes plus établies que leurs victimes, des barons ayant statut et pignon sur rue : journalistes trop occupés à passer de plateau télé en émission radio pour écrire, universitaires trop occupés à passer de colloque en direction de thèse pour écrire, éditeurs refusant le manuscrit d’un débutant mais le refilant à un auteur-vedette de son écurie… En fin de compte, le plagiat est souvent un abus de position dominante qu’on peut caractériser, d’après M. Schneider, d’acte de prédation. (…) Armelle Brusq, réalisatrice du documentaire Les nègres, l’écriture en douce (2011), que « près d’un tiers des livres publiés en France ont une paternité peu claire »
► Source : http://bazarkazar.com/2016/06/20/reecrire/
Conclusion
Voilà pour ce petit survol… Vous m’excuserez, je me contente souvent de listes à puces, de citations, de références… mais, pour un tel sujet, cela me paraît amplement suffisant. Et puis, pour être parfaitement honnête, après avoir passé des heures carrées à compiler ces chiffres et ces résultats, j’avoue avoir un peu la flemme de pousser les analyses et les recherches qui, à mon sens, ne seraient d’ailleurs qu’une pure répétition de ce qui se fait très bien par ailleurs, voire une pure répétition des chiffres et des témoignages eux-mêmes, qui me semblent, dans l’immense majorité des cas, pouvoir se passer parfaitement de commentaire…
Je vous laisse donc le soin, pour l’heure, de compléter cette entrée en matière grâce aux (très complètes) sources suivantes, si le cœur vous en dit.
► Etude Agessa : Etude AGESSA 2015 et Etude Agessa 2016
► Etude SGDL : Etude SGDL 2023
► Etude fédération de Wallonie-Bruxelles : Etude Fédération Wallonie-Bruxelles
► Etude SCAM : 9e Baromètre SCAM 2023
► http://bazarkazar.com/2016/05/11/ecrivain-artiste-ou-professionnel/
► http://bazarkazar.com/2016/03/07/coucher-pour-etre-publiee/
► http://bazarkazar.com/2016/02/22/representants-librairie/
► https://www.scam.fr/uploads/2023/03/9e_Barometre_2023.pdf
► https://auteurs.jupiterphaeton.com/statistiques-auteurs-independants-2023/
► http://bazarkazar.com/2016/03/07/coucher-pour-etre-publiee/