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Burdigala, capitale mĂ©connue d’un empire Ă©phĂ©mère
Le saviez-vous ?
Un épisode peu connu (car fort court) de l’Empire romain concerne directement l’histoire (et la renommée) de Burdigala.
Au cours du IIIe siècle, l’Empire romain connaĂ®t une grave crise, une pĂ©riode qualifiĂ©e d’« anarchie militaire » selon la tradition. Invasions barbares de tous cĂ´tĂ©s, crise Ă©conomique et dĂ©valuation monĂ©taire, instabilitĂ© politique doublĂ©e de guerres civiles et succession de pas moins de soixante-quatre empereurs et usurpateurs (souvent nommĂ©s par les armĂ©es…) en cinquante ans (entre la mort de SĂ©vère Alexandre en 235 et l’avènement de DioclĂ©tien en 285) marquent cette Ă©poque. C’est la pĂ©riode dite des « Trente Tyrans ».
Parmi eux : trois personnalitĂ©s importantes de Gaule, qui en prennent successivement le contrĂ´le et Ă©tablissent, en l’espace de quatorze ans, et Ă la faveur des nombreuses secousses qui Ă©branlent la lointaine Rome, un « Empire des Gaules » sĂ©cessionniste et autonome : Postume (l’un des principaux gĂ©nĂ©raux de l’empereur Gallien, qui combattra efficacement les Germains et en protĂ©gera l’est de la Gaule), Victorin (un officier de Gallien qui, envoyĂ© en Gaule pour contre-attaquer, se ralliera finalement Ă Postume) et… Tetricus, gouverneur de Burdigala et d’Aquitaine et sĂ©nateur gallo-romain qui, consacrĂ© Ă Burdigala mĂŞme, règne enfin sur la Gaule jusqu’au retour de celle-ci au sein de l’Empire, en 274.
Ces trois « empereurs » successifs se considèrent comme d’authentiques empereurs romains, et se parent des titres de « césar », de « consul » ou « d’auguste », de « pontifex maximus » et de « pater patriæ » (en somme, toute la titulature impériale classique), au même titre que les empereurs « légitimes ». Il convient d’associer à leurs noms ceux de plusieurs autres généraux et hommes d’importance qui, eux aussi, auront des prétentions en tant qu’empereurs de certaines parties de la Gaule (Lélien, Marc-Aurèle Marius, Domitianus, peut-être aussi Postume le Jeune et Tetricus II, les fils des précédents).
En bref, c’est l’anarchie. L’Empire romain, très occupĂ© Ă mater des rĂ©bellions en Italie mĂŞme, Ă lutter contre les nouveaux « princes de Palmyre » et Ă refouler les barbares sur d’autres frontières, plus Ă l’est, n’a guère le temps de rĂ©agir avant les annĂ©es 270. Mais, une fois la situation militaire rĂ©tablie sur le Rhin et le Danube, la rĂ©unification de l’Empire romain s’opère sans difficultĂ© lorsqu’AurĂ©lien entame la reconquĂŞte des Gaules : Tetricus se soumet sans rĂ©sistance, après avoir, selon certains, nĂ©gociĂ© discrètement sa reddition.
L’Empire des Gaules n’a vĂ©cu que de 260 Ă 274. Quant Ă Tetricus, il est l’un des rares hommes ayant exercĂ© le pouvoir au IIIe siècle sans pĂ©rir de façon violente (Postume, Victorin, LĂ©lien et Marc-Aurèle Marius, pour ne parler que de la Gaule, meurent assassinĂ©s, bien souvent par leurs propres troupes, officiers et États-majors…).
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Texte : (c) Aurélie Depraz
Illustration article : image libre de droit Pixabay