Un jour, j’aimerais dédier l’un de mes romans à M. B…, qui fut mon professeur de français en 4e et en 3e, à Bangkok. Je crois que c’est avec lui que mon histoire d’amour avec notre magnifique langue française a débuté.
Je me souviens… de nos analyses de Colomba ; de nos commentaires sur La Vénus d’Ille. « Étrangement », j’ai envie de dire, (car, avec du recul, pour des lectures à 12-13 ans, aujourd’hui, cela me surprend !), j’avais adoré disserter sur ces ouvrages de Mérimée (surtout le premier). Avec M. …, j’ai développé un grand amour pour l’analyse littéraire, qui n’a cessé de se confirmer par la suite.
Ah ! Et puis… ces cours d’orthographe ! J’en ai de merveilleux souvenirs. Bon, je vais être honnête : ces cours-là, j’en ai gardé un souvenir impérissable… parce que j’étais placée à côté du garçon dont j’étais, – secrètement mais follement – amoureuse. Qu’il était plutôt du genre cancre… Qu’on trichait… Que je l’aidais… lui soufflais les réponses… Maigre moyen que j’avais de trouver grâce à ses yeux, vous me direz… mais quelle excitation ! Quelle fébrilité, d’être, une fois par semaine, placée d’office à côté de lui ! (soupir rêveur…)
Ce monsieur B… a vraiment, vraiment beaucoup contribué à l’affirmation de mon penchant pour les matières littéraires. Et pourtant, passez-moi l’expression, mais… avec lui, on en a englouti, du Bescherelle ! Rébarbatif, dites-vous ? Eh bien, pas du tout ! A vrai dire, j’aimais plutôt ça ! Du par cœur, des 20/20 faciles !
Bon, la question est : a-t-on le droit de dédier un livre à une personne en mentionnant son nom complet… si ladite personne n’est pas au courant ? Ou devrai-je me contenter de consacrer ce roman à « M. B. » ?…
Comme pour Monsieur C., mon prof d’Histoire… c’est une question d’éthique qui reste à creuser !
Texte : Aurélie Depraz
Image : Pixabay (libre de droit)